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Klopp-Hummels-Lewandowski, valse à trois regrettée
Aujourd'hui adversaires en huitièmes de finale de la Ligue des champions, Jürgen Klopp et le binôme Mats Hummels-Robert Lewandowski faisaient le bonheur du Borussia Dortmund il n'y a pas si longtemps. Retour sur une période dorée, qui a fait évoluer chacun des trois membres du trio.
C’est une chorégraphie à trois qui se proposait chaque semaine, sur des pelouses bardées de lumière jaune. À l’Ouest de l’Allemagne, elle était plus qu’appréciée étant donné ce qu’elle apportait comme résultats esthétiques et sportifs. Mais puisque la loi de la nature exige que la vie passe, cette danse s’en est allée et les membres qui en étaient les auteurs sont partis se réaliser ailleurs. Laissant leurs anciens spectateurs orphelins, d’une certaine manière. Les artistes évoqués, ce sont Jürgen Klopp, Mats Hummels et Robert Lewandowski. Et le lieu indiqué, c’est Dortmund.
Regroupés dans une magnifique triplette au sein d’un même club, les trois hommes ont enchanté le Borussia entre 2010 et 2014. Les trophées gagnés et les performances établies parlent d’eux-mêmes : en quatre ans, le trio s’est offert deux Bundesliga consécutives (2011 et 2012), une Coupe d’Allemagne (2012) et une finale (2014), une Supercoupe (2013) et une finale de Ligue des champions (2013). Période faste, donc, qui s’est arrêtée avec le transfert de l’attaquant au Bayern Munich où le défenseur l’a rejoint deux années plus tard. Entre-temps, l’entraîneur a quant à lui emprunté le chemin de Liverpool. Et voilà comment ils se retrouvent adversaires, joueurs de champ face à leur ancien coach, en huitièmes de finale retour de la Ligue des champions opposant Bavarois et Reds ce mercredi à l’Allianz Arena (après le 0-0 de l’aller à Anfield).
Robert, le monstre qui s’ignorait
Mais sachons profiter des bonnes choses, aussi nostalgiques puissent-elles paraître, et restons sur la choré du triangle. Car c’est bien grâce à cette forme géométrique que sont devenus ce que sont les danseurs d’aujourd’hui. Lewandowski, par exemple, l’a allègrement reconnu sur le site de l’UEFA en indiquant le rôle que Klopp avait tenu dans sa progression : « C’est grâce à lui que j’en suis là maintenant dans ma vie. Comme homme et comme entraîneur, il est tout simplement extraordinaire. Nous avons tellement parlé de football et de la vie, j’ai tant appris de lui… Ce que Jürgen m’a donné de plus important, c’est la force de croire que je peux jouer au très haut niveau. Il m’a donné cette impulsion et il m’a toujours aidé à franchir le palier suivant. Je ne savais pas que j’avais un tel potentiel. Je ne me rendais pas compte de ce qui se cachait en moi-même. »
Meilleur buteur du championnat en 2014 avec vingt réalisations sous les ordres de l’Allemand après avoir collé 24 et 22 pions les saisons précédentes, le Polonais a pulvérisé ses records une fois gorgé de confiance au Bayern (deux fois trente, une fois 29, deux fois meilleur striker de Bundesliga). Surtout, il a confirmé son statut d’avant-centre de classe mondiale loin de son mentor qui lui a toujours fait confiance et qui a toujours cru en lui depuis son départ du Lech Poznań.
Mats, le fiston qui grandissait
De son côté, Hummels préfère se souvenir du côté Papa que Klopp savait apporter au groupe jaune hyper solidaire et qui a forcément rejailli sur son évolution. « Entre nous, c’était presque comme une famille. Oui, il y a parfois eu des problèmes. Oui, il y a eu des jours où on se criait dessus. Mais le lendemain, tout allait bien, décrit l’arrière central dans des propos relayés par le Daily Mail. Il me comprenait, je le comprenais. Chacun savait pourquoi l’autre agissait de la sorte. Nous n’avons jamais eu de problème majeur. Il prend toujours en compte ce que vous dites. Il n’est pas toujours d’accord, et c’est lui qui a le dernier mot. Mais il écoute, prend votre avis en compte et dit« Ok »ou « Réfléchis-y encore ». » Avec son compatriote sur le dos, l’Allemand est devenu un joueur complet et plus mâture. Jusqu’à se faire accepter chez son club formateur munichois, qui ne lui avait jamais réellement laissé sa chance.
Quant au technicien, il a clairement conscience de ce qu’il doit à ses deux ex-poulains. Lesquels l’ont grandement aidé à faire pousser sa jolie réputation, au gré d’énormes prestations sportives permettant de souligner la cohérence – tactique, notamment – de la méthode kloppienne. « Ce sont deux joueurs fantastiques. Je dois vraiment leur en être reconnaissant. Sans eux, ma carrière ne serait pas la même. Nous avons tous bénéficié les uns des autres, a donc confié l’actuel patron de Liverpool face à la presse avant le huitième aller de C1. Cela fait partie de ma vie, de mon histoire. Nous aurons toujours beaucoup de respect les uns pour les autres.(…)Je les aime vraiment. Mais nous allons essayer de ne pas les laisser briller… » Ce serait bien la première fois que Jürgen fera pleurer le binôme. L’inverse étant également vrai.
Par Florian Cadu