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Koeman, ce rêve bleu
Pompier volontaire depuis plus de deux mois sur le banc de Chelsea, Guus Hiddink affiche aujourd'hui un bilan plus qu'honorable depuis son retour à Londres avec une seule défaite, une envie retrouvée et l'espoir d'une course jusqu'à Wembley en fin de saison. Reste que le technicien hollandais sait que dans tous les cas, en juin prochain, il ne sera plus là. Alors il s'est fixé une ultime mission : faire de son ancien adjoint, Ronald Koeman, un éventuel successeur pistonné. Et si le rêve n'était qu'à sens unique ?
C’était il y a quelques semaines. Ronald Koeman ne devait donner qu’un entretien traditionnel à la radio néerlandaise Radio 538, et Antonio Conte n’était pas encore annoncé comme le successeur désigné de Guus Hiddink sur le banc de Chelsea. Aucune discussion n’avait encore été ouverte, rien. Interrogé sur son avenir au détour d’une question, Koeman s’est alors lancé : « Si Guus parle de moi au club, ce serait une grosse influence. J’ai toujours voulu entraîner et réussir au plus haut niveau. Ça s’est déjà réalisé aux Pays-Bas et j’espère que ça se passera également à l’étranger. C’est quelque chose que j’ai toujours eu dans un coin de ma tête. » Si une chose est pour le moment certaine, c’est que Guus Hiddink ne sera plus à Londres la saison prochaine. Son passage à Chelsea a toujours été clair, et ce, malgré les bons résultats qu’il obtiendrait lors de sa mission sauvetage débutée en décembre dernier. Débarqué après une énième sortie de route d’un Chelsea mourinhesque moribond à Leicester (1-2) il y a quelques semaines, Hiddink est venu rendre service à son ami Abramovitch, redonner le sourire à un groupe qui l’avait perdu et le relever en vue de la saison prochaine. C’est simple : en treize rencontres dirigées, l’entraîneur hollandais, vainqueur de la FA Cup en 2009 avec les Blues, n’en a perdu qu’une seule, à Paris, la semaine dernière. Reste que s’il souhaite accrocher un ticket européen pour la saison prochaine, via la coupe notamment, où Chelsea ira défier Everton à Goodison Park le 12 mars prochain, Hiddink a également eu la mission de préparer l’avenir pour léguer un club sain à son successeur en juin prochain.
L’émancipation de l’élève
Il se murmure à Londres, du fait de sa relation privilégiée avec Roman Abramovitch, qu’Hiddink aura au minimum une voix de conseiller quant au nom de son successeur. Alors, secrètement, son élève Ronald Koeman s’est mis à rêver. Car il le sait : son avenir devrait, comme Pochettino avant lui, s’écrire loin de Southampton et probablement dans des écuries plus huppées. Chelsea en a la carrure, et Koeman le sait, ce qui explique sa sortie de janvier. Poumon du PSV de la fin des années 80, dirigé à l’époque par Hiddink, le champion d’Europe 88 avait ensuite été installé par son mentor au poste de coach à Eindhoven au moment du départ de ce dernier en 2006 un peu moins de dix ans après avoir été son adjoint en sélection. Dans l’ombre d’abord avant de prendre à son tour la lumière. Dès sa première saison sur le banc d’Eindhoven, Koeman souleva d’ailleurs un titre de champion avec Cocu au brassard, Alex derrière et la doublette Koné-Farfán devant. L’élève s’est donc émancipé, prenant progressivement une voie différente de son professeur de toujours, mais avec toujours le respect du service rendu. Les deux hommes s’appréciaient, vraiment, et se parlaient souvent pour échanger sur le métier d’entraîneur. Avec des visions différentes, une approche divergente.
La blessure de Koeman
Et ce, jusqu’à un épisode qui les a séparés pendant de longs mois, il y a deux ans, au sortir d’une bataille pour la succession de Louis van Gaal à la tête de la sélection nationale. Le choix est connu : Hiddink a été chargé d’assurer la suite du Pélican, Koeman en rêvait. Pour éviter les batailles d’ego, la Fédération néerlandaise avait proposé un poste d’adjoint à celui qui venait d’être vice-champion des Pays-Bas avec le Feyenoord. La pilule n’est pas passée. « Avec tout le respect que j’ai pour mon pays, je ne suis plus un numéro deux. » , expliquera Koeman sur le moment. Depuis, les deux hommes ne se sont plus parlé. Comme si la trahison était restée indélébile malgré le respect et le passé mutuel. Cette semaine, face à la presse, le coach de Southampton, qui s’apprête à recevoir ce week-end le Chelsea d’Hiddink, a expliqué cette absence de contact par « le caractère fort » des deux hommes tout en louant « la profonde intelligence » de son mentor. « Sa capacité à gérer les caractères est l’une de ses plus grosses qualités. Si vous entraînez à un haut niveau, vous avez des grands joueurs à gérer. Votre mission n’est plus de leur apprendre à faire une passe ou un tir, mais plutôt de savoir comment les faire jouer ensemble.(…)Lui a la capacité de donner les clés à ses joueurs pour réussir » , détaillait cette semaine Ronald Koeman dans les colonnes du Guardian, tout en offrant une place prioritaire à Johan Cruyff en matière d’influence. Reste que Koeman chasse aujourd’hui sur les terres de Hiddink, que les deux hommes vont se croiser de plus en plus au haut niveau. Au point de s’affronter aujourd’hui, tout en continuant à se pistonner demain ? Plus aussi sûr.
Par Maxime Brigand