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Knockaert : « À côté, la L2 française, c’est presque rien »
En succombant aux sirènes anglaises de Leicester (D2) cet été, l’ancien Guingampais Anthony Knockaert a surpris son monde. Alors qu'il était sur les tablettes de Montpellier, l’international espoirs de 20 ans justifie ce choix de carrière par son attirance pour le foot anglais, avec la Premier League en ligne de mire.
Comment se passe ton acclimatation au foot anglais ?Très bien ! Les infrastructures, les installations, tout ce qu’il y a autour d’ici, c’est vraiment un autre monde. Avec tout ce qu’ils mettent en place pour les joueurs au niveau des soins, ils sont toujours derrière nous pour qu’on soit en forme le jour du match. Ça, c’est déjà bien avancé par rapport à la France.
Et sportivement ?Depuis le début, on a fait trois matchs, j’ai été trois fois sur le banc et je suis rentré à chaque fois(depuis cette interview, il a été titulaire en League Cup contre Burton et marqué un but sur coup franc, ndlr). Le coach m’a dit d’être patient, que j’avais fait une bonne préparation. Je suis quelqu’un qui ne lâche rien. Quand je vais avoir du temps de jeu, je vais prouver que je suis là. Mon objectif, c’est d’être titulaire. Leicester doit être un club où je montre mes qualités pour, dans un ou deux ans, être en Premier League. L’objectif, c’est de monter en Premier League ; si je peux monter avec eux, c’est encore mieux. J’ai pas envie de rester en D2 anglaise toute ma carrière.
Justement, ce choix d’aller en D2 anglaise en a surpris plus d’un…En France, il n’y a que Montpellier qui a fait une offre. D’autres clubs se sont manifestés, mais n’ont pas fait d’offre. Et puis, Leicester est venu et m’a proposé quelque chose de sérieux, avec l’ambition de monter, et ça m’a vraiment plu. Comme je rêve de jouer en Angleterre depuis tout petit et que j’en ai l’opportunité, j’ai foncé directement. Même si c’est un club de D2, je ne suis pas du tout déçu de mon choix et je sais que je suis parti dans un bel endroit.
Pourquoi ça ne s’est pas fait avec Montpellier ?Mon objectif, c’était de signer pour eux, mais ça ne s’est pas fait parce que Guingamp réclamait trop (quatre millions, ndlr). Entre temps, ils étaient sur Charbonnier aussi et ils l’ont pris, donc ils ont lâché l’affaire. Rejoindre le champion m’aurait bien plu, mais bon… Une autre fois, peut-être.
C’était prévu que tu partes ?À Guingamp, ils savaient que j’étais susceptible de partir. Ils ont pris Fauré directement après mon départ, donc ils s’y attendaient.
Tu as pris des conseils auprès d’autres joueurs avant de signer ?J’ai quelques amis qui jouent en Angleterre et qui m’avaient dit que j’allais me plaire, comme Gaël Kakuta que je connais bien. Il y a aussi un autre ami de la CFA de Guingamp qui joue maintenant en D5 anglaise. Il m’a dit que même en D5 anglaise, ça lui est déjà arrivé de jouer devant 10 000 spectateurs et je trouve ça formidable !
Tu as dis que tu rêvais de l’Angleterre depuis tout petit, qu’est-ce qui te fait rêver particulièrement ?Simplement, pour moi, c’est le meilleur championnat au monde. Quand on regarde un match anglais, on ne se fait vraiment pas chier et la qualité de jeu est vraiment formidable. Ici, ils vivent tous pour le foot, beaucoup plus que dans les autres pays. Ici, le foot, c’est vraiment la priorité pour tout le monde.
Il vaut donc mieux jouer dans un club de D2 anglaise que dans un club moyen de Ligue 1 ?Oui, parce que depuis que je suis arrivé ici, je suis vraiment impressionné par le niveau de la D2. Franchement, la Ligue 2 française à côté, c’est presque rien. Quand je vois l’intensité des entraînements qu’on a, ce n’est vraiment pas le même monde. À la limite, je suis bien mieux ici qu’à Brest ou un club comme ça, qui joue pour se sauver. Avec l’équipe qu’on a là, pour moi, le maintien en Ligue 1, on l’aurait facilement. Après peut-être que je me trompe, mais depuis que je suis arrivé, le niveau est quand même beaucoup plus haut qu’en Ligue 2 française.
Surtout que financièrement, il reste plus avantageux de jouer en D2 anglaise qu’en Ligue 1…Oui, il y a ce côté-là aussi. En D2 anglaise, la plupart des joueurs sont beaucoup mieux rémunérés que ceux de la Ligue 1 française !
Donc tu n’as aucun regret ?Non, je suis vraiment bien ici, je me plais bien. Je suis vraiment content de mon choix et je pense que je ne regretterai pas par la suite, même si je venais à me faire oublier. Mais c’est vraiment pas mon but, j’ai envie de montrer que je ne suis pas venu ici pour rien.
Justement, tu n’as pas peur de faire la même erreur que des joueurs comme Le Tallec ou Sinama-Pongolle ?Non, parce que ce sont des exemples à part. Ce sont des mecs qui sont partis très très tôt en Angleterre. Ils n’avaient encore rien fait en France, ils sont partis très jeunes dans un grand club. Et dans les grands clubs, quand tu vois les joueurs sur le terrain, c’est difficile de s’imposer. Là, j’ai quand même fait deux ans professionnels en France, et j’avais envie de voir ailleurs. Je suis parti dans un club où je vais pouvoir faire mon trou, où il n’y a pas de trop grandes stars. À moi de faire mon travail et de montrer aux gens de quoi je suis capable.
Tes 11 buts en L2 la saison dernière étaient suffisants pour prouver ce que tu valais ?Je n’ai rien à prouver à personne. Je ne fais confiance qu’à moi-même, et je vais donner le maximum pour y arriver.
C’est quoi ton rêve ?Ce serait de trouver un club de Premier League et de faire mon trou en Angleterre. Maintenant que j’ai quitté la France, l’objectif, c’est de rester ici !
L’équipe de France espoirs reste aussi un objectif ?Oui, j’ai été appelé récemment, ça m’a beaucoup touché, c’est la récompense de tout un travail. Le but, c’est d’y rester et de pouvoir aller à l’Euro en fin d’année, ça serait vraiment bien. La dernière fois que je l’ai vu, le sélectionneur m’a dit de travailler et de vite m’intégrer au groupe, parce que c’est important.
Sinon, ça fait quoi d’avoir été repéré par Xavier Gravelaine ?(rires) C’est vrai que c’est lui qui m’a repéré dans le Nord. C’est devenu un ami, c’est vraiment quelqu’un qui a un grand cœur, qui nous suivait pour savoir comment ça se passait. Depuis quelques temps, j’ai pas eu de nouvelles, je comptais l’appeler, là !
Propos recueillis par Yoann Crenn