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- 26e journée
- Feyenoord/Ajax (1-2)
Klassieker : l’Ajax remporte l’Oscar !
And the winners are… Bayern, Paris, Celtic, Juve, Olympiakos, Red Bull Salzbourg ! Comme tous ces clubs, l’Ajax aussi est un leader plus que bien placé pour le titre de champion national. Surtout après sa victoire au Feyenoord, hier après-midi (2-1).
Au coup de sifflet final de ce Klassieker très ensoleillé, tous les joueurs d’Ajax ont laissé éclater la joie bien connue des futurs champions : bras levés, sourires jusqu’aux oreilles, étreintes complices. Et le salut aux supporters ? Impossible : depuis 2009, les municipalités d’Amsterdam et de Rotterdam ont banni pour cinq ans les déplacements de supporters de chaque équipe « chez l’ennemi » . Pour cause de violences antérieures, bien sûr. Du coup, des tribunes du Kuip ne leur sont parvenus que crachats, insultes, jets de briquets et de gobelets en plastoc. La routine, quoi… L’Ajax venait quasiment d’être sacré « chez l’ennemi » ! Trop dur à avaler pour le fier public de Rotterdam, présent et chantant du début à la fin même quand son équipe était menée et qu’elle a fini par perdre. Hommage donc à ce vrai public qui assure l’une des meilleures ambiances d’Europe. Relevons un détail marrant : la présence dans les tribunes d’un quinqua chevelu à l’ancienne, les yeux braqués sur le jeu. C’était le père de Jordy Clasie. Comme quoi si les chiens ne font pas des chats, les bikers font des petits punks…
Plier sans rompre…
Victoire donc des Ajacides, mais pas un grand match de leur part. Bizarrement, Frank de Boer s’est immédiatement félicité de ce succès, lui qui d’habitude ne se satisfait jamais de l’à peu près même quand ses gars l’emportent… Mais il faut dire que l’Ajax a fait le trou. Avec 57 points au compteur, Amsterdam a mis le FC Twente et Vitesse à 8 unités derrière à désormais 8 journées de la fin. Mathématiquement, ce n’est pas encore dans la poche, mais comme disait Mourinho : « J’étais pas bon en maths et, le foot, c’est pas les maths. Si c’était le cas, j’entraînerais en 3e Division au Portugal ! » Heureusement pour lui, FDB croit aux mathématiques : il ne lâchera pas ses joueurs d’une semelle pour les forcer à jouer tous les matchs à fond afin de décrocher un quatrième titre d’affilée, exploit jamais encore réalisé par les Lanciers. En tout cas, son équipe a gagné hier la première des trois « petites finales » d’Eredivisie qui attendaient l’Ajax d’ici la fin. Pour les 8 dernières rencontres, la Hollande du foot guettera la réception à l’ArenA du FC Twente fin mars et le déplacement à Vitesse début avril. Ce seront les deux gros rendez-vous qui pourront relancer un peu le suspens, car les six autres matchs offriront à l’Ajax des équipes largement à sa portée.
L’Ajax avait abordé ce Klassieker avec une bonne nouvelle : le nul de Twente à Utrecht (1-1) juste avant d’affronter le Feyenoord. Toujours cette bonne fortune qui accompagne l’Ajax, profiteur gourmand des contre-performances de ses concurrents depuis au moins les trois dernières saisons. Vitesse revient bien avec un nouveau succès contre Roda (3-0). Mais trop tard, il semble… FDB savait que ses gars devraient répondre au gros défi physique dont Ronald Koeman se sert toujours face aux Ajacides : leur rentrer dedans, les presser très haut et détruire la première relance. D’autant plus que l’Ajax avait joué en C3 à Salzbourg, jeudi soir, donc petite fatigue. Et ça a bien fonctionné en première mi-temps : la guerre de tranchées pour disputer à mort chaque ballon a tourné à l’avantage des locaux. Et c’est Graziano Pellè qui a ouvert la marque d’une tête canon décroisée sur centre de la gauche de Martins Indi (30e). Avec Poulsen en 6, moins doué pour démarrer le jeu que Daley Blind renvoyé en latéral gauche, l’Ajax subissait, subissait… Mais un démarrage turbo côté droit dans la surface du petit Kishna (titularisé pour la première fois en championnat), permit à Sigthorsson d’égaliser de près en coupant au premier poteau : 1-1 à la 45e. Feyenoord accusait le coup. En seconde période, Feyenoord poussait sans relâche face à un Ajax qui pliait sans rompre. Une frappe violente sur le poteau de Klaassen annonça l’inéluctable : le but victorieux de Veltman sur un cafouillage, suite à un corner anodin (2-1). Les joueurs de Feyenoord se sont pris sur le coup 20 ans dans la face : à la fin c’est toujours l’Ajax qui gagne… Envolé pour toujours, le titre ( « mathématiquement » encore jouable avant le match), mais aussi adieu sûrement à la deuxième place qualificative pour le tour préliminaire de C1. Avec 45 points et quatre unités de retard sur Twente et Vitesse, Rotterdam n’aura plus le droit à l’erreur…
Perspectives oranje et perplexité tulipière
Le Klassieker d’hier revêtait une importance particulière pour les deux clubs, car il illustrait le retour conjoint au premier plan des deux frères ennemis au sein de la sélection nationale. En gros, 6 à 7 joueurs de chaque équipe ont été éligibles en Oranje depuis que Louis van Gaal avait succédé à Van Marwijk. Des 33 présélectionnés, Van Gaal n’a finalement retenu dans ses 23 contre la France que Cillessen, Blind, Veltman et Klaassen (Ajax) et Janmaat, Martins Indi, Clasie et Boëtius (Feyenoord). Soit huit joueurs, pas mal ! Et autant dire que pour ces huit-là, ça se précise pour le Brésil. Ceci dit, seuls Cillessen (a priori n°1 chez les gardiens), Blind, Janmaat (une mi-temps chacun avec Van der Wiel contre la France, a priori) et Martins Indi auraient des chances vraiment sérieuses d’être titulaires, ou bien quasi titulaires. Clasie pourrait faire le troisième au milieu avec Strootman et Sneijder ? Pas sûr. On verra bien… Un petit mot sur Martins Indi (22 ans). Aux Pays-Bas, il est toujours considéré comme un futur grand en défense centrale (c’est à ce poste que Van Gaal le préfère), or Koeman le fait jouer latéral gauche. Reste que contre l’Ajax, s’il a servi impeccablement Pellè sur son but de la tête, il s’est fait déposer par Kishna sur l’égalisation de Sigthorsson. Sans doute parce qu’il n’est pas fait pour ce poste. Idem pour Blind que FDB a replacé avec succès en 6 alors que pour Van Gaal il est son unique latéral gauche appelé en Oranje ! Est-ce pour complaire au sélectionneur que FDB a replacé Daley derrière, à gauche ? Le tout manque de cohérence…
Enfin, impossible d’évoquer le Klassieker d’hier sans faire référence à l’élimination en C3 de l’Ajax, jeudi soir au Tyrol. Cette élimination a fait beaucoup de bruit aux Pays-Bas suite au 6-1 cumulé (0-3 et 1-3) face au Red Bull Salzbourg. Un bon club et une bonne équipe, mais issue du modeste championnat autrichien… Or, l’Ajax n’a pas vu le jour, complètement surclassé par un adversaire qui l’a pris à son propre jeu. Du coup, cette élimination a jeté un regard plus mesuré sur les performances de l’Ajax en Ligue des champions (victoires face au Celtic, au Barça et les deux nuls face au Milan AC). Cette élimination précoce en C3 a aussi relativisé la teneur d’un Klassieker renaissant qu’on voyait pourtant plus intense et plus disputé. L’impression forte d’assister à un duel au sommet sur le plan national s’est estompée en comparaison du niveau réel de l’Ajax sur le plan continental… Du coup, sa domination de l’Eredivisie ainsi que le titre quasi certain qui lui est promis génère une certaine inquiétude quant à l’évaluation de la qualité réelle du foot néerlandais et de son championnat. Et ce n’est pas l’AZ, toujours en course en Ligue Europa, qui effacera cette vision chagrine.
Par Chérif Ghemmour
PS : ça se précise pour les Oranje. C’est bien Guus Hiddink qui remplacera Van Gaal après le Mondial. La KNVB serait en négociations finales avec lui. Ses assistants seraient Jaap Stam, Ruud van Nistelrooy et Giovanni van Bonckhorst.
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