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Kobe Bryant ou l’amour du soccer
Ce dimanche, Kobe Bryant a disparu dans un accident d'hélicoptère à l'âge de 41 ans. S'il restera comme une légende du basket et des Lakers de Los Angeles, il nourrissait un amour sincère pour le football. RIP Kobe.
« De six à 14 ans, je jouais au football tous les jours. C’est mon sport préféré. » Une phrase que beaucoup de monde a prononcée ou entendue. La trouver dans une interview sur le site de la FIFA ? Pas anormal. Mais elle prend une tout autre tournure quand elle sort de la bouche de Kobe Bryant. Le meilleur marqueur de l’histoire des Los Angeles Lakers ne cache pas son amour pour le foot. Mais comment un joueur qui a inspiré toute une génération de basketteurs pouvait-il en réalité préférer le « soccer » ? Il faut revenir à son enfance. Fils de Joe Bryant, basketteur professionnel, il le suit au gré de ses changements de clubs en Europe. De 1984 à 1991, c’est en Italie que le daron foule les parquets, avant une pige au FC Mulhouse Basket. Le fiston a alors tout le temps de découvrir le football avec ses camarades italiens, tombant amoureux de l’AC Milan de Gullit, Van Basten et Baresi. « J’ai commencé comme gardien parce que j’avais des bras très longs. Par la suite, quand j’ai commencé à avoir l’habitude d’avoir un ballon dans les pieds, je jouais milieu de terrain » , avoua-t-il au Daily News. C’est depuis Reggio Emilia que le futur quintuple champion NBA verra la Squadra Azzurra finir troisième de sa Coupe du monde. Mais une fois cet interlude européen fini, le petit Kobe n’a plus trouvé assez de coéquipiers pour jouer au soccer dans son quartier de Philadelphie. C’est alors qu’il se penche exclusivement sur le basket.
Trois Coupes du monde à son actif
« Si j’avais continué à jouer, j’aurais pu devenir un des meilleurs » , avançait-il, avec sa modestie légendaire, lors d’un point presse en début de saison. Mais l’Américain était pourtant conscient de ses limites sur les terrains verts : « Quand je réussis un geste technique, ce n’est jamais fait exprès » , se justifiait-il au Los Angeles Times après un match de charité. Les stars du ballon rond n’en ont que faire, vu qu’elles sont fans de lui. De Kaká à l’équipe féminine des USA, en passant par Lukaku, elles l’ont exposé au grand jour sur les réseaux sociaux. Un trophée de MVP, deux médailles d’or olympique et 33 000 points en NBA plus tard, « Black Mamba » n’oublie pas son amour de jeunesse. Un voyage en Allemagne pour la Coupe du monde 2006, un en Afrique du Sud quatre ans plus tard, et encore un en 2014 au Brésil, le basketteur est un passionné. Le célèbre numéro 24 n’en a pas joué autant avec le maillot de Team USA Basket. Même une Coupe des confédérations est une excuse suffisante pour faire le déplacement à Salvador de Bahia.
Toutes les occasions étaient également bonnes pour chausser les crampons : en couverture d’ESPN Magazine, pendant une publicité pour Panini ou pour tirer un penalty à la mi-temps d’un amical entre Manchester United et Barcelone à Washington. C’est d’ailleurs des Blaugrana dont l’Angeleno était un grand fan, n’hésitant pas à considérer Thierry Henry comme son équivalent footballistique. D’où l’air de ressemblance ? Finalement, sa force aura peut-être été de tirer le meilleur des deux sports pour être aussi dominant sur les parquets. D’un point de vue technique, les réflexes du foot lui ont permis « d’avoir de très bons changements d’appuis en basket » . D’un point de vue tactique, Kobe a aussi appris du foot : « Les combinaisons du basket concernent souvent deux joueurs. En foot, trois, voire quatre joueurs sont impliqués. Ça fait la beauté de ce sport et ça m’a permis de comprendre les systèmes de Phil Jackson. » Des attaques « en triangle » qui ont permis à la franchise californienne de réaliser le triplé entre 2000 et 2002. Ce soir, les mondes du basket et du foot se joignent au deuil après sa disparition.
Par Nicolas Kohlhuber
Article publié initialement en avril 2016 sur sofoot.com