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Kimmich, la croissance allemande
Après la saison de la découverte en défense centrale et un Euro réussi au poste de latéral droit, Joshua Kimmich est en train de tout exploser avec Ancelotti en tant que milieu défensif. Retour sur l’ascension spectaculaire du futur grand de la Mannschaft.
Il y a parfois des moments étranges. Qui gênent. Qui dérangent presque. De ceux dont on n’a pas voulu, mais qui comptent dans un début de carrière. Ce 5 mars 2016, vers 20h30, Joshua Kimmich en fait l’expérience. Alors que le Bayern Munich et le Borussia Dortmund viennent à peine d’achever leur splendide match nul sans but, Pep Guardiola s’invite sur la pelouse, tape quelques mains et prend (visiblement) à partie le jeune Allemand de vingt et un ans, auteur d’une prestation remarquable pour son jeune âge et notamment d’un retour salvateur sur Marco Reus en première période. Au départ, l’impression donnée est que le joueur récolte une grosse soufflante de la part du Catalan. Puis, le doute s’immisce quand on voit ce dernier enlacer son petit protégé.
Enfin, la conférence de presse et les explications de l’entraîneur prouvent que les médias ont tout faux lorsqu’ils parlent d’engueulade : « J’adore ce mec, il a tout pour réussir. C’est le meilleur défenseur, peut-être le meilleur du monde. C’est ce que je lui ai dit. Arrêtez de dire qu’il n’est pas capable de jouer défenseur central. Il l’a fait contre la Juventus, et là à Dortmund où il devait se charger d’Aubameyang et de Reus. Sa performance est purement incroyable ! Il nous a énormément aidés. Je félicite donc le Bayern pour cette recrue incroyable pour les prochaines années. » Six mois plus tard, une question se pose : et si Guardiola n’avait pas tant exagéré que ça ?
Dire que Kimmich est né ce soir-là serait faux. Les suiveurs attentifs de Bundesliga crieraient d’ailleurs au scandale. Mais préciser que les propos du Pep ont fait réfléchir le natif de Rottweil tout en lui apportant une confiance bienvenue est exact. Car c’est bien l’actuel coach de Manchester City qui a osé lancer le gamin en lui offrant ses premières titularisations. Avant ses vingt-trois parties de championnat – quinze en tant que titulaire – et ses neuf en Ligue des champions – six dans le onze de départ – de la saison dernière, Kimmich n’avait connu que les deuxième et troisième divisions allemandes.
Certes, il avait été appelé en équipe nationale des U19, remportant même l’Euro de cette catégorie en 2014, mais était-ce suffisant pour postuler une place dans le onze de l’ogre munichois ? Bah oui, pour Guardiola. Profitant des absences, celui qui a été recruté 8,5 millions d’euros par le Bayern à Stuttgart s’est très rapidement imposé comme une alternative intéressante à Jérôme Boateng, Javi Martínez ou Mehdi Benatia, tous sujets à des pépins physiques. À tel point que l’enchaînement des matchs lui a donné le droit de participer à l’Euro. Le vrai, cette fois.
Cette saison, c’est un but toutes les 89 minutes
Alors qu’il ne compte qu’une seule petite sélection (75 minutes contre la Slovaquie en mai 2016 lors de la préparation du tournoi), Joshua quadruple son compteur lors de la compétition internationale en France. Lorsque Joachim Löw lui donne sa chance contre l’Irlande du Nord dans le couloir droit déserté par Philipp Lahm, le milieu défensif de formation répond présent. Il ne sortira plus de l’équipe de départ. « Il a fait un excellent boulot face à l’Irlande du Nord, il a déjà gagné pas mal d’expérience internationale avec le Bayern » , caresse son capitaine Manuel Neuer. Surtout, Kimmich montre qu’il en a dans le slip en allant inscrire son tir au but dans un quart de finale angoissant contre l’Italie, alors même qu’il en a loupé un en finale de Coupe d’Allemagne quelques semaines plus tôt. « On a vu que nos jeunes Kimmich et Hector sont restés calmes et ont été décisifs, félicite le sélectionneur. Ils ont assuré. »
Après cette folle ascension, on pouvait penser que la courbe allait ralentir un peu. Que dalle ! Depuis le début de saison, sous les ordres de Carlo Ancelotti et au poste de milieu défensif, Kimmich continue d’appuyer sur l’accélérateur. Avec une nouvelle habitude : les tremblements de filets. En 2016-2017, Kimmich, c’est trois buts en cinq matchs de Bundesliga (trois titularisations), deux buts en deux parties de C1 (une titularisation) et un but en une rencontre avec la Mannschaft. Soit un ratio toutes compétitions confondues d’un pion toutes les… 89 minutes. « Je ne sais pas pourquoi ça marche en ce moment, a-t-il halluciné récemment sur Sky. Quand on commence à marquer, on prend de la confiance. » Mais quand on a du talent, un peu de cervelle, une polyvalence bluffante et qu’on a la chance d’être dirigé par Guardiola puis Ancelotti, ça ne peut que marcher, finalement.
Par Florian Cadu