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Kingsley Coman, le bon moment

Par Clément Gavard, au Stade de France
5 minutes
Kingsley Coman, le bon moment

Pour la première fois depuis mars 2016, Kingsley Coman a fait trembler les filets avec le maillot bleu sur les épaules. Mieux, l'attaquant bavarois a planté un doublé contre l'Albanie (4-1), samedi soir, venu couronner une prestation aboutie sur la pelouse du Stade de France. Peut-être le point de départ d'une nouvelle histoire.

Il y avait les mots, d’abord, au détour d’un entretien donné par Kingsley Coman à L’Équipe cette semaine : « J’ai évolué. Avant, peut-être que je mettais moins d’application dans mon dernier geste parce que je savais que j’allais avoir d’autres balles. Alors que maintenant, les fois où je vais y aller, ce sera avec un mental de tueur, avec une volonté d’être tout le temps efficace. » Puis, il y a eu les actes, sur la pelouse du Stade de France, samedi soir, contre une Albanie faiblarde, mais pas toujours facile à jouer. Un premier but plein de sang-froid de l’attaquant bavarois, marqué avec la pointe du pied gauche pour lancer les hostilités en première période. Et un deuxième après la pause, du pied droit cette fois, après un bon travail en pivot dans la surface. Deux tirs, deux pions. Et surtout, une délivrance mettant fin à une trop longue disette : le joueur formé au PSG n’avait plus marqué avec les Bleus depuis sa première réalisation en sélection, un soir de mars 2016 au Stade de France, contre la Russie. Une époque où Kylian Mbappé et Jonathan Ikoné – qui l’a remplacé à la 77e minute – étaient encore des minots inconnus du grand public. Une éternité, en fait.

Le roi Coman

Une efficacité maximale pour le joueur du Bayern et un grand sourire sur le visage de Didier Deschamps en conférence de presse après le succès contre l’Albanie : « Il a toujours eu cette capacité à déstabiliser l’adversaire, mais il est devenu efficace. Faites qu’il ne lui arrive rien, mais quand il est comme ça, c’est difficile pour ses adversaires. Ça fait plaisir de le revoir à un tel niveau. » Comprendre, le sélectionneur de l’équipe de France pourrait avoir besoin du joueur de 23 ans pour les échéances à venir. En l’absence de Kylian Mbappé, mais aussi d’Ousmane Dembélé ou Florian Thauvin, d’autres prétendants à l’aile droite, Coman s’imposait comme une évidence. Et il a montré pourquoi sur la pelouse. Quelques secondes avant d’ouvrir le score, il a été le premier à faire parcourir un frisson dans les tribunes du Stade de France, avec un petit numéro côté droit et un premier centre dangereux en direction de la surface albanaise. Le point de départ d’une rencontre aboutie pour Coman, qui a souvent donné le tournis à Hysaj et Mavraj dans son couloir. « Il a un jeu qu’on n’a pas devant, a expliqué Antoine Griezmann après la victoire. Il apporte de la percussion, des un-contre-un, des centres, ça nous fait du bien. »

En zone mixte, aucun joueur français n’a pu échapper à une question sur l’attraction de la soirée. Pour un son de cloche général : tout le monde est content pour le bonhomme, pas épargné par les blessures depuis le début de sa carrière. « Franchement, chapeau, a lâché Benjamin Pavard. Ça n’a pas toujours été facile avec ces blessures. Je suis très content pour lui, il a pu s’exprimer sur le terrain, c’est un joueur talentueux, efficace, c’est très dur de l’attraper sur les premiers mètres. » Des compliments partout et un constat : face à l’Albanie, Coman s’est peut-être offert son premier match référence en équipe de France. En plus de ses buts, le natif de Paris aurait même pu se transformer en passeur décisif à deux reprises si Olivier Giroud n’avait pas été maladroit (12e, 53e). La preuve qu’il était déterminé à laisser derrière lui la scoumoune et frapper un grand coup dès la rentrée des classes.

Coman, c’est loin

Il faut dire que Coman n’avait pas le droit de laisser passer cette nouvelle chance. Pas cette fois. Pas après les deux derniers couacs vécus en sélection en 2019. Au moment de découvrir le nom de l’attaquant de 23 ans sur la feuille de match une heure avant le coup d’envoi du match contre l’Albanie, il y avait cette inquiétude légitime : Coman fera-t-il toujours partie du onze titulaire à 20h45 ? En mars dernier, pour son grand retour chez les Bleus, il devait occuper le côté gauche du 4-2-3-1 de Deschamps en Moldavie, mais avait finalement dû déclarer forfait quelques minutes avant la rencontre et laisser sa place à Blaise Matuidi en raison d’une douleur à la cuisse et d’un pépin au dos. Trois mois plus tard, bis repetita : il est annoncé titulaire en Andorre, après avoir disputé quarante-cinq minutes en Turquie, avant d’être remplacé sur le gong par Wissam Ben Yedder. La raison ? Des douleurs musculaires ressenties lors de l’échauffement en salle.

Et si la poisse était enfin terminée pour Coman ? Depuis sa grave blessure à la cheville à la rentrée 2018 qui l’avait tenu éloigné des terrains pendant trois mois, le Bavarois va mieux. Beaucoup mieux. Ses statistiques avec le Bayern Munich parlent pour lui : dix buts et sept passes décisives la saison dernière (en trente apparitions) et un démarrage convaincant cet été avec deux pions et trois offrandes. Et un nouvel état d’esprit, aussi : « Les blessures m’ont aidé à relativiser, a-t-il confié dans L’Équipe. Quand tu es dans ton lit d’hôpital, tu réfléchis à tout. Il y a plein de choses dont on se plaint. Alors qu’à partir du moment où on a la santé, on est bénis. » À 23 ans, le précoce Coman est peut-être arrivé à maturité, surtout que les départs de Robben et Ribéry du Bayern devraient le pousser à prendre une nouvelle dimension chez le champion d’Allemagne, et donc à s’imposer comme une arme supplémentaire et fiable dans le groupe de Deschamps. « Je sais qu’il s’est fixé des gros objectifs cette année, a raconté son coéquipier Corentin Tolisso après le match. Je pense qu’il est en train de franchir un palier avec le Bayern. Il sait ce qu’il faut faire pour le passer et il le fait merveilleusement bien. » Commencer par enchaîner contre Andorre, avant de revenir le mois prochain pour défier l’Islande et la Turquie, serait déjà la preuve que Coman a laissé le passé derrière lui.

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