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Khedira, la tuile. Ou pas
Le genou en vrac pour six mois, Sami Khedira devra regarder de loin les prestations du Real Madrid. Un Real qui, toujours à la recherche du juste équilibre au milieu, pourrait avoir trouvé l’arme fatale avec le binôme basque Xabi Alonso-Asier Illarramendi. Merci qui ? Merci Sami…
La vie est souvent cruelle. Le football aussi. Sami Khedira a expérimenté ce vieil adage à ses dépens. Inamovible du Real Madrid avant la trêve internationale, le milieu de terrain de la Mannschaft a laissé un ligament croisé lors d’un déplacement amical en Italie. Avec une absence d’environ six mois, Sami peut dire adieu à sa saison madrilène. Son seul espoir, être remis sur pied avant le Mondial. Dommage, car, une nouvelle fois discutée en début de saison, il avait réussi à prouver son importance dans l’entrejeu du Real. Parti pour cirer le banc en début de saison, il avait forcé Carlo Ancelotti à revoir ses plans de bataille. En compagnie d’Illarramendi et Modric, il formait la troisième branche de l’équilibre merengue. Brisé, ce trio n’est plus. Avec le retour de Xabi Alonso, il pourrait même être jeté aux oubliettes. Testée à Almeria, la doublette basque Xabi-Illarramendi a toutes les chances d’être reconduite face au Galatasaray. Et si elle était là, cette satanée stabilité tant recherchée par Carlo Ancelotti ?
Précieux mais gênant
Difficile de trouver des défauts à Sami Khedira. Techniquement à l’aise, l’Allemand dispose aussi de poumons de marathonien. Un joueur des plus complets qui avait poussé José Mourinho à en faire l’un de ses hommes de base. En vrai 8 qu’il est, le bougre sait enchaîner phases offensives et défensives sans souffler. Problème, il n’est pas « sexy » . Entendez par là qu’il n’a rien du prototype du joueur galactique. Lui donne dans la besogne et ne déteste pas le contact. De par son activité, Sami Khedira s’est rapidement rendu indispensable au Real Madrid de Carlo Ancelotti. Avec le souhait d’un jeu fait de possession, les Modric, Isco et autres Illarramendi ont un profil plus adapté pour garder le ballon et savoir s’en servir. Mais, une fois le ballon perdu, ces techniciens n’ont rien de défenseurs acharnés. Et depuis le début de saison madrilène, c’est bien là que le bât blesse. A la récupération, le Real se fait rapidement dépasser et manque de liant. D’où les titularisations de l’international allemand.
Florentino Pérez a bien essayé de mettre Khedira au placard, il a reçu une fin de non-recevoir d’Ancelotti. Un coach qui admire son « agressivité mentale » . Et qui l’a reconduit lors de tous les chocs de la saison. L’ancien entraîneur du PSG pensait même avoir trouvé son point d’équilibre avec un milieu à trois Illarramendi-Modric-Khedira. Face à la Juventus, ces trois hommes avaient enchaîné l’aller et le retour. Le retour à la compétition de Xabi Alonso, de longs mois après sa dernière apparition, annonçait même une concurrence saine et exacerbée. Sauf que le retour du Basque va coïncider avec la blessure de Khedira. Avec un genou en moins, le trio du milieu perd tout sens. Seul l’Allemand pouvait assumer ce rôle de piston, premier au pressing et premier relanceur. Le jeune Brésilien Casemiro, au profil le plus similaire, est encore trop tendre pour assumer une telle relève. Jonglant depuis le début de saison entre différents systèmes, Ancelotti doit une nouvelle fois innover.
L’élève et le Profesor
Pour sa dernière sortie face à Almeria (victoire facile 5-0), Carlito a sorti de son chapeau une nouvelle formule. Un 4-2-3-1 où le duo de la Real Sociedad Asier Illarramendi-Xabi Alonso devait dicter le tempo. Pari réussi face à une faible adversité. La doublette de San Sebastian a ratissé, distribué, contrôlé. Bref, fait le taf et mis en confiance Isco. Dans un rôle plus axial, l’ancien chouchou de la Rosaleda a régalé. Surtout, cette paire Illarramendi-Alonso est un pari pour le futur (Florentino Pérez souhaite passer la vitesse supérieure pour prolonger Xabi). Dans un registre similaire à son aîné, la jeune recrue de 23 ans a tout à apprendre. Avec le frein à main depuis le début de saison, tout le Santiago-Bernabéu sent qu’il ne manque presque rien pour le voir exploser. Aux côtés du « Profesor » – sobriquet donné par Carlo Ancelotti à Xabi Alonso –, Asier a tout pour plaire. Une association qui n’aurait sans doute pu voir le jour avec un Sami Khedira apte. Triste pour lui.
Par Robin Delorme, à Madrid