- Euro 2020
- Gr. F
- France-Allemagne (1-0)
Kimpembe, mode maestro activé
Seul petit nouveau dans l'arrière-garde des Bleus par rapport à 2018, Presnel Kimpembe a rendu face à l’Allemagne une copie extrêmement sérieuse. Aux côtés du taulier Raphaël Varane, le Titi Parisien est en train de s’imposer comme une valeur sûre dans la défense des champions du monde.
Il y avait un indice très clair qui pouvait laisser deviner le niveau de concentration et d’implication de Presnel Kimpembe à l’approche de cet Euro. D’habitude adepte des frasques capillaires, changeant de longueur et de couleur au rythme des saisons, celui que Vegedream a couronné « Maestro » en 2018 a fait un choix drastique avant de rejoindre Clairefontaine : tondeuse sur toute la surface du crâne, sabot 0, pas l’ombre d’un poil sur le caillou pour le distraire de son nouveau statut en équipe de France. Car il le savait : contrairement à 2018 où il n’a joué qu’un match (90 minutes très symboliques contre le Danemark), la faute à un Umtiti à son prime, Presko attaquait cet Euro 2020 en titulaire indiscutable, du haut de ses 15 sélections en Bleu. Le match contre l’Allemagne, ce mardi à Munich, n’a laissé aucune place au doute : le numéro 3 des Bleus est prêt à assumer son rôle, et il va distribuer quelques coups d’épaule sur son chemin.
Kimmich dans les cordes, les autres dans la poche
Joshua Kimmich pourra en témoigner, d’ailleurs. 29e minute, le milieu du Bayern tente de s’infiltrer dans la surface après avoir réussi l’exploit de passer N’Golo Kanté. Double effet Kiss Cool : il se prend un Kimpembe lancé dans sa direction avec la vélocité d’un 33 tonnes, qui lui a fait manger le panneau publicitaire d’un giga coup de bassin le tout sans même concéder de corner. Dans une rencontre où l’arrière-garde française a beaucoup subi, Presnel Kimpembe aurait pu se noyer, ou enchaîner les maladresses comme il est parfois capable de le faire avec Paris (même si on a bien vu cette passe très hasardeuse vers Kanté, à la 33e). Ça a été tout le contraire : avec Varane, les deux forment décidément un duo impeccablement complémentaire, qui dégage une autorité, une puissance et une assurance telles qu’ils semblent capables de faire face à n’importe laquelle des grosses équipes en lice dans cet Euro. Impérial dans le jeu aérien, clutchdans ce dernier rideau défensif (2 tacles, 3 dégagements, 1 interception, 3 ballons récupérés, 4 duels remportés sur 6), juste dans sa distribution (41 passes, 36 réussies), Presko a joué juste, propre, à la hauteur de ses partenaires du soir.
Plus là pour foutre l’ambiance
Il y avait un sacré héritage à assumer en passant immédiatement derrière Samuel Umtiti, qui a sacrifié son genou pour sortir une Coupe du monde digne des plus grands du poste. Ce n’est évidemment qu’un premier match, mais à voir Presnel Kimpembe évoluer aux côtés de Raphaël Varane ces derniers mois en Bleu, on sent un garçon qui s’est installé et qui compte bien garder sa place à un poste où Deschamps ne manque pas d’alternatives, viendrait-il à en avoir besoin. En 2018, Presko était surtout un pilier de vestiaire pour l’ambiance, et son enceinte devenue légendaire crachait du Naza du soir au matin. Aujourd’hui, Presnel semble en belle voie pour devenir un pilier sur le terrain. Le 11 juin dernier, il évoquait d’ailleurs cette évolution en conférence de presse : « Pour l’ambiance, je le fais toujours, c’est mon côté extraverti, ça fait du bien à l’équipe. Il faut savoir le faire au bon moment. J’ai pris de l’expérience, de la maturité. Laurent Blanc me disait : il faut prendre de la bouteille. C’est ce que j’ai fait. J’ai une préparation différente en club ou en sélection.(…)Il n’y a pas d’âge pour être un leader. Si j’ai l’opportunité de faire parler mon leadership, je le ferai comme d’habitude. » À grands coups d’épaule dans les attaquants adverses.
Par Alexandre Aflalo