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Kebano : « J’ai donné une priorité au temps de jeu sur mon salaire »

Propos recueillis par Raphael Gaftarnik
Kebano : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J’ai donné une priorité au temps de jeu sur mon salaire<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il fait partie des sacrifiés du PSG version qatarie. Neeskens Kebano, milieu de terrain aussi atypique que son patronyme, a choisi de s'exiler après une saison en prêt à Caen. En Belgique, le joueur de 21 ans a regagné en temps de jeu et régale désormais les habitants de Charleroi. Sans jamais oublier le club de son cœur, Neeskens raconte ses premiers pas dans une ville qui l'a déjà adopté.

Quel a été ton parcours avant de rejoindre le Sporting Charleroi ?J’ai commencé par évoluer dans le club de mon quartier, à Montereau, de 6 ans à 13 ans. Ensuite j’ai été repéré par plusieurs clubs de Ligue 1 pour intégrer les centres de formation. Il y avait Rennes, Sochaux, Strasbourg, Auxerre ou encore Bordeaux. Mais j’ai choisi Paris, car c’est mon club de cœur. J’y suis resté de mes 13 ans jusqu’à 21.

Comment tu t’es retrouvé dans ce club ?J’ai appris qu’ils étaient intéressés par mon profil. Ils m’ont présenté le projet, ce qu’ils voulaient faire, et j’ai décidé de venir car j’étais en recherche de temps de jeu.

Tu connaissais déjà la Belgique ? Oui, je connaissais pas mal car j’ai passé quelques vacances dans le pays. J’ai beaucoup de famille qui réside dans le coin dont quelques cousins et ma tante. Avec le PSG, j’avais également joué contre Anderlecht lors d’un tournoi au Portugal.

Parle-nous un peu de la ville.Je me suis installé en centre-ville. Il faut dire que j’y étais un peu obligé. J’ai perdu mon permis à Caen l’an passé donc il fallait que je ne sois pas trop loin des installations ! (rires). Sinon, l’ambiance est très sympa. Le peu de fois où je me suis baladé, j’ai rencontré des gens qui m’ont souri, m’ont salué. Ils sont très respectueux des joueurs de leur équipe et n’hésitent pas à te glisser un petit mot d’encouragement. Pour moi évidemment, ce qui revient le plus souvent c’est « J’espère que tu vas marquer ! »

Comment s’est passée ton intégration dans ta nouvelle équipe ?Super. Au début, je suis resté un peu dans mon coin à observer les autres membres de l’effectif, sans faire de vagues. Petit à petit, les gens sont venus vers moi. Comme je suis quelqu’un d’assez sociable en général, ça a été plutôt facile une fois le contact établi. En plus, il y a beaucoup de Français dans l’équipe, dont Parfait Mandanda que je connaissais, ce qui est forcément est un avantage.

Le championnat belge est-il d’un bon niveau ?C’est clairement inférieur à la Ligue 1. C’est un championnat moins homogène avec des petites équipes et d’autres qui se débrouilleraient si elles évoluaient en France. Je pense que le Standard, Anderlecht ou Zulte y auraient leur place. À Charleroi, on ne prétend pas être aussi forts que ces équipes mais depuis le début de saison, on a obtenu de bons résultats contre ces « gros » . Après le match aller d’Anderlecht face à Paris (5-0), les gens ont pu penser que l’écart était énorme. Mais au retour, ils se sont donnés à 200%. Le PSG, qui n’a sans doute pas abordé la partie de la meilleure des façons, n’a pas pu ramener mieux qu’un match nul, ce qui prouve que les clubs belges peuvent aussi bien jouer.

Comment se déroule un derby contre le Standard ?Les supporters de Charleroi sont venus nous voir avant le match pour nous demander de tout donner. L’an passé, l’équipe a mangé 6-2 à l’aller et 6-1 au retour. Il y avait une envie de revanche. On a finalement réussi à décrocher 2-2. Au retour du match, quand le car est arrivé dans Charleroi, il y a eu un énorme accueil avec des chants et une foule amassée. J’ai vu à quel point le derby était important pour le staff, les supporters. Rien qu’à voir les têtes après la rencontre, j’ai su qu’on venait de faire quelque chose de grand. Ça reste mon meilleur souvenir depuis mon arrivée.

En dehors de ce contexte particulier, la ferveur est-elle la même ?Si je compare ça à la France et en particulier à Paris, je dirai que c’est extrêmement différent. Les supporters peuvent plus s’approcher des joueurs, rien qu’aux entraînements. Au PSG, tu es scruté pour tes moindres faits et gestes et c’est plus sur ta vie privée qu’on t’embête. Après, sur le plan strictement footballistique, tu trouves la même chose. À Charleroi, il commence à y avoir une superbe ambiance et grâce à une série de bons résultats, le stade s’est rempli. Au final, c’est à peu près la même ferveur qu’en Ligue 1 si on parle uniquement de football.

Et question salaire, tu t’y retrouves ?La différence est colossale. Mais l’obligation pour moi, c’est d’être sur le terrain. J’ai donné une priorité au temps de jeu sur mon salaire. Après, les gros clubs belges n’ont rien à envier aux clubs de Ligue 1.

Ressens-tu la division du pays autour du conflit Wallons-Flamands ?Je dois avouer que je ne m’y intéresse pas plus que ça. D’ordinaire, je suis quelqu’un d’assez casanier et je me concentre beaucoup sur mon jeu. Alors mise à part la langue à laquelle je ne comprends rien (rires), les seules choses que j’ai pu observer concernant le sujet, c’était lors des rencontres face aux clubs flamands. Tu ressens la rivalité, les rencontres sont beaucoup plus engagées et accrochées.

« Ne plus avoir cette étiquette de jeune joueur du PSG »
Le rapport au foot a-t-il évolué avec l’éclosion de la nouvelle génération belge ?L’équipe de Belgique a eu une influence. Les gens ici ne regardent pas autant les émissions consacrées au foot ou les matchs à la télé mais c’est en train de changer. La popularité de ce sport augmente depuis que les Diables rouges cartonnent. Personnellement, je suis sûr que c’est une génération qui est promise à un bel avenir et je ne suis pas le seul à le penser. C’est une équipe en devenir qui peut accrocher par exemple une demi-finale lors du prochain Mondial.

Revenons un peu à la France. Comment s’est passé ton départ de Paris ?Il me restait 3 ans de contrat, j’aurais pu rester même si j’allais très peu jouer et me contenter de bouts de matchs. Mais je voulais sortir du nid et voir ma propre image ailleurs, ne plus avoir cette étiquette de jeune joueur du PSG.

Tu étais un espoir du club. L’arrivée des Qataris a-t-elle changé la donne ?Si les Qataris n’étaient pas arrivés, ça aurait fait plus de place pour moi ou des mecs comme Bahebeck. D’un autre côté, j’étais supporter du club avant d’en être joueur, donc de ce point de vue-là, c’est une bonne chose. Et puis j’ai quand même côtoyé des joueurs d’une autre trempe. Mais en tant que footballeur, je me devais de partir.

Quel regard tu portes sur le changement de dimension du club ?Je les suis toujours, je regarde les matchs. Je parle encore avec certains de là-bas. J’étais bien pote avec Sakho, Jallet, Sissoko, Nene. Il ne reste plus que Christophe d’ailleurs. Le départ de Mamadou Sakho, ça marque vraiment un tournant de l’histoire du PSG. C’était l’emblème du club et perso, j’étais dégouté. J’ai pu discuter avec lui des conditions de son départ, mais ça reste entre nous.

Comment s’annonce ton avenir à Charleroi ?Je ne sais pas du tout. Je resterai le temps qu’il me sera donné. L’important pour moi, c’est vraiment le temps de jeu, qu’importe le club ou le championnat.

Højbjerg, la pièce maîtresse

Propos recueillis par Raphael Gaftarnik

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