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Kevin Volland, attaquant tout terrain
Arrivé en Principauté sur la pointe des pieds au début du mois de septembre, Kevin Volland était pourtant une des valeurs sûres du championnat allemand depuis près de huit ans. Après deux premiers matchs timides, mais encourageants, le gaucher de 28 ans a prouvé ce dimanche, lors de la victoire contre Strasbourg (3-2), que son entente avec Ben Yedder allait faire des étincelles. Pour le plus grand plaisir de Niko Kovač et Paul Mitchell.
Défaits la semaine dernière sur la pelouse du Stade rennais alors qu’ils avaient fait la course en tête jusqu’à la mi-temps, les joueurs de la Principauté avaient finalement flanché et perdu leur première rencontre de la saison. Pourtant, la complémentarité entre Wissam Ben Yedder et Kevin Volland avait été intéressante en tous points. Et ça, Niko Kovač le savait en recrutant pour un peu plus de 15 millions d’euros l’ancien attaquant du Bayer Leverkusen, qu’il a ardemment réclamé à Paul Mitchell afin de pouvoir jouer les premiers rôles en Ligue 1. Un recrutement malin confirmé ce dimanche lors de la victoire contre Strasbourg (3-2), puisque l’Allemand a délivré deux passes décisives à Ben Yedder. La première, d’une remise du pied droit en première intention. La seconde, d’une offrande, toujours du même pied, et toujours pour son capitaine, qui n’a plus eu qu’à pousser le cuir au fond des filets alsaciens. Le symbole de Volland, attaquant polyvalent, créatif et décisif. Toutes les qualités requises pour faire un bien fou à l’attaque princière.
Le sale polyvalent
Tout terrain, voilà le qualificatif qui revient constamment lorsqu’il s’agit d’évoquer l’atout majeur de Kevin Volland. Normal, à Hoffenheim, où il a évolué entre 2012 et 2016, il a joué ailier droit, avec Roberto Firmino à ses côtés en tant que numéro dix. Un duo qui a fait mal aux défenses de Bundesliga tant le Brésilien et l’Allemand se trouvaient les yeux fermés. Mais il a aussi été régulièrement aligné en soutien du numéro neuf, ou comme ailier gauche afin de déposer des centres sur la caboche d’Anthony Modeste ou d’Ádám Szalai. En 2016, quand il s’engage avec le Bayer Leverkusen pour 17 millions d’euros, la polyvalence a encore été un point fort du joueur formé au TSV Munich 1860. Dans le 4-4-2 mis en place par Roger Schmidt la première saison, Volland a évolué dans un rôle de neuf et demi, aux côtés de Javier Hernández ou de Stefan Kießling.
Mais encore une fois, sa capacité d’adaptation a vite été mise à profit par ses entraîneurs, que ce soit Heiko Herrlich, mais surtout Peter Bosz, qui en fera un des tauliers de son équipe, sur le terrain comme en dehors. L’entraîneur néerlandais continuera à l’utiliser en neuf et demi dans un 4-4-2, sur le côté droit de l’attaque, mais principalement comme seul numéro neuf de son trident offensif. Un rôle que Kevin Volland aime assumer malgré les sceptiques : « Oui, j’ai déjà joué neuf et demi dans une attaque à deux pointes, expliquait-il à 11Freunde en juillet 2020. Ce n’était pas vraiment un rôle de numéro neuf, mais maintenant à Leverkusen, nous ne jouons qu’avec une pointe. Malheureusement, si je ne réussis pas quelques matchs, on dit immédiatement que je ne suis pas un vrai neuf. » Une phrase qui agace l’Allemand de 28 ans même s’il sait que Kovač l’a fait venir à Monaco pour sa polyvalence, mais pas que.
Buteur boute-en-train
Si la polyvalence d’un joueur est difficilement mesurable statistiquement, Kevin Volland ne s’est pourtant pas arrêté d’être décisif dans les vingt derniers mètres. Au contraire, il fait même partie des cinq joueurs de Bundesliga à plus de 40 buts et à plus de 40 passes décisives sur la période 2012-2020. Résultat, en 247 matchs de Bundesliga, il a inscrit 77 buts et délivré 43 passes décisives, faisant de lui l’un des meilleurs attaquants allemands de la dernière décennie. Sa régularité est visible sur le terrain, mais aussi dans son parcours, car à Hoffenheim ou au Bayer Leverkusen, il est à chaque fois resté quatre saisons. C’est aussi pour ça que Kovač a coché son nom sur sa liste de courses. D’emblée, l’entraîneur croate a souhaité reconstruire un vrai collectif, et le profil de Volland répondait à ce désir. Régulier et bosseur, il est également réputé pour sa bonne humeur et ses vannes dans le vestiaire. Comme la fois où il a réclamé au cuisinier du Bayer Leverkusen un carrelet, afin de placer le poisson sous le siège conducteur de son ami et coéquipier, Julian Baumgartlinger, qui s’offusquera rapidement de la puanteur de son bolide. Une anecdote cocasse qui en dit long sur son implication dans la vie d’un groupe.
En attendant de s’adapter au vestiaire monégasque, Volland a réussi ses débuts sur le terrain. D’abord discret contre Nantes et Rennes malgré une qualité technique au-dessus de la moyenne, il a montré contre Strasbourg que le 4-3-3 mis en place par Kovač lui sied à merveille. À droite du trident d’attaque concocté par le Croate, alors qu’il avait joué à gauche contre les Canaris, il a été le joueur offensif monégasque qui a touché le plus de ballons au cours de la rencontre (47). Sa qualité de déplacement et son sens du jeu collent parfaitement avec le profil de Ben Yedder, ce qui laisse penser que les deux attaquants pourraient également être associés côte à côte si jamais Kovač décide de plancher sur un 4-4-2, ce qu’il avait laissé croire avant la rencontre contre Nantes. Quoi qu’il en soit, après ce match réussi contre le Racing et deux passes décisives offertes par son mauvais pied, Volland a officiellement lancé sa saison ce dimanche, prouvant au passage que le mercato discret de Paul Mitchell porte déjà ses fruits. Le dernier attaquant allemand à avoir porté la liquette princière – un certain Oliver Bierhoff – n’avait pas éclairé particulièrement Louis-II de son talent. Mais cette fois-ci, en achetant Volland, l’écurie monégasque est à nouveau devenue propriétaire d’un pilote allemand aussi fiable que polyvalent.
Par Maxime Renaudet