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Klopp-Tuchel : l’Allemagne ça (vous) gagne
Le match entre Liverpool et le PSG sera l’occasion des retrouvailles de deux vieilles connaissances : Jürgen Klopp et Thomas Tuchel.
Un chiffre pour commencer : cette rencontre sera la première qui oppose deux entraîneurs allemands en Ligue des champions… sans que l’un d’entre eux ne soit à la tête d’un club allemand. Jürgen Klopp est d’ailleurs le dernier à avoir vécu un duel contre l’un de ses compatriotes : c’était en 2013, lors de la finale perdue avec Dortmund face au Bayern de Jupp Heynckes. Depuis, le gueulard de Stuttgart a pris son envol pour l’étranger et une destination qui lui convient bien : Liverpool, où la ferveur est aussi présente qu’au Westfalenstadion et où les fortes têtes sont appréciées. Tant qu’elles se fondent au service du collectif.
Faux frères
Thomas Tuchel aurait-il pu obtenir un tel point de chute après son départ ? Pas sûr. Contrairement à un vieux mythe que traîne le bonhomme depuis son éclosion à Mayence en 2009, le grand blond ne partage pas grand-chose avec son prédécesseur. Mis à part le fait qu’ils soient tous les deux allemands, nés dans le pays souabe et qu’ils aient passé leur diplôme d’entraîneur ensemble en 2006 avant de se succéder sur les bancs de touche. D’abord à Mayence, puis à Dortmund. Autant de détails qui laisseraient supposer que Tuchel serait le fils spirituel de Jürgen Klopp, dans sa façon de raisonner comme dans ces méthodes. Rien n’est plus faux, en tout cas à en croire Erich Rutemöller.
Celui qui a été leur formateur officie désormais comme manager du Fortuna Düsseldorf. Dans un entretien au Parisien, il estime que Klopp « était motivé comme personne d’autre et s’intéressait surtout à l’aspect psychologique dans la gestion des joueurs. Quant à Tuchel, il était plutôt focalisé sur le jeu. Lorsque j’ai lu qu’il avait passé toute une soirée à parler tactique avec Pep Guardiola, il y a quelques années à Munich, en réquisitionnant salières et poivriers, je me suis dit : « Il n’a pas changé. » C’est quelqu’un qui est tout le temps dans l’innovation. »
Der deutsche Pep
Kloppo, comme on le surnommait encore en Allemagne, dégage en effet toujours cette image à l’ancienne, qui faisait le bonheur des supporters comme des joueurs des clubs dans lesquels il est passé. Meneur d’hommes, toujours attentif au bien-être psychologique de ses troupes, Klopp s’affiche dans des clips publicitaires au volant de la voiture (allemande) de monsieur-tout-le-monde ou une bière fraîche (sans alcool) à la main. Ses départs de Mayence et de Dortmund ont été célébrés par de vibrants hommages, dont les locaux parlent encore aujourd’hui avec des trémolos dans la voix. Contrairement à Tuchel, lequel a plutôt emprunté la petite porte à chaque fois, laissant derrière lui l’image d’un tyran doté d’une détermination à toute épreuve, quitte à devoir se brouiller avec son collectif. Plus intello, réfléchi, féru de tactique, Tuchel apparaît plus volontiers dans un bar branché new-yorkais, des vêtements de créateur sur le dos pour raconter sa philosophie à un prestigieux hebdomadaire généraliste allemand, plutôt qu’avec une saucisse grillée dégoulinante de moutarde à la une d’un magazine sportif.
On pourrait presque parler d’une germanification de Pep Guardiola, son vrai modèle. Un modèle qui n’avait peut-être pas sa place en Allemagne – où le jeu franc, direct et tourné vers l’avant a toujours autant la cote – et qui trouvera peut-être le moyen d’éclore à Paris, où l’on cherche à établir un nouveau projet de jeu après l’expérience Unai Emery. Quoi qu’il en soit, les retrouvailles entre les deux hommes seront certainement très cordiales ce mardi soir à Anfield. Leur passé commun plaide davantage en faveur d’une complicité glanée au fil du temps et des affrontements. Celui entre Liverpool et le PSG ne sera qu’une nouvelle étape dans leurs parcours respectifs, si différents et pourtant pas si éloignés. À en croire certains observateurs d’outre-Rhin, les deux hommes seraient les plus grandes chances pour l’Allemagne de remporter la Ligue des champions cette année.
Par Julien Duez