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Kolo Touré, le bon gars de retour à Arsenal
Kolo Touré est de retour avec Liverpool à l'Emirates, devant un public qui l'a vu passer par tous les états pendant ses sept saisons avec le maillot d'Arsenal.
Ce lundi soir, Brendan Rodgers ne devrait pas titulariser Kolo Touré à l’Emirates. Il l’a fait lors de sa dernière visite, et les Reds se sont mangé un 4-1. Si l’Ivoirien n’en est pas le principal responsable, la manière dont Alexis Sánchez s’est joué de lui sur le troisième but est un souvenir plutôt douloureux. Donc en charnière, ça sera Lovren-Škrtel, point barre. Kolo Touré vivra sûrement du banc de touche ce retour à l’Emirates. À 34 ans, il se rappellera sans doute que c’est avec le club d’en face qu’il a connu les plus grandes heures de sa carrière. Le public le lui rappellera aussi forcément. Car Kolo fait partie de l’équipe type des « Invincibles » avec Pirès, Henry et Vieira. À jamais.
De douzième homme à patron
À la base, Kolo Touré est un joueur de Beveren. Il fait partie de l’Académie de Jean-Marc Guillou. Le technicien français a racheté le club belge pour y mettre ses disciples ivoiriens. Mais l’intégration ne se passe pas comme prévu, la Belgique n’est pas la terre d’accueil espérée. Wenger flaire le bon coup et propose au plus talentueux d’entre eux de venir faire un essai, début 2002. C’est ainsi que Kolo Touré débarque à Arsenal. Le technicien alsacien lui propose d’intégrer l’équipe en douceur la saison suivante. Aucune raison de toucher à une formation qui file vers un doublé coupe-championnat. L’Ivoirien fait ses premiers pas dans une équipe de stars pour l’exercice 2002-2003. Attaquant dans ses jeunes années, Touré est utilisé par Wenger à un peu tous les postes du milieu et de la défense. En fait, c’est le mec que l’on fait entrer dans les dernières minutes pour courir un peu partout et user l’adversaire. C’est peu dire qu’il ne se fait pas remarquer par sa culture tactique. Mais il échappe aux critiques.
Si la saison est moyenne pour Arsenal, qui laisse échapper le titre et se fait sortir de la deuxième phase de poules en Ligue des champions, la foudre s’abat surtout sur Rami Shaaban, le gardien censé foutre Seaman à la retraite, et Pascal Cygan, qui est sur la pelouse presque à chaque fois que les Gunners perdent un match. Pour la saison suivante, Wenger décide d’associer Kolo Touré à Sol Campbell en charnière. L’équipe terminera la saison avec 90 points en étant invaincue, et évidemment avec la meilleure défense. Martin Keown, le précédent stoppeur, passe la saison à cirer le banc et doit supplier Wenger de le faire entrer dans les dernières minutes des derniers matchs (en Angleterre, il faut avoir participé à 10 rencontres de championnat pour inscrire le titre de champion à son palmarès). Touré est devenu une référence en Angleterre, et son aura dépasse même alors celle de Campbell. Alors que les deux saisons suivantes, l’international anglais est sur le déclin, Touré porte la défense sur ses épaules avec Cygan, Senderos et Djourou. Mais il fait partie de ces cadres qui ne lâchent pas et qui permettent aux Canonniers de jouer la finale de la Ligue des champions 2006.
Avec Gallas, l’amour dure moins de trois ans
À l’intersaison, Kolo Touré se demande s’il ne ferait pas mieux de mettre les voiles. Wenger le rassure. Il lui donne le numéro 5, un salaire à plus de 400 000 euros mensuels, et surtout un nouveau partenaire fiable en défense centrale et de quoi former à nouveau un duo redoutable : William Gallas. Kolo Touré est séduit et va beaucoup miser sur l’association. Autant dire qu’il tombera de haut un an et demi plus tard. Fin février 2008, Arsenal joue sur tous les tableaux au moment de se rendre à Birmingham. Touré est blessé, mais il assiste au spectacle : le tacle de Taylor au bout de trois minutes qui massacre la cheville de l’attaquant Eduardo et surtout le pétage de plomb de Gallas dans les arrêts de jeu. Clichy concède bêtement un penalty qui va laisser échapper deux points. Trop pour le Français, capitaine, qui quitte le terrain en jetant son brassard à terre tout en insultant la terre entière, sans même attendre les trois coups de sifflet. Gallas ne sera plus le même après cet incident. Après un Euro 2008 très moyen, il sortira une autobiographie où il s’en prendra à deux de ses coéquipiers à Arsenal, Nasri et Van Persie. Kolo Touré est globalement épargné, mais il n’apprécie pas la manière de faire. Avant même la fin de la saison, il va voir Wenger en lui disant que c’est ou lui, ou Gallas, mais qu’il va falloir trouver une solution. Sur le coup, l’Alsacien ne dit rien, mais à la fin du mois de juin, il vend Kolo Touré au nouveau riche de Manchester City pour plus de 20 millions d’euros. Les fans en veulent à l’Ivoirien, surtout qu’il déclare : « City doit désormais être dans le Big 4, et s’il faut en enlever une équipe, c’est bien Arsenal. » Mais le comportement par la suite d’Adebayor, et William Gallas, les ramèneront dans le droit chemin : Kolo Touré, c’était en fait le bon gars.
Par Romain Canuti