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Keane, Perfect Symmetry

Par Maxime Brigand
7 minutes
Keane, Perfect Symmetry

Appelé pour la première fois lors du dernier rassemblement international de l’Angleterre par Gareth Southgate suite à la blessure de Glen Johnson, Michael Keane n’a pas eu l’occasion de jouer une seule minute. Reste que par sa convocation, le gosse a rappelé Manchester United à ses erreurs et a fait résonner son excellent début de saison avec Burnley.

La silhouette est debout, l’équilibre est incertain et l’homme chancelle comme un boxeur cabossé dans ses cordes. Face caméra, il affiche une fausse assurance et affirme avoir, quelques minutes plus tôt, « vu de belles choses » sur la scène du Stadium mk de Milton Keynes. Louis van Gaal n’est à Manchester que depuis quelques semaines. Juste assez pour souffler sur les braises d’une crise apparente au cœur d’un club déjà privé de campagne européenne pour la première fois depuis 1990. Le Pélican a planté son début de mandat par une défaite dès sa première sortie à Old Trafford contre Swansea (1-2) et un nul peu convaincant à Sunderland (1-1). Le 26 août 2014 et un deuxième tour de League Cup contre une équipe de League One (D3) doit alors servir de thérapie à un groupe sans confiance. Sauf que, comme souvent avec Van Gaal, rien ne s’est passé comme prévu et cette soirée d’août va marquer un tournant majeur de son idylle brisée avec Manchester United. Sur la feuille de match, des gosses et des joueurs à la relance encadrés sous les gants de David de Gea.

On y trouve Jonny Evans, Nick Powell ou encore Shinji Kagawa, la bedaine d’Anderson, et Welbeck, accompagné du sous-coté Chicharito Hernández. Pour beaucoup, cette représentation sera la dernière sous le maillot de United. Car, ce soir-là, le groupe couché par Louis van Gaal sombre totalement, entre un but de la poitrine de Will Grigg, un doublé de Benik Afobe, une prestation défensive horrible et les premiers éclairs d’un gamin nommé Dele Alli, alors dans sa dernière saison chez les Dons avant de filer à Tottenham. Milton Keynes allume Manchester United (4-0) et Van Gaal, troisième du dernier Mondial avec les Pays-Bas, vient de décider de couper ses premières têtes, alors qu’Ángel Di María vient d’être annoncé sur un tapis rouge par le club. Quatre jours plus tard, Kagawa est vendu à Dortmund, Welbeck à Arsenal, Powell est prêté à Leicester et Hernández au Real. Un gamin, Michael Keane, vient lui aussi de griller sa chance et est refilé en prêt à Burnley. De cette soirée, il ne reste plus que David de Gea.

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Les avances repoussées

C’était donc il y a plus de deux ans. Van Gaal a depuis été remplacé par José Mourinho, Manchester United est encore en phase de reconstruction, mais Michael Keane vient d’être convoqué par Gareth Southgate chez les grands, avec les Three Lions, la sélection A de l’Angleterre, à vingt-trois ans. L’histoire est belle, alors que le défenseur, transféré définitivement à Burnley en janvier 2015, vient de retrouver certains anciens potes de Carrington à St George’s Park. En quelques mois, Keane, dont le frère jumeau Will vient aussi de se barrer de United pour rejoindre Hull City malgré un statut de grand espoir du club, a complètement changé de dimension. Il a glané un titre de champion de Championship sous les couleurs de Burnley avec lequel il muselle les buteurs adverses de Premier League depuis le début de saison comme un prince aux côtés de Ben Mee. Il a également acquis un statut d’homme du match contre Arsenal (0-1) le 2 octobre dernier et reçu des avances de Leicester cet été.

Surtout, Chelsea a affiché sa volonté d’en faire un pari sans risque pour l’avenir dès le prochain mercato hivernal, alors que son contrat avec les Clarets court jusqu’en juin 2018. Lui parle d’un « rêve éveillé » , d’autres y voient plutôt une certaine logique avec, comme premier rideau, son coach Sean Dyche qui ne cesse de répéter publiquement que la base de son système défensif « n’est pas à vendre » . « C’est la vie à Burnley. C’est aussi la preuve que les gens reconnaissent le travail qu’on fait ici, mais nous ne voulons pas vendre nos joueurs » , expliquait récemment Dyche pour balayer les rumeurs qui entourent Michael Keane.

La FA Youth Cup et la science

Hier encore, pourtant, le gosse de Stockport n’était qu’un espoir dont l’avenir était au départ bloqué par la paire monstrueuse Ferdinand-Vidić. Ferguson l’avait envoyé gratter de l’expérience en prêt à Leicester, puis Moyes l’a filé à Derby County et Blackburn. Sauf que Keane a raté le tournant malgré un nom qui rappelle la jeunesse de United victorieuse de la FA Youth Cup 2011 avec Pogba, Lingard, Johnstone et l’espoir déchu Ravel Morrison. En récupérant le groupe à l’été 2014, Louis van Gaal avait expliqué au jeune défenseur « compter sur lui » comme il l’avait par exemple fait avec Jesse Lingard. Après la victoire en FA Cup contre Crystal Palace en mai dernier, le vice-président de Manchester United, Ed Woodward, avait affirmé que l’héritage du Pélican résidait dans « la chance donnée à certains jeunes joueurs d’avoir pu montrer leur potentiel au plus haut niveau » .

Cela a été le cas avec Marcus Rashford et Fosu-Mensah, mais il s’est aussi planté avec Paddy McNair et Tyler Blackett. « Je pense que si j’avais eu plus ma chance, j’aurais pu être devant ces deux joueurs dans la hiérarchie, expliquait cette semaine Michael Keane au Daily Mail. Ce match à Milton Keynes a été un cauchemar et c’est le jour où Louis van Gaal a décidé de vendre un gros nombre de joueurs. Ce match m’a simplement tué. Mais, finalement, je me suis relevé. Je n’ai aucun regret. » Car à United, Keane a aussi beaucoup appris aux côtés de Ferdinand et Vidić en parallèle de ses études de sciences. Interrogé cette semaine par le Manchester Evening News, son ancien coach à United, Paul McGuinness a expliqué le problème : « Michael est un exemple parfait pour la nouvelle génération. À l’époque, il n’était pas le joueur le plus talentueux de son groupe. Il était maladroit et peinait à contrôler ses mouvements, donc sa technique était inférieure aux autres.(…)Manchester United a eu d’autres exemples comme lui, que ce soit Jonny Evans ou Ryan Shawcross.(…)Mais il avait une grosse détermination. Il faut savoir qu’à quinze-seize ans, face à son physique, il ne venait pas tous les jours, car on lui avait demandé de bosser à l’école pour sécuriser son avenir. »

La piscine et la chance

Et le voilà donc débarqué en sélection après la blessure de Glen Johnson, où il a retrouvé son meilleur ami Jesse Lingard et son ancien boss chez les Espoirs, Gareth Southgate. Keane : « Il sait comment me faire évoluer et on a travaillé ensemble pendant plusieurs années chez les U21. C’est quelque chose qui aide forcément dans l’adaptation. » Le défenseur de Burnley se retrouve aujourd’hui au cœur d’une sélection qui tente de retrouver de la confiance, notamment dans son axe central, alors que les Three Lions cherchent quelqu’un pour accompagner dans la durée John Stones, Cahill étant devenu instable et Jagielka vieillissant.

Cela pourrait finalement être lui. « J’ai toujours eu cette idée dans un coin de ma tête. C’est un honneur de rejoindre l’équipe nationale et j’espérais que ça arriverait plus tôt que prévu. Un nouvel entraîneur veut toujours poser sa patte et amener ses propres joueurs. Je n’y pensais pas mais j’espérais, oui » , expliquait-il cette semaine au site officiel de la FA. Le tout alors que Keane n’a pas entendu sur le coup les appels de Southgate et Sean Dyche, trop occupé à claquer des longueurs dans sa piscine personnelle. L’histoire s’est finalement écrite ainsi. Et les doutes se sont envolés de la même manière. Reste maintenant à assumer.

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