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Kimpembe a-t-il utilisé tout son crédit ?
Malgré lui, le défenseur a précipité les deux gros revers du PSG cette saison. Mais au-delà d'un coude décollé contre Manchester et d'un genou maladroitement détendu face à Rennes, Presnel Kimpembe laisse planer le doute autour de ses capacités réelles. Le Maestro doit remettre les watts et vite.
Voilà une photo d’équipe qui pourrait bien faire tache dans l’album de famille. Ce samedi au Stade de France, le Paris Saint-Germain a offert un poster bien différent de celui du début de saison. Ici, plus de sourires rassurants ni d’alignement bien ordonné. À la place, on y voyait Kylian Mbappé rentrer tête basse au vestiaire avant le coup de sifflet final après son expulsion, Christopher Nkunku chercher des yeux un ballon envolé dans les tribunes pour ce qui resta le dernier tir au but de cette finale, Marquinhos être la cible de jets de fumigènes de ses propres supporters, un ancien de la maison régler ses comptes en direct avec la direction ou encore Neymar Junior envoyer des chicotes à un spectateur irrévérencieux. Certainement l’illustration la plus crue des désillusions parisiennes dans une saison qui se soldera uniquement par un titre de champion de France.
Pour en arriver là, il aura fallu voir les Rennais renverser une partie où ils étaient menés de deux buts au bout de vingt minutes. Si M’Baye Niang avait réveillé les Bretons en touchant le poteau à la 35e minute, c’est en réalité un Parisien qui les remettra dans le sens de la marche. Un joueur qui n’aurait peut-être pas été titularisé sans le forfait du capitaine Thiago Silva. En déviant du genou le centre de Hamari Traoré dans ses propres filets, sur un tacle hasardeux, Presnel Kimpembe s’est une nouvelle fois trou(v)é au mauvais moment et au mauvais endroit. Les faits sont là : les déboires du PSG ont souvent un lien avec des trajectoires modifiées par son jeune défenseur français.
Peine capitale
Certes, Presko n’était pas de l’élimination en Coupe de la Ligue face à Guingamp, premier coup d’arrêt dans le parcours parisien. Mais le défenseur international a été malheureusement le dénominateur commun aux échecs suivants. À commencer par celui vécu face à Manchester, où un coude légèrement décollé viendra contrer une frappe non cadrée de Diogo Dalot et offrir un penalty à Marcus Rashford pour une qualification inespérée. Malgré son but à Old Trafford à l’aller – son premier en professionnel -, Kimpembe ne pourra sortir indemne de ce huitième de finale perdu, notamment parce que, au-delà de cette intervention malchanceuse, il n’a pas été à la hauteur de l’événement.
Cela fait beaucoup pour un garçon qui s’était déjà montré en dedans au début de la saison, quand tout se passait encore bien pour ses partenaires. À cette époque, la justification d’un été chargé en émotions après la victoire des Bleus en Russie pouvait se tenir. Qu’importe si le gaucher aux trois sélections n’a participé qu’à une rencontre durant le Mondial, contre le Danemark (0-0), et restera comme l’ambianceur attitré du vestiaire. Que ce soit avec le PSG ou en sélection, les dernières performances du Val-d’Oisien sont dans l’ensemble décevantes par rapport aux attentes que l’on peut avoir pour un défenseur international régulièrement titulaire dans un club qui veut compter parmi les plus grands.
Un crédit bientôt épuisé
Finalement, on est en droit de se demander où se situe le niveau réel du joueur de 23 ans. Découvert un soir de 2017, lors d’un huitième aller face au FC Barcelone (4-0), Kimpembe a ensuite longtemps surfé sur son énorme prestation. Voir un néophyte croquer Lionel Messi de la sorte n’était clairement pas banal, alors qu’il avait également impressionné par ses qualités techniques et physiques. Le garçon avait ensuite enchaîné quelques sorties solides pour s’assurer la confiance d’Unai Emery. Le statut a évolué, le niveau moins. Dans l’ombre du duo Thiago Silva-Marquinhos, Presnel n’a pas encore passé le cap qui aurait dû lui permettre de régler la concurrence. Le Maestro pourra difficilement capitaliser durant toute sa carrière sur un coup de force face à la Pulga et un titre de champion du monde : il faudra rapidement reprendre le rythme de sa progression pour garder son pupitre.
Par Mathieu Rollinger