- Mondial 2022
- Finale
- Argentine-France (3-3, 4-2 TAB)
Kolo Muani, dans la cour des grands
Appelé de dernière minute et jamais entré dans les matchs qui comptent, Randal Kolo Muani a terminé sa Coupe du monde en fanfare. Buteur en demi-finales face au Maroc, l'ancien Nantais a réussi une entrée en jeu de très haut vol pour donner vie à une équipe de France complètement à côté de la plaque. Avant de rater le face-à-face de la gloire à la dernière seconde...
Et si Emiliano Martínez n’avait pas réussi une parade extraordinaire à la 123e minute pour sauver l’Argentine au bout d’un scénario complètement dingue ? Randal Kolo Muani serait alors devenu un héros national, sans aucun doute. Un face-à-face sur lequel l’attaquant de Francfort a pris ses responsabilités, a bien joué le coup, mais est tombé sur le meilleur portier du tournoi. Trois minutes avant déjà, il avait été un peu court pour reprendre de la tête un centre de Kylian Mbappé… Deux situations qui auraient pu permettre aux Bleus de voir l’histoire s’écrire différemment. Et qu’ils vont forcément ressasser pendant un bon moment.
13 – Entré à la 41e minute, Randal Kolo Muani a remporté 13 duels lors de cette finale, au moins 4 de plus que tout autre joueur. C’est le plus haut total sur une finale de Coupe du monde depuis Gennaro Gattuso en 2006 (17). Soldat. #ARGFRA pic.twitter.com/lP3du3yXdz
— OptaJean (@OptaJean) December 18, 2022
Pompier de secours
Pourtant, l’ancien attaquant du FC Nantes restera comme l’un des grands bonshommes de cette triste nuit de Doha. Entré en jeu dès la 40e minute à la place d’Ousmane Dembélé au sein d’une équipe en état de mort cérébrale, l’autre gamin de Bondy a tout fait pour donner vie aux Bleus. Et à une finale qui restera comme l’une des plus folles de l’histoire de la Coupe du monde. Pour ce faire, Randal a pris son temps, entrant tout doucement dans la tête des défenseurs argentins et s’offrant timidement le tout premier tir des Tricolores de la tête sur corner à la… 68e minute. Coup d’envoi de la masterclass. Une dizaine de minutes plus tard, le garçon enrhume Otamendi et fonce vers le but, obtenant le penalty de l’espoir et ranimant les Bleus.
Quatre jours après avoir sauvé la peau de champions du monde ballotés dans tous les sens par le Maroc, Kolo Muani s’est ensuite fait un malin plaisir de maltraiter l’Albiceleste jusqu’aux derniers instants de la prolongation. Après avoir vu Coman et Tchouaméni échouer, il n’a finalement pas tremblé pour essayer de relancer une séance de tirs au but mal embarquée, en vain. « En 2018, pour la finale, j’étais chez moi, seul dans mon salon, à Nantes, j’allais partir en prêt à Boulogne-sur-Mer, donc forcément, ça me fait quelque chose », lançait-il ces derniers jours à l’approche du grand rendez-vous. Comme une illustration de l’immense chemin parcouru ces derniers mois par celui qui a découvert – et déjà commencé à dompter – la Ligue des champions avec l’Eintracht Francfort.
L’avenir s’annonce bleu
Au cœur de la tristesse, RKM représente une magnifique promesse pour cette équipe de France. Pointée du doigt pour son manque de banc, la bande de Deschamps s’est trouvée un supersub sur la fin du tournoi. « C’est aussi un bon exemple pour tous les autres joueurs qui n’ont pas été utilisés, mais qui, à un moment, peuvent être décisifs », rappelait le sélectionneur avant de défier les Argentins. En pleine tempête et lâchée par plusieurs cadres, la France s’en est remise à ses seconds couteaux pour passer tout près de renverser totalement la finale. Des entrées qui n’auront malheureusement pas suffi.
Appelé en sélection pour la toute première fois en septembre dernier avant de monter dans l’avion pour le Qatar à la toute dernière seconde, après le forfait de Christopher Nkunku à la veille du grand départ, resté sur la touche jusqu’au dernier carré – exception faite du match des coiffeurs face à la Tunisie –, voilà désormais Kolo Muani promis à un bel avenir en équipe de France. Son entrée a en tout cas prouvé qu’il en avait largement l’étoffe. L’avenir en sélection de plusieurs hommes – parmi lesquels Karim Benzema et Olivier Giroud pour ce qui est du secteur offensif – en suspens, le garçon aura une carte à jouer dans le cycle qui s’ouvre. Avec l’Euro 2024 puis une nouvelle Coupe du monde deux ans plus tard dans le viseur, cette équipe de France va désormais devoir repartir en conquête. Autour de Kylian Mbappé, Aurélien Tchouaméni, Dayot Upamecano et compagnie, une nouvelle génération devra prendre le relais pour rêver, cette fois, de la fameuse troisième étoile.
Par Tom Binet