- C1
- 8es
- PSG-Dortmund (2-0)
Kimpembe, un K de force majeure
Une nouvelle fois énorme face au Borussia Dortmund lors de la victoire 2-0 du PSG en 8e de finale de la Ligue des champions, Presnel Kimpembe a affiché ce mercredi un niveau que l'on ne retrouve que dans un contexte bien précis : lorsque Thiago Silva n'est pas là.
Certaines personnes prennent juste mieux la lumière que d’autres. Vous pourriez être un pangolin à trois têtes qu’Alain Delon éclipserait votre passage dans La Piscine, c’est une certitude, le cheveu mouillé attrapant davantage le regard que l’écaille marron. C’est d’ailleurs souvent ainsi que tout commence : une daube – ou ce que l’on appelle dans le milieu du cinéma un nanard – au milieu de laquelle un corps crève l’écran. C’était le cas de Jean-Pierre Marielle, stentor imposant au cœur de films pas toujours réussis, ou de Michel Galabru, présence rassurante dans des comédies souvent nourricières.
Bref, certains types sortent du lot peu importe le contexte, parce qu’ils ont la gueule du métier, plus de talent que les autres, la démarche insolite, la réplique qui pique, le rôle du guignol. Presnel Kimpembe est de ces types-là, on ne voit souvent que lui, en bien ou en mal. Mais il faut qu’il se rende compte de quelque chose : Lino Ventura est devenu Lino Ventura le jour où il a accepté de s’émanciper du rôle de faire-valoir de Jean Gabin. Et encore une fois, Kimpembe a sorti un grand match un jour où Thiago Silva n’était pas là.
Thiago Silva, l’absent qui a toujours tort
Ce matin, la statistique était parue dans la presse comme on tire la bave aux lèvres sur un homme à terre : des sept matchs disputé au Parc des Princes sans Thiago Silva en Ligue des champions, le PSG en a remporté six (Galatasaray, Barcelone, Shakhtar Donetsk, Ajax, Barcelone et Benfica) et fait un nul (Naples). Un bilan plus que positif destiné à remettre une pièce dans la machine à polémiques, ici celle de savoir si Silva mérite une prolongation, mais surtout de permettre de porter le regard sur la charnière défensive du soir. Et le fait est que la meilleure doublette – actuelle et de demain – est celle de ce mercredi : Kimpembe-Marquinhos. Car ce que ne dit pas la statistique, c’est qu’à chaque absence de Thiago Silva, Marquinhos était aligné en défense centrale.
Et si le retour du Brésilien derrière, favorisé par celui au milieu d’un Paredes décidément très en jambes, a assurément permis de solidifier le onze parisien, la prestation du K reste étourdissante, en impression comme en chiffres. Onze duels disputés, huit remportés (soit 72,7%), sept ballons dégagés, trois fautes subies. Une prestation de premier rôle en adéquation avec le reste de l’assise défensive parisienne, où Bernat et Kehrer ont totalement bloqué les montées d’Hakimi et Guerreiro. La couverture de Sarabia et Di María a terminé de faire le travail, dressant un drôle de paradoxe avec l’an passé.
Revoilà Thilo Kehrer !
Car qui d’autre, sinon eux : l’an dernier à la même période, Thilo Kehrer donnait une chiche à Buffon pour permettre à Manchester United de prendre son huitième de finale par le bon bout, avant que Kimpembe ne termine le travail de la main. Joli coucou au destin. Eux seuls pourront dire si l’absence de public a ôté une partie du poids qui pesait sur leurs épaules, et probable qu’ils ne le diront pas, mais les deux hommes ont été ce mercredi soir sereins de bout en bout.
Le seul moment de doute du soir, cette passe en profondeur en première période pour un Håland lancé en profondeur ? Dégagé d’un tacle glissé. Tout comme Marquinhos ne doit plus sortir de la défense centrale, Kimpembe ne doit plus jouer autrement qu’à ce niveau. Reste à fermer le compte Instagram de son frère, et Lino pourra devenir Lino.
Par Théo Denmat