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Kombouaré, c’est pas son année

Par Alexis Billebault, à Dijon
5 minutes
Kombouaré, c’est pas son année

Le DFCO, encore battu dimanche par Nice (0-1), va devoir faire des miracles pour rester en Ligue 1. Antoine Kombouaré, nommé en janvier dernier pour remplacer Olivier Dall’Oglio, deux mois après avoir été viré de Guingamp, ne parvient pas à sortir son équipe des bas-fonds de la Ligue 1. Y a des saisons comme ça...

Antoine Kombouaré n’élude jamais la question. Et la réponse est invariablement la même. « Oui, c’est la saison la plus compliquée depuis que j’entraîne. C’est difficile, mais j’apprends beaucoup dans cette situation. Cela m’oblige à trouver des solutions, à encore plus m’investir. » À Guingamp, cela s’était terminé par un limogeage, en novembre dernier, quelques jours après une défaite à Nantes (5-0), résumé d’un début de saison désastreux. Le coach kanak avait quitté la Bretagne avec une seule victoire (0-1 à Angers, le 29 septembre) en onze matchs de championnat et un sympathique petit chèque de 2 millions d’euros en guise d’indemnités de licenciement, avant de prendre quelques semaines de vacances.

On lui reproche d’être moins accessible que ses prédécesseurs

Nommé le 10 janvier dernier pour succéder à Olivier Dall’glio, Kombouaré a dirigé dimanche face aux Aiglons son douzième match sur le banc dijonnais. Et comme à Guingamp, il n’en a remporté qu’un seul, le 26 janvier dernier contre les fantômes monégasques (2-0), un succès auquel viennent s’ajouter deux matchs nuls contre Montpellier (1-1) et Reims (1-1). Le calcul est simple : sous Dall’Oglio, Dijon avait récolté seize points en dix-huit matchs. Avec Kombouaré, le compteur est bloqué à cinq unités. À huit journées de la fin, et un seul point pris en neuf matchs, le DFCO a une belle tête de futur relégué. Même si mathématiquement, la dix-septième place est encore accessible, le bon sens suggère plutôt de viser celle de barragiste, un avis (presque) unanimement partagé en interne. « On va se battre jusqu’au bout. Personne n’est résigné au club. Ni le staff, ni les joueurs, ni moi. Rien n’est fini, il reste encore vingt-quatre points à prendre » , répète Olivier Delcourt, le président dijonnais.

Face à des Niçois pourtant largement prenables, pourtant, les Bourguignons n’ont pas vraiment donné envie d’être optimistes pour la suite, malgré quelques rares séquences intéressantes. Peu d’occasions de but, un nouvel expulsé (Sammaritano), et l’impression, récurrente, que les joueurs manquent « de rage » , comme l’a souligné Kombouaré. Seulement, en quittant le stade dimanche soir, c’est pourtant lui, après avoir présenté ses « excuses au public pour ce résultat catastrophique » , qui a été ciblé par la colère des quelques dizaines de supporters. Certains lui ont conseillé de démissionner, dans des termes moins courtois, quand d’autres ont couru derrière son véhicule. Entre les deux parties, le climat s’est tendu au fil des semaines. D’abord à cause des résultats, mais aussi parce que les supporters reprochent à Kombouaré d’être moins accessible que ses prédécesseurs, qu’il s’agisse d’Olivier Dall’Oglio, Patrice Carteron ou Faruk Hadžibegić. « C’est ce que j’entends parfois, c’est vrai, admet Delcourt. Mais c’est sa façon de fonctionner, et aujourd’hui, le plus important est que tout le monde soit mobilisé pour se sortir de cette situation. »

« Les occasions, ce n’est pas Kombouaré qui les rate »

Les joueurs dijonnais, qui ont pu sortir de l’enceinte sans le moindre problème – Julio Tavarès et Romain Amalfitano ont même échangé tranquillement avec des supporters – répètent depuis des semaines avoir conscience de la situation. Et que l’heure est venue de joindre la parole aux actes. « J’ai de bons mecs, qui travaillent bien, dans un bon état d’esprit, mais ils sont trop gentils. Cela manque de caractère. Ils ne baissent pas les bras, mais à chaque match, depuis début février, ça bascule du mauvais côté, souvent à cause d’un manque d’attention » , explique leur entraîneur. « Je crois qu’on pourrait mettre n’importe qui sur le banc, cela ne changerait rien. C’est mou, cela manque de personnalité, les joueurs ne donnent pas l’impression d’avoir la hargne, à quelques exceptions près. Et puis, les occasions, quand il y en a, ce n’est pas le coach qui les rate » , regrette un supporter, statistiques à l’appui : à eux tous, les éléments offensifs ont inscrit onze des vingt et un buts de l’équipe, et Tavares, le plus prolifique d’entre eux (3 buts) n’a plus marqué depuis la deuxième journée… Pire encore : lors de ses neuf dernières sorties, le DFCO n’a marqué que deux fois, dont un penalty. « On a aussi l’impression que Kombouaré cherche encore la bonne formule. Il serait quand même temps, au bout de deux mois et demi » , râle cet habitué de Gaston-Gérard.

Delcourt continuera avec le staff en place

L’entraîneur dijonnais, qui a testé plusieurs systèmes, aurait pu demander des renforts dans toutes les lignes lors du mercato hivernal. Il a préféré se limiter à la seule arrivée de l’attaquant international guinéen Sory Kaba, acheté 4 millions d’euros à Elche (D2 espagnole), dont l’apport est à ce jour inexistant ou presque. « Il voulait un grand costaud devant, un profil genre Tavares, pour soulager le Cap-Verdien. Mais avec cet argent, Dijon aurait pu prendre un joueur par ligne. Ou essayer de se faire prêter un ou deux joueurs ! Kaba a sans doute du potentiel, il faut lui laisser du temps, mais 4 millions d’euros, pour un club comme Dijon, c’est beaucoup. Il découvre la L1, la France, et pour une opération maintien, c’est un choix étonnant. En Espagne, les dirigeants d’Elche sont encore en train de fêter ce transfert, ricane un agent. Mais le club a raté son mercato l’été dernier, et Kombouaré n’était pas là. »

Plusieurs fois sondé au sujet de l’avenir de l’entraîneur, Delcourt s’est montré catégorique : Kombouaré, qui a signé un contrat de six mois (avec un salaire de 100 000 € mensuels) renouvelable en cas de maintien, restera à son poste. « Il a toute ma confiance. Les solutions, on les trouvera ensemble. On a un effectif qui est quasiment le même que la saison dernière, où ça avait bien marché (Dijon avait terminé onzième, N.D.L.R.). Seulement, les joueurs manquent de confiance, certains se mettent trop de pression. » Pour l’instant, le changement d’entraîneur décidé par la direction est un échec, et le premier décisionnaire en est conscient. « Les résultats ne sont pas au rendez-vous. Mais il reste huit matchs, et aujourd’hui, nous ne sommes pas morts » , insiste Delcourt. Mais pas très en forme non plus…

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