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Kevin Diaz: « Les Pays-Bas, une vraie terre de foot »

Propos recueillis par Régis Delanoë
Kevin Diaz: «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les Pays-Bas, une vraie terre de foot<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Kevin Diaz, 30 ans, homonyme de l'actuel joueur de Nice, raconte son parcours marqué par 7 saisons de D2 hollandaise. Les Pays-Bas, pays d'adoption qu'il s'apprête à quitter, non sans un pincement au cœur.

Comment tu as débuté dans le foot…Étant d’origine portugaise, j’ai fait toute ma formation aux Lusitanos de Saint-Maur, un club dont l’équipe première oscillait à l’époque entre le National et le CFA. Quand j’ai pu postuler, c’est le moment où il y a eu une espèce de fusion ratée avec l’US Créteil. Mais le club de Saint-Maur a continué à exister et j’y suis resté trois saisons, en DH. J’étais tout jeune, j’avais 18, 19 ans. Ensuite, j’ai signé en CFA à Ivry-sur-Seine, juste à côté. C’est là que j’ai rencontré un agent et c’est lui qui, à la fin de saison, m’a proposé cette aventure hollandaise. Je suis donc parti là-bas avec un autre Français, Édouard Duplan, qui évoluait à Clermont. Le club, c’était le RBC Roosendaal. L’entraîneur avait besoin d’un ailier à droite et d’un ailier à gauche, c’est pour évoluer à ce dernier poste que j’ai été recruté.

T’as pas hésité à partir à l’étranger comme ça ?Franchement, non. L’agent m’avait bien expliqué qu’il avait l’habitude de travailler avec des clubs étrangers de divisions inférieures, Angleterre, Pays-Bas… Vu qu’en France c’est pas mal bouché, avec beaucoup de joueurs pour peu de places, il y a plus d’opportunités à l’étranger. Je lui ai dit : moi, je suis partant, si tu me trouves un plan pour jouer en pro, que c’est bien carré, allez banco on y va ! Je m’en rappelle encore très bien, je suis parti pour Roosendaal le 7 juin 2006. Le club venait juste de descendre de première division, il y avait un beau petit stade de 5000 places, fermé. Débarquant de CFA, je suis arrivé là-bas avec des étoiles dans les yeux. On m’explique que le stade est plein tous les week-ends et que l’objectif, c’est la remontée en fin de saison. Évidemment, j’ai pas hésité à signer !

Bon feeling, tout de suite ?Il y avait la barrière de la langue qui était un peu gênante. Mais j’avais pas trop peur, je suis pas timide par nature donc j’y suis allé au culot, commençant en anglais et apprenant petit à petit le hollandais. Aujourd’hui, je suis complètement bilingue. Sinon, le truc bien, c’est qu’on a quand même débarqué à deux Français, donc ça a aussi facilité les choses niveau intégration. Après, le plus dur en fait a été de s’adapter sur le terrain, parce que ça joue clairement pas le même football qu’en France. Je suis latéral de formation, mais là-bas, le 4-3-3 est une religion et on m’a tout de suite demandé de jouer sur l’aile gauche. Fallait que je montre mes qualités de vitesse, de technique, de centre… Mais c’est pas le même rôle quand même, tu dois faire avec un adversaire aux fesses qui te marque. En plus, les Hollandais ont tous de base une qualité technique très bonne, donc leur jeu est très vivant, avec énormément de courses, d’appels, de contre-appels, faut coller la ligne. Donc la première saison, il m’a fallu apprendre ça.

C’était ta première saison en pro, du coup ?Ouais, en plus. Mais physiquement ça va, j’ai pas eu trop de problèmes. En Hollande, ça joue beaucoup au ballon, c’est pas un football hyper physique. La mise à niveau s’est donc faite sans souci, d’autant que j’ai toujours eu une vie saine. Je touche du bois, j’ai jamais été blessé.

Et finalement tu n’as plus quitté les Pays-Bas…Exact, j’étais parti dans l’optique de rester pas mal de temps et après cette première saison à Roosendaal, un club un peu moins huppé m’a recruté : le FC Eindhoven, l’autre club de la ville. C’était parfait, ça m’a permis d’avoir plus de temps de jeu et d’engranger de l’expérience. On jouait pas forcément les premiers rôles, mais je me suis vraiment éclaté. Je suis resté deux saisons. Là, j’avais déjà 25 ans et je me suis dit que j’allais essayer de jouer dans un club de première division ou un club de deuxième div’ qui joue la montée. Et là, j’ai pas eu de bol : en 2009, alors que j’étais sur le point de signer mon contrat avec le SC Cambuur, l’équipe a manqué la montée en finale de play-offs aux pénaltys. Bon, j’ai signé quand même, mais du coup j’ai pas eu l’opportunité d’évoluer en Eredivisie… Dommage.

Ça n’a jamais pu se faire pour toi ?Non, c’est pas faute d’avoir essayé pourtant. Avec Cambuur, deux années de suite, on échoue encore aux play-offs. Mais tant pis, c’était bien quand même, on jouait tous les week-ends devant 10 000 personnes. Puis j’ai connu un quatrième club en 2011, le Fortuna Sittard. Un bon plan pour moi, car c’est plus proche de la France et j’avais envie de m’en rapprocher un peu. D’ailleurs là, je viens de terminer mon contrat et je vais essayer de trouver un club en France. National ? L2 ? Je sais pas ce que je vais réussir à trouver, mais je vais tenter ma chance.

« Tu peux espérer toucher entre 40 et 80 000 euros annuels »

Avec 7 saisons de D2 hollandaise, t’as moyen de nous dire ce que ça vaut ?J’aurais pas la prétention de dire que c’est du niveau de la D2 française, mais franchement c’est pas mal. Et puis niveau atmosphère, tu sens que c’est un vrai pays de football. Tu joues chaque semaine devant 5 à 10 000 spectateurs, c’est quand même pas mal quand tu compares avec certaines affluences de Ligue 2… Et puis 40 clubs pros dans un pays de 16 millions d’habitants, c’est bien aussi !

Quelle saison as-tu préférée ?J’ai un petit coup de cœur pour la dernière en fait, même si à la base j’avais déjà dans l’idée de rentrer en France. Finalement, ça a été une super saison, malgré pas mal de problèmes financiers. Sportivement, on va en play-offs et on réalise la meilleure saison du club depuis une quinzaine d’années, l’engouement était super. Et puis comme je savais que c’était ma dernière saison là-bas, j’ai bien pris le temps de l’apprécier.

Niveau salaires, ça donne quoi ?C’est équivalent à des salaires de bas de tableau de L2 en France, je dirais. Tu peux espérer toucher entre 40 et 80 000 euros annuels, pour te situer, voire 100 000 pour les meilleurs. Et t’as pas mal d’avantages, niveau voiture, appart… Donc tu vas pas là-bas pour devenir millionnaire, mais il y a moyen de quand même très bien s’en tirer.

T’as eu l’occasion d’affronter des gros clubs quand même un peu ?J’ai joué PSV en amical, Twente en coupe… Et pfff, c’est vraiment un gros regret de n’avoir pas pu jouer en Eredivisie, parce que c’est vraiment le top du top. C’est spectaculaire, ça joue au ballon, y a des buts, c’est tout pour l’attaque, t’as des vrais beaux stades… Tous les week-ends, c’est plein. Les effectifs sont souvent jeunes, mais il y a vraiment des bons joueurs.

« Les Pays-Bas arrivent toujours à faire émerger de bons joueurs »

Et t’es devenu supporter de la sélection Oranje ?Non, mon père étant français et ma mère portugaise, ce sont ces deux pays que je supporte en priorité ! Mais bien sûr que je vais continuer à suivre la sélection hollandaise. Tu restes pas 7 ans dans un pays sans garder des attaches, quand même.

Des coups de cœur en Eredivisie cette saison ?Je suis pas mal la carrière de Dries Mertens, le Belge du PSV, vraiment très bon. Son compatriote Nacer Chadli aussi, qui est pisté par la Juventus. J’aime beaucoup un mec un peu moins connu comme Toornstra (milieu de terrain d’Utrecht). En révélations cette saison, t’as aussi Adam Maher de l’AZ et puis le petit arrière gauche du PSV, Jetro Willems. Au PSV toujours, t’as le milieu Kevin Strootman qui cartonne. Le Milan AC le suit, il me semble… Et puis bien sûr, t’as les jeunes de l’Ajax. J’ai évolué avec l’un d’eux la saison dernière, Danny Hoesen. Il était prêté au Fortuna par son club de l’époque, Fulham. Je le suis pas mal du coup, il est bien, il progresse.

De quoi être optimiste pour le foot hollandais après l’échec de l’Euro 2012 ?Les Pays-Bas arrivent toujours à faire émerger de bons joueurs, ils se qualifient toujours pour les phases finales sans trop de problèmes. Après faut voir ce que ça peut donner au Brésil… Je sais que le sélectionneur Louis van Gaal est pas mal critiqué. Parce que c’est quand même un sacré caractère ! Donc avec les médias, ça se passe pas toujours bien. Et avec certains joueurs non plus.

Au final, tu conseillerais à d’autres joueurs de ton profil de tenter l’aventure étrangère ?Ouais, parce qu’il y a un très grand vivier de bons joueurs en France et que tous n’ont pas l’opportunité d’y évoluer en pro. Et pourtant, tu vois en CFA, t’as énormément de mecs très bons. D’ailleurs t’as de plus en plus d’agents et de clubs étrangers qui suivent ce championnat, avec parfois la possibilité de partir faire une petite aventure à l’étranger. C’est pas toujours dans des grands pays et c’est parfois dans des divisions inférieures, mais ça peut quand même faire une carrière intéressante au final. Moi, la mienne est pas encore finie, j’espère, mais déjà elle me plaît bien. Je me rappelle de ma mère à mes débuts en région parisienne qui me disait : « Bon maintenant, faut peut-être penser à trouver autre chose que le foot. » Moi j’y ai toujours cru, j’ai eu de la chance, j’ai su la saisir. Au moins, j’ai réalisé mon rêve de vivre du foot et ça, c’est cool.

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Propos recueillis par Régis Delanoë

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