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Koke, le nouveau cerveau de la Roja
Jeune surdoué des milieux de terrain, Koke Resurrección est la nouvelle pierre angulaire du système Del Bosque. Plus indispensable que Fàbregas et Costa, la perle de l'Atlético de Madrid est le nouveau porte-étendard de cette Roja qui se cherche un nouveau souffle. Tant mieux, le bougre est un marathonien.
« Cristiano est un athlète, Messi c’est Dieu. » À s’y méprendre, Xavi semble encore dans les rangs de la Roja. Raté, cette comparaison avec le Seigneur et les rois de la piste est l’œuvre de Jorge Resurrección Merodio, alias Koke. Pourtant enfant de Madrid et bambin de l’Atlético, il n’affiche aucune préférence de supporter entre les deux meilleurs joueurs actuels. Son opinion traduit sa vision du ballon rond, un sport fait de passes, de redoublements, d’ouvertures précises et de mouvements incessants. Une définition proche du tiki-taka blaugrana à laquelle s’ajoute une grinta tout ce qu’il y a de plus colchonero. À 22 ans, Koke est la relève de l’équipe d’Espagne, le successeur de Xavi Hernández. Comme les quatre lettres de son prédécesseur, il transpire l’intelligence et se délecte de la possession. Avant le deuxième match de la sélection championne d’Europe, Koke est déjà un inamovible de Vicente del Bosque. Dans un milieu à trois, il complète le triangle aux côtés des Barcelonais Busquets et Iniesta. Et s’affiche déjà comme le nouveau cerebro de la Roja.
Koke : « Nous n’allons pas changer notre style »
La Loi Evin n’a pas fait d’émules de l’autre côté des Pyrénées. En prime time, les publicités à la gloire des produits alcoolisés sont légion. La dernière à la mode, celle du géant de la bière Mahou, se termine entre des éclats de rire d’Iker Casillas, porte-étendard de cette Espagne qui gagne et qui aime le gendre idéal. Quelques secondes plus tôt, au début du spot, la jeunesse est, elle, représentée par la belle gueule de Koke, canette à la main. Un message publicitaire qui appuie la montée spectaculaire de la jeune star de l’Atlético dans l’opinion publique espagnole. Plus qu’une nouvelle popularité sur le petit écran, Koke est surtout la nouvelle pièce fondamentale du système Del Bosque. Appelé en sélection depuis août 2013, il en est désormais l’un des piliers. « Il y a eu beaucoup de changements cet été, nous rappelle-t-il avant de rejoindre sa sélection. Xavi, Xabi Alonso, David Villa ont pris leurs retraites. Il faut se réinventer désormais. Nous avons une nouvelle génération qui arrive avec tout son enthousiasme. Mais nous n’allons pas changer notre style, notre philosophie. Nous ne devons pas les perdre. » La ligne directrice est claire, tout comme ses idées.
Plus qu’une réplique 2.0 du désormais retraité Xavi, Koke est avant tout un enfant de l’Atlético de Madrid. Un club qu’il supporte depuis sa naissance et dont il est l’enfant chéri et choyé. Le retour au premier plan du club des bords du Manzanares offre à l’Espagne du football un bol d’air frais quasi salvateur. Dans un registre moins paillettes que le Real Madrid, plus travailleur que le FC Barcelone, l’Atlético affiche un visage différent où la gagne reste un impératif de premier plan. « Cette saison, nous sommes plus attendus. Par nos adversaires, mais également par notre public qui n’imagine plus que la victoire. Simeone est là pour nous rappeler que notre philosophie n’a pas changé : on prend les matchs les uns après les autres » , poursuit-il. Au-delà de ses qualités intrinsèques de formidable meneur de jeu, Koke se mue également en harceleur incessant, en premier défenseur. Une facette besogneuse qui avait plu à Vicente del Bosque dès l’an dernier. Après un amical raté face à la Guinée, le chef de meute de la Roja avait même déclaré que « dans ce vestiaire, je ne vois qu’un joueur qui a faim : Koke. Et sans avoir faim, nous n’allons rien gagner » .
Del Bosque : « Il a pratiquement tout »
Une prédiction d’infortune qui prendra tout son sens quelques semaines plus tard et un Mondial brésilien désastreux. Au gré de la mésaventure espagnole, la confiance de Del Bosque en Koke n’a cessé de croître. Sur le banc face au Pays-Bas, entré à la mi-temps contre le Chili, il termine le Mondial dans la peau d’un titulaire face à l’Australie. Depuis le match amical au Stade de France et l’ouverture des qualifications pour le prochain Euro face à la Macédoine, Koke n’a plus quitté le onze de la Roja. Celui qui « a pratiquement tout » et qui est « travailleur, constant et complet » , dixit Vincent du Bois, est le nouveau cerveau de l’équipe d’Espagne. Un cerveau au palmarès en sélection encore vierge : « Ce sera difficile de gagner tout ce que la génération précédente a remporté. Il reste deux années pour se qualifier et préparer l’Euro. C’est dans cet ordre que nous devons nous y prendre. Si nous nous qualifions et nous créons un bon groupe, tout est permis. Nous viendrons en France pour gagner. » La Slovaquie, adversaire du soir, n’a qu’à bien se tenir. Car l’homme qui donnerait sa « peau pour chacun de (ses) coéquipiers » sera bien aligné dans le milieu de la Roja.
Par Robin Delorme, à Madrid