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Király, sa famille d’abord
Non content d’être le recordman de sélections en équipe de Hongrie et le type le plus classe de l’Euro portant beau le falzar gris 100 % coton, Gábor Király s’est construit un petit business prospère réunissant association sportive, centre de formation et fringues siglées. Avec ses proches en coulisses.
L’inscription apparaît en gros et en pleine poire devant le 44, rue de Timisoara à Szombathely. « Complexe sportif Király, fondé en 2003 » . Au moment où le chouchou du Hertha Berlin (et de l’Olympiastadion) entamait son ultime saison chez les Bleu et Blanc. Retraite anticipée à 27 ans ? Désir de monétiser son patronyme au cas où sa carrière virerait au cataclysme ? Plutôt la réponse B. Et en un sens, Király a eu du nez vu qu’il a ciré les bancs entre Crystal Palace et Munich 1860 (2006-2009). Zéro apparition à West Ham, six à Villa, 29 sur deux saisons à Burnley et aucune à Leverkusen.
Papa président, épouse comptable
À la baguette du « complexe Király » , on retrouve un homme qui a énormément compté dans sa vie. En l’occurrence son père, Ferenc, milieu sollicité 260 fois par le club fanion du Haladás (1970-1984). C’est lui qui lui a donné le goût du ballon. Lui qui lui a acheté sa première paire de gants lors d’une tournée en Yougoslavie avec son pote portier Péter Hegedüs, responsable de l’orientation de Gábor. Lui qui devait gagner sa croûte le matin à la MÁV (la SNCF locale, ndlr), car l’équipe était cheminote. Logique, donc, que Junior lui ait confié les clés de son domaine aux airs de Versailles consacrant l’effort. « Je suis fier que Gábor ait pu aller au bout de son rêve et rendre à la ville qui lui a tant donné. L’association héberge notamment un terrain en dur avec des cages de hand et des paniers de basket où n’importe qui peut venir se dépenser gratuitement. Nous avons aussi une équipe de foot nommée Király SZE (KSZE) qui joue en championnat régional. Le mardi et le jeudi, des centaines de gamins et de gamines se disputent le ballon devant leurs parents qui les admirent assis dans la tribune » , expliquait Király senior au quotidien Nemzeti Sport en mai 2015 peu après l’annonce du retour du fils au bercail.
En revenant à Szombathely, Király a ramené femme et enfants nés à Berlin en plus de son inamovible futal grisâtre. Le cadet, Mátyás, copie le style de son vieux et son job, puisqu’il a défendu les buts de Fulham chez les U11 en même temps que papa (2014-2015) et que le rejeton du « Mou » chez les moins de 15. Zsanett, l’épouse de survêt’ Gábor rencontrée à 17 balais juste avant qu’il ne termine son lycée pro section jardinage décoratif et n’accomplisse ses douze mois de service militaire à la douane austro-hongroise environnante, s’est quant à elle lentement installée comme patronne des finances.
« Des personnes de confiance
»
Si elle maîtrise la calculette, Zsanett sait aussi manier la recette du poulet au paprika qu’elle cuisine avec sa mère pour le plaisir des papilles de Gábor, dont c’est le plat favori. Et quand il ne se délecte pas de gastronomie magyare mitonnée avec amour, Király gère sa tambouille interne par l’intermédiaire du manager István Komláti, chargé du développement du KSZE et de la logistique, de son idole de jeunesse Péter Hegedüs, propulsé directeur technique de l’asso + boss de l’académie Király dédiée à la formation des « Gabi » en herbe, et de son amie de longue date Nóra Horváth, alias « la nana de la com’ » . « Avant de devenir sa responsable médias et communication il y a quatre ans, je l’ai découvert toute petite à l’époque où mon père Imre jouait au Haladás dans les années 80 aux côtés de Ferenc Király » , se souvient l’attachée de presse. « Quand Gábor a souhaité se constituer un entourage pour piloter ses activités, il cherchait des personnes de confiance auxquelles il pouvait déléguer sans crainte quand il était débordé – il l’est toujours – ou très loin de Szombathely. Il a donc simplement choisi parmi ceux et celles qu’il connaissait le mieux, ce que tout chef d’entreprise qui se respecte ferait à sa place. Non ? »
Même occupé à préparer le huitième déjà historique contre la Belgique, le papy de l’Euro garde constamment un œil sur les siens et son image. Par exemple via une vidéo dans laquelle il souhaite un heureux anniversaire de mariage à ses parents tout en félicitant les supporters du « Nemzeti 11 » , surmotivés depuis le début du tournoi. « Gabi » fait parfois le mariole en sortant n’importe comment face à l’Islande ou en feintant un dégagement contre le Portugal. Mais derrière le pantalon ample à la Dmitri Kharine, les facéties et la calvitie, Király a un sens profond de la reconnaissance. Et des affaires.
Par Joel Le Pavous