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Kombouaré, Côtes-d’Armour

Par Maxime Brigand
Kombouaré, Côtes-d’Armour

Guingamp n’avait jamais connu ça. Cinquième après dix journées, le groupe repris par Antoine Kombouaré l’été dernier après six ans sous la patte de Jocelyn Gourvennec fracasse la Ligue 1, sans révolution, mais au bout de l’intégration parfaite de Casque d’or. Sans surprise, dans le fond.

Antoine Kombouaré est comme ça. L’homme ne parle qu’en public, jamais en privé. Son contrat ne l’y oblige pas et il n’en a pas besoin. Depuis toujours, le coach qu’il est devenu ne jure que par les joueurs, la notion de combat et la discipline dans un milieu qui a évolué dans un sens qu’il n’estime pas toujours bon depuis son arrivée en France au début des années 80. Joueur, celui qui est devenu roi du Parc un soir de mars 1993 n’avait pas forcément « beaucoup de talent » , mais a « bossé pour y arriver et reste persuadé que même ceux qui ont du talent ou qui pensent avoir du talent, sans travail, n’arrivent à rien » . Voilà aussi comment Kombouaré a construit son respect sur un banc, des équipes de jeunes du PSG à la fin des nineties à Guingamp où il a débarqué cet été pour prendre la suite des bases posées par Gourvennec depuis six ans, mais aussi pour se poser dans un cadre plus humain après trois ans alternatifs à Lens. Malgré le contexte, il n’a jamais lâché, comme l’expliquait récemment Gervais Martel au Télégramme : « C’est l’un des plus grands entraîneurs que j’ai côtoyés.(…)Alors même qu’on ne pouvait plus recruter, alors même que nous devions vendre des joueurs, jamais il n’a cherché d’excuses. Il a fait de nos jeunes des hommes. » Alors, dès sa première prise de parole à Guingamp, Antoine Kombouaré a posé ses tripes et a avoué « ne pas se donner de limites » . Parfait, l’EAG a rarement eu une aussi belle gueule et dessine aujourd’hui le meilleur début de saison de son histoire – dix-sept points en dix journées – en bousculant les gros bras. Costaud.

L’art de la guerre

Le monde du foot aime parler de révolution. Antoine Kombouaré n’en a jamais eu envie et c’est peut-être ce qui explique aujourd’hui à quel point Guingamp s’est bonifié en l’espace de quelques mois après un dernier exercice angoissant. Il n’y a qu’à s’arrêter sur la manière avec laquelle son groupe a retourné l’OL chez lui la semaine dernière (3-1) après une première mi-temps timide. 1-0 à la pause, 1-3 finalement et une cinquième place de Ligue 1 qui replace saint Antoine à sa place. Soit celle où les nouveaux princes du PSG l’avaient jugé trop fade pour tenir la barre d’un effectif leader en décembre 2011 et qui s’est planté ensuite en fin de saison avec Ancelotti. Il faut excuser les rois gloutons : Kombouaré est un homme de terrain, il aime courir avec ses joueurs, participer aux séances et faire son métier dans le calme. Un mantra qu’il a réinstallé dès ses premiers jours à Guingamp : « Moi, j’arrive d’une petite île : chez moi, là-bas, l’île des Pins, c’est 2000 habitants. Je suis super heureux de retrouver un club à taille humaine. » C’est certainement là qu’il est le meilleur. Valenciennes s’en souvient aussi.

L’homme n’a pas tout bousculé, mais a plutôt fait son métier : des choix. Celui d’installer rapidement Jimmy Briand d’abord – « Vous partez à la guerre, c’est le premier soldat que vous emmenez. » – qui a rarement paru aussi affûté. Puis, dans le jeu, en conservant l’ADN du groupe, « contrer, jouer dans la profondeur avec la vitesse de nos attaquants » , et filant sa confiance à de jeunes promesses (Coco, Blas) avec quelques ajustements tactiques : des latéraux (Ikoko et Marçal) plus libérés offensivement, une prise de risque assumée et un milieu compact et créatif (Deaux, Didot, Diallo). À Lyon, Antoine Kombouaré avait bousculé ses schémas, gommant son 4-4-2 habituel pour un 4-3-3 porté par un excellent Étienne Didot, et l’histoire lui a donné raison après avoir bougé ses hommes à la pause. Comme pour définitivement porter sa patte psychologique à un groupe hier souvent incapable de tenir une rencontre entière, comme on l’a parfois vu cette saison, notamment à Rennes fin septembre (0-1). Un mois qu’il a lui-même qualifié de « catastrophique » – trois défaites lors des trois déplacements (Toulouse, Bastia, Rennes) –, mais au bout duquel il a réussi à rallumer rapidement la machine avec deux succès consécutifs en championnat et une qualification à Bastia cette semaine en Coupe de la Ligue (1-1, 4-3 aux tirs au but).

« Guingamp n’aime pas qu’on lui marche dessus »

La force du Guingamp actuel réside aussi dans le fait que Kombouaré a réussi à y coller ses convictions avec en premier lieu ce qu’il considère comme un idéal et qu’il expliquait dans un livre publié en novembre 2014 (Paroles d’un football kanak) : pour lui, un groupe idéal est composé à « un tiers de jeunes, entouré de deux tiers d’anciens » . Une vision qu’il avait précisée dans un rare entretien donné au Parisien où il expliquait ceci : « Chez moi, le respect de l’ancien est encore plus fort, car l’ancêtre est très important en Nouvelle-Calédonie. Quand je dois prendre la tendance du vestiaire ou faire passer des messages, je m’adresse à quatre ou cinq anciens, pas aux jeunes. Ils sont là pour apprendre. » Dans les Côtes-d’Armor, où sa proximité avec le public séduit, cela s’est traduit par un noyau d’expérience conservé (Kerbrat, Sorbon, Didot, Briand), histoire de bousculer la nouvelle génération et un footballeur français « fainéant par culture » . L’histoire veut que Guingamp a toujours usé de son charme de commune de 7000 habitants pour tabasser les codes : « Guingamp n’aime pas qu’on lui marche dessus, on n’a pas besoin de se la raconter, mais on a de l’ambition, j’aime cette mentalité. » Ce ne sont que les premiers coups.

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Par Maxime Brigand

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