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Keith Robinson : « Le destin voulait que ce poteau frappe mes couilles »
Samedi 18 janvier. Newcastle, 14e de Premier League, reçoit Chelsea, 4e, dans le cadre de la 23e journée du championnat. Il aura fallu attendre la toute fin du temps additionnel, la 94e minute précisément, pour qu’Isaac Hayden délivre les Magpies (1-0). Pendant sa célébration, son partenaire Matt Richies, emporté dans l’euphorie, tape de toutes ses forces dans le poteau de corner... qui vient taper les parties intimes de Keith Robinson, supporter heureux de Newcastle, qui n’avait rien demandé à personne. À 58 ans, ce responsable de ventes pour une entreprise de fournitures de laboratoire tient clairement son quart d'heure de gloire.
Commençons tout d’abord par prendre de tes nouvelles. Comment ça va depuis en bas ? Oh, ça va beaucoup mieux, je vous rassure ! Mes boules ont retrouvé leur couleur normale et je ne ressens plus de douleur en particulier. Mais je m’en souviendrai toujours de ce jour-là ! Et je ne verrai surtout plus jamais les poteaux de corner de la même façon. Remarquez, ça fera toujours une bonne anecdote à raconter à mes amis.
— Aaron Coates (@aaron_coates) January 18, 2020
Est-ce que tu peux nous décrire la scène telle que tu l’as vécue ? Sur les vidéos que l’on voit tourner sur les réseaux sociaux, on a du mal à comprendre dans un premier temps pourquoi tu te plies de douleur…J’étais à fond derrière mon équipe de Newcastle de la première jusqu’à la dernière seconde. C’est comme si j’étais redevenu enfant.
Je n’en pouvais plus de crier. Sur chaque occasion de Chelsea, je retenais ma respiration. On était vraiment dans un bon jour, il faut croire. Et puis il y a eu ce centre de Saint-Maximin, il ne restait qu’une trentaine de secondes à jouer… Et ce coup de tête rageur d’Hayden ! Sur le coup, c’est la folie absolue, et j’insiste sur ce terme. Les joueurs sont venus tout près du poteau de corner pour célébrer ce but comme il se doit. C’est là que Richies a frappé ce poteau de corner de toutes ses forces, c’est allé tellement vite que je n’ai rien vu venir. J’ai ressenti cette douleur dans mes boules. J’avais vraiment l’impression que quelqu’un me les avait retirées d’une seule main tellement c’était violent sur le coup. Mais il fallait juste attendre que ça passe finalement !
Ce qui est quand même dingue, c’est qu’en l’espace de quelques secondes, tu es passé par tous les sentiments…C’est exactement ça, mais que voulez-vous ? Il faut faire avec ! Le destin voulait que ce poteau frappe mes couilles, ça y est, c’est fait. J’espère qu’elle n’auront rien d’autre, les pauvres ! Qu’on les laisse tranquille !
Parmi les nombreux commentaires qu’a suscités la vidéo, il y a des internautes qui compatissent avec toi et d’autres au contraire qui sont plus cinglants…Oh vous savez, je suis quelqu’un qui a beaucoup d’humour et d’auto-dérision. Je ne me suis pas vraiment focalisé là-dessus, le plus important, ce sont les trois points ! On a battu Chelsea, tu te rends compte ? CHELSEA ! Alors autant te dire que mes couilles passent après ! Mais la très grande partie des réactions, qui sont venues du monde entier, ont été très drôles. Quoi qu’il en soit, je ne m’attendais absolument pas à ce que ça prenne de telles proportions !
On sent vraiment dans ton intonation que tu prends les faits vraiment très à cœur. Le foot, c’est ta deuxième peau ? Je vis toujours les choses vraiment à fond. Concernant Newcastle, ça fait 15 ans que je les suis. On est passé par tous nos états… Et c’est ça justement qui est magique dans le foot : un sport qui véhicule autant d’émotions, c’est très très rare, c’est presque même inédit. Il y a plein de trucs que je kifferais encore vivre avec Newcastle : que l’on recrute Sergio Agüero par exemple ! Même Lingard, je suis sûr qu’il pourrait mettre au moins un ballon au fond chez nous.
On l’a encore vu mardi dernier : un deuxième match fou de Newcastle qui réussit à remonter deux buts, à la 94e et à la 95e minute contre Everton. Vous aussi vous avez votre « Fergie Time » alors ! (Il éclate de rire.) Oui, on dirait bien que c’est bien parti pour devenir une habitude. Moi qui vais tout le temps au stade, c’est un kif absolu de vivre des moments comme ça. Quel pied !
Et vos boules, elles n’ont rien eu cette fois ?Rien du tout. J’ai définitivement rompu toute relation avec les poteaux de corner !
Propos recueillis par Chad Akoum