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  • Un jour, un transfert
  • Épisode 16

Kâzim Kâzim à Toulouse : Need for speed

Par Raphaël Brosse
6 minutes
Kâzim Kâzim à Toulouse : Need for speed

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. Pour ce seizième chapitre, pleins feux sur le prêt de Colin Kazim-Richards (aka Kâzim Kâzim) à Toulouse, en janvier 2010. Le globe-trotteur anglo-turc n’est resté que six mois dans la Ville rose. Un passage éclair, aussi bien sur les terrains que volant en main.

Et dire que tout est parti d’un jeu destiné aux fans… En 2005, Aaron Berry remporte Win a Player. Cet étonnant concours, sponsorisé par Coca-Cola – alors partenaire du Championship anglais –, permet au vainqueur de faire bénéficier le club de son choix d’une somme de 250 000 livres, à utiliser sur le marché des transferts. En bon supporter de Brighton & Hove Albion, Aaron confie la gestion de cette coquette somme à Mark McGhee, le manager des Seagulls. Ce dernier jette son dévolu sur un jeune attaquant de 19 ans, qui vient de boucler sa première saison pro du côté du Bury FC, en D4. Son nom : Colin Kazim-Richards. Grâce à ce coup de pouce du destin, le Coca-Cola Kid grimpe de deux étages dans la hiérarchie du foot anglais et donne un premier coup de boost à sa carrière. Une carrière placée sous le signe du nomadisme et d’expériences aux quatre coins du monde. Du Royaume-Uni au Mexique, en passant par la Turquie, les Pays-Bas ou le Brésil, celui que l’on connaît mieux sous le nom de Kâzim Kâzim reste rarement bien longtemps au même endroit. À date, déjà dix-sept clubs figurent sur son très long CV. Parmi eux, le Toulouse FC.

Euro épique et « marathons du sexe »

Avant d’atterrir dans le fief d’Airbus, ce globe-trotteur invétéré trace donc d’abord son sillon à Brighton, puis à Sheffield United. À chaque fois, les observateurs décèlent chez lui une réelle faculté à faire la différence, par son explosivité et sa qualité de dribbles. Ses stats, en revanche, ne sont guère flatteuses pour un avant-centre, capable également de jouer en tant qu’ailier. Un petit but en trente matchs toutes compétitions confondues en 2006-2007, c’est fort peu. Le natif de Londres tape toutefois dans l’œil de l’imposant Fenerbahçe, qui n’est pas insensible à ses racines turques (son père vient d’Antigua-et-Barbuda, mais sa mère est originaire de Chypre du Nord, territoire sous influence de la Turquie depuis 1974). Le transfert est acté, Colin Kazim-Richards déménage à l’autre bout de l’Europe, se fait appeler Kâzim Kâzim et se montre vite à son avantage avec les Sarı Kanaryalar. Devenu international turc, il participe même à la folle épopée de l’Euro 2008, sous les ordres de Fatih Terim. La belle histoire connaît cependant un coup d’arrêt brutal fin 2009. La raison ? En plus de passer pour un irresponsable au volant (après s’être fracturé un poignet en conduisant, il révèle tranquillement à Sky Sports ne pas toujours accrocher sa ceinture de sécurité), Kazim est accusé par la presse locale de participer, comme plusieurs de ses coéquipiers, à des « marathons du sexe » dans des hôtels stambouliotes. Face au scandale, le Fener n’a d’autre choix que de placer son attaquant sur la liste des indésirables. Il faut profiter du mercato hivernal pour l’exfiltrer.

C’est donc dans ce contexte que l’international turc quitte les rives du Bosphore pour découvrir celles de la Garonne. Fenerbahçe et Toulouse se mettent en effet d’accord pour un prêt de six mois, avec option d’achat. Englué en deuxième partie de tableau, le TFC est alors à la recherche d’un renfort capable de dynamiser une attaque en berne et bien trop dépendante d’André-Pierre Gignac. « C’est un joueur qui vient avec beaucoup de motivation, qui a les qualités pour apporter à l’équipe dans un registre offensif, se félicite Alain Casanova, l’entraîneur des Violets, au moment de la présentation de l’intéressé à la presse. Il peut jouer dans l’axe, sur un côté. Il est vif, puissant et possède un gros mental. Il est aussi capable de donner beaucoup de passes décisives. » S’il se montre évasif sur les raisons officielles de son départ précipité d’Istanbul – « j’ai pris un carton rouge contre Beşiktaş, j’ai été suspendu quatre matchs. Ensuite j’ai eu un accident de voiture, et je n’ai donc plus rejoué » -, Kâzim Kâzim paraît enthousiaste à l’idée de relever le challenge haut-garonnais : « Ici, à Toulouse, c’est un nouveau pas dans ma carrière, et dans ma vie. Toulouse est une belle ville, avec des gens chaleureux, une équipe accrocheuse, je ne vois pas pourquoi je devrais avoir des regrets, surtout quand vous êtes désiré comme c’est le cas ici. Je suis prêt. »

L’accélération de trop

Il l’est effectivement. Dès sa première entrée en jeu, au Mans, le numéro 9 qui n’a jamais affolé les compteurs trouve le chemin des filets (1-3). Il récidivera mi-avril, permettant aux Toulousains d’arracher le point du nul dans le temps additionnel à Montpellier (1-1). Pour le reste, on se souvient avant tout d’un joueur fantasque, capable de fulgurances et n’ayant pas peur de provoquer balle au pied. On ne peut toutefois pas passer sous silence un déchet technique important, ni un travail défensif lacunaire. En somme, pas de quoi marquer durablement les esprits. « Franchement, je n’ai rien de passionnant à dire sur Kâzim Kâzim… », souffle un cadre de l’effectif de l’époque.

Le Turc a néanmoins laissé une petite trace extrasportive de son passage dans la Ville rose. Le 7 mai, à la veille d’un déplacement à Saint-Étienne, il est pris en flagrant délit d’excès de vitesse au volant de son puissant 4×4 dans la grande-rue Saint-Michel, en plein centre de Toulouse. Comme si cela ne suffisait pas, Kâzim fait des histoires au moment de son interpellation et se rend coupable d’actes de rébellion contre les forces de l’ordre. Sept mois plus tard, le tribunal correctionnel le condamne à deux mois de prison avec sursis et 3000 euros d’amende, plus des dommages et intérêts pour les policiers. Mais l’homme aux 37 sélections avec les Ay-Yıldızlılar n’est plus là. Le Téf’ n’ayant pas levé son option d’achat, il est retourné en Turquie, troquant rapidement la tunique de Fenerbahçe pour celle du rival honni, Galatasaray. S’ensuivent des piges plus ou moins longues à l’Olympiakos, au Feyenoord, au Celtic, chez les Corinthians ou encore à Pachuca, avant un retour en Angleterre. Désormais âgé de 35 ans, Colin Kazim-Richards évoluait dernièrement au sein du Derby County de Wayne Rooney, relégué en League One. Son contrat vient tout juste d’arriver à échéance. Rien ne dit, néanmoins, qu’il ait l’intention d’appuyer sur la pédale de frein.

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Par Raphaël Brosse

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