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Khaby Lame : « Quand j’ai rencontré Del Piero, je n’arrivais pas à parler »
Son regard désabusé, sa moue et son petit geste des mains sont devenus un langage universel. La preuve : à 21 piges, sans parler un traître mot d’anglais ni faire de danses ou de lip dub, l’Italien Khaby Lame réunit aujourd'hui près de 90 millions de followers entre Tiktok, la plateforme qui l’a fait connaître, et Instagram. Dans ses vidéos, quand il ne porte pas son survêt de la Squadra Azzurra ou un maillot du Brésil, on a pu le voir tourner en ridicule des « life hacks » aux côtés de Paulo Dybala, Weston McKennie, Arthur ou même la légende Alessandro Del Piero. À quelques heures du match d'ouverture de l'Euro, entretien avec le plus connu des Italiens du moment.
Bonjour Khaby ! Tout le monde ou presque connaît tes vidéos, mais peu de gens te connaissent vraiment, au fond. Tu peux te présenter en quelques mots ?Je m’appelle Khabane Lame (prononcez « Lamé » , NDLR), j’ai eu 21 ans le 9 mars et je suis influenceur. Pour le moment, je vis à Chivasso (une petite ville de 25 000 habitants dans la région de Turin, NDLR), où j’ai grandi dans des logements sociaux. J’ai passé mon enfance ici, dans les quartiers populaires. Même si ces derniers temps, pour des raisons professionnelles, je suis parfois à Milan.
Comment gères-tu cette célébrité soudaine sur les réseaux sociaux ? Avec ton nombre de followers, tu es presque aussi connu que certains grands footballeurs…Je suis content d’avoir explosé comme ça, mais mon idée d’origine, ce que je veux le plus, c’est de continuer à faire rigoler les gens, comme j’ai toujours fait et comme je continuerai à faire. Les classements, ça viendra après. Faire rire les gens, ça me rend heureux, je le fais depuis que je suis un enfant. J’espère donc continuer dans cette voie, je suis très content du résultat pour l’instant.
Tu as grandi près de Turin, tu es donc supporter de la Juventus ?Bien sûr, je supporte la Juventus, je me suis passionné pour le football en voyant jouer Del Piero. Dans l’équipe, à l’époque, j’aimais beaucoup Buffon, Nedvěd, Trezeguet… Mes premiers souvenirs, c’est vraiment les coups francs de Del Piero et Pirlo, ils étaient trop forts. À chaque fois, c’était une émotion de les voir tirer les coups francs ou de les voir jouer. C’était une équipe très forte. Elle est encore forte, mais quand j’ai commencé à la supporter par le passé, je suis vraiment tombé amoureux de ce club, j’ai choisi de le supporter et je continuerai.
Dans tes vidéos, on t’a vu avec des joueurs actuels de la Juve comme McKennie, Arthur, Dybala, mais aussi Del Piero, ton idole. Ça a dû être des émotions particulières pour toi, non ?J’ai tourné avec différents footballeurs oui, mais ce qui m’a le plus ému, c’est de rencontrer Del Piero. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup et je suis très très content de l’avoir rencontré. Je l’ai rencontré grâce à mon manager, Alessandro, il a des contacts partout dans le monde, il gère différents joueurs de football et il m’a fait la surprise parce qu’il sait que Del Piero, c’est mon idole. On a déjeuné avec Del Piero et quand je l’ai rencontré, je n’arrivais pas trop à parler, j’étais très ému. Il m’a fait des compliments, on a parlé de la Juventus, après on a fait un TikTok ensemble. Pareil pour McKennie, on est allés chez lui avec mon manager, et j’étais très content.
@khaby.lame From Idol to Uncle it’s just a moment, This apple is for you?@alessandrodelpiero Da Idolo a Zio è un attimo, questa mela è per te. ##LearnFromKhabi
C’est qui ton joueur préféré, aujourd’hui ?J’en ai beaucoup. J’aime beaucoup Messi, Neymar, Ronaldo, Kanté, Mbappé… Je n’ai pas vraiment de préféré, mais quand j’aime un joueur, j’aime comme il bouge, comme il joue, son attitude sur le terrain, hors terrain. Ce qu’il fait. J’aime tout.
En tant que supporter de la Juve, comment as-tu réagi au projet de la Superligue ?Sincèrement, sur cet aspect, je suis très ignorant, je le dis franchement. Je n’ai pas une opinion claire sur la Superligue, je ne me suis pas trop informé sur ça, sur les raisons pour lesquelles ça a été créé, donc je ne sais pas vraiment ce que c’est.
Tu es né au Sénégal, mais tu as vécu toute ta vie en Italie. Dans tes vidéos, on te voit souvent avec un survêt’ de l’Italie, mais aussi avec des maillots du Brésil, des États-Unis… Du coup, tu supportes quelle équipe nationale ?Moi, je suis multinational. Je suis italien, américain, brésilien, africain. Je suis du monde. J’ai toujours supporté l’Italie, mais sur les sélections nationales, je suis neutre, j’aime différentes équipes.
Mais tu vas quand même supporter l’Italie pendant l’Euro, non ? Penses-tu qu’ils peuvent faire quelque chose de bien ?Bien sûr ! Je pense qu’ils ont une très bonne équipe. J’espère que ça va bien se passer.
Ces derniers jours, l’Italie a été secouée par la mort de Seid Visin, qui s’est donné la mort en blâmant notamment le racisme dans la société italienne. En tant qu’immigré dans ce pays, comment est-ce que tu vis ça, et notamment les nombreux épisodes racistes qui ont touché le foot italien ? Pour ce qui s’est passé, je suis vraiment dégoûté. Un jeune qui se suicide à cause du racisme, c’est quelque chose de cruel. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, parce que j’ai vécu dans les logements sociaux, et là-bas, mes amis m’ont toujours protégé. Quand il y avait quelqu’un de raciste envers moi, mes amis étaient en première ligne pour me défendre. Je n’ai jamais eu de problèmes de racisme. Entre nous, on se respecte, chacun venait d’un endroit différent, on était toujours en harmonie et on n’a jamais eu ce genre de problèmes. J’étais très triste pour le jeune qui est mort et aussi pour les autres choses qui sont arrivées au stade, par exemple l’épisode de Balotelli, de Dani Alves… Le racisme ne devrait pas exister, mais malheureusement continuera à exister parce que c’est difficile, très difficile de l’éliminer. Enfin, comme on dit, l’espoir est le dernier à mourir.
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Par Alexandre Aflalo
Propos recueillis par AAF et traduits de l'italien par Giuditta Di Cataldi