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Kenyon : «J’aime le côté caillera d’Anelka»
Même s’il préfère désormais les playgrounds de basket US, avec un blase pareil, pas étonnant que le rappeur Kenyon aime les grands espaces. Sans doute pour cela qu’il voue un culte à l’équipe des Pays-Bas période fin 90-début 2000, et tout particulièrement son pitbull Edgar Davids. Un mec fort en gueule et dur sur l’homme. Comme tout bon MC qui se respecte.
Tu viens de Rennes, t’es d’origine congolaise. Shabani Nonda : gros kiff ?Ah ouais, grave ! J’étais grand fan. Je le trouvais super fort, hyper efficace devant le but. Par contre, quand il jouait tout seul en équipe du Congo, il ne pouvait pas porter toute son équipe. Ça ne m’empêchait pas de suivre ses péripéties lors de la CAN. On suivait quand même, quoi. On soutenait. En tant que patriote. Après, quand il y a la Coupe du monde, je supporte la France, forcément.
Mais s’il y a un match France-Congo, tu fais comment ?Franchement, je serais super grand public et je serais content dans les deux cas. Ce serait beau pour le Congo s’ils battaient la France, quand même. Mais pour la beauté du geste. Comme le Sénégal à la Coupe du monde 2002. Mais pas de patriotisme.
Hormis Nonda, t’aimais quel autre joueur ?Des mecs comme Benzema ou comme Ben Arfa ne me font pas rêver, tu vois. Mais je me rappelle qu’à l’époque, avant mes quinze ans, j’avais le poster de Trezeguet dans ma chambre. Je l’aimais bien. C’était pas la folie à côté d’un Zidane, mais il était bon. Anelka, aussi. Tout ce qui tourne autour de lui. C’est un mal-aimé. J’aime beaucoup son côté caillera. Mais pas le fait qu’il insulte ou quoi : quand t’es sur un terrain, avec l’adrénaline, on ne sait pas ce qui peut se passer, ça va à 2000 à l’heure. C’est pas très intéressant de se prononcer sur ce truc-là parce que personne n’est à sa place. On le diabolise un peu. Non, moi ce que j’aime, c’est le côté « mec en marge » . Même quand il donne les interviews, tu sens qu’il n’aime pas ça, qu’il reste en retrait.
Rennes, c’est quand même une belle équipe de beautiful losers, non ?
Rhoooo(il soupire). Chaque année, on y croit et chaque année, ça passe à peu de chose. Comme l’année dernière avec la finale de la Coupe de la Ligue (perdue 1-0 contre Saint-Étienne). En même temps, mieux vaut être un loser en finale qu’ailleurs, non ? Mais peut-être que cette année, ça va changer. On compte sur Montanier pour faire le boulot. Le départ de M’Vila n’a pas arrangé les choses, quand même. Il était bon, il faisait le taf. Malheureusement, les péripéties de la vie ont fait qu’il a atterri en Russie. Ça fait un peu chier.
T’as connu des mecs du centre de formation du Stade rennais ?Ouais, je connaissais le grand frère d’un pote qui était au collège avec moi, qui s’appelait Yacine El Jahi. Il était parti à Clairefontaine. Il a côtoyé beaucoup de mecs qui sont en équipe de France maintenant, mais lui n’a pas percé. Il a complètement lâché maintenant. Il est passé à côté d’un rêve.
Avec tous ces clubs autour, c’est qui le rival du Stade rennais ?Ben justement, on n’a pas de rivaux. Tu regardes dans les dix premiers de Ligue 1, y a qui à part le Stade rennais ? Quand je regarde le classement direct, je n’ai pas l’impression qu’il y ait de vraie concurrence dans la région. On parle ici de compétition, mais on peut aussi se considérer comme les porte-flambeau d’une région. Mais si un autre club de la région se faisait entendre au classement, je serais tout aussi content. Pour le moment, c’est le Stade rennais. Ainsi soit-il.
Tu navigues entre rap, soul, reggae, dancehall. C’est quoi ton style de jeu préféré ?Je suis à la fois gardien et attaquant. Milieu offensif et défensif. J’essaie d’être à tous les postes. Mais toujours très technique. Même dans le foot, la technique, c’est le meilleur truc. Il n’y a pas que ça, c’est vrai, mais les beaux gestes techniques, c’est ce qui fait lever la foule. Je serais plutôt retourné acrobatique, moi.
Par moment, on a l’impression que tu rappes un peu « à l’ancienne » . En foot, t’es un nostalgique, aussi ?C’est vrai que mes gros souvenirs, ça reste l’époque des Davids, des Kluivert, des Sonny Anderson à Lyon. L’époque où j’étais penché sur le foot à 200%. Donc les meilleurs souvenirs viennent de là. Le match France-Pays-Bas lors de l’Euro 2000 (3-2 pour les Pays-Bas en poule), ça m’avait rendu fou. Je sais pas pourquoi, mais j’étais à fond sur les Pays-Bas. Davids, c’était un bourrin, il était bien rentre-dedans, avec ces dreadlocks… Autant au niveau de son jeu que de son physique, j’adorais son style. C’est un ressenti de gamin : tu t’attaches à des personnages et à des styles de jeu. Après, quand tu vois ce que fait Messi, tu ne peux pas parler d’une meilleure ou d’une moins bonne époque.
Et pourquoi Sonny Anderson à Lyon, alors ?Parce que je me rappelle que ce qu’il faisait, c’était la folie. Il faisait des trucs d’alien. C’est des souvenirs lointains, mais si je te les sors maintenant, c’est qu’il y a une raison.
À écouter : Kenyon – Le cas local vol. 2, sortie le 23 septembre
1re partie de Tairo à l’Olympia le 23 novembre.
Propos recueillis par Matthieu Rostac