- Leicester champion d'Angleterre
Kasper Schmeichel, la gloire de mon père
Titulaire dans les buts de Leicester, Kasper Schmeichel a longtemps été perçu comme un gardien de seconde zone. Et le simple fils de la légende Peter Schmeichel. Mais à 29 ans, le Danois aspire à tracer sa propre voie, sans être comparé à quiconque.
« Cela ne m’a pas aidé dans ma carrière. C’est plutôt le contraire, je pense. » Kasper Schmeichel est actuellement l’un des meilleurs gardiens de Premier League. Mais pendant longtemps, il a seulement été le fils de Peter Schmeichel, mythique gardien champion d’Europe 1992 avec le Danemark et vainqueur du triplé 1999 avec Manchester United. « J’aurais joué beaucoup plus en Premier League si cela n’avait pas été le cas » , estime le fiston, qui, à 29 ans, a encore l’impression d’être considéré comme le fils d’une ancienne vedette plutôt qu’un joueur professionnel aguerri. « J’ai 29 ans, je suis marié, j’ai deux enfants, mais les gens me voient encore comme le fils de quelqu’un, comme un enfant. »
Et avec le temps, la tendance ne s’est pas arrangée pour le gardien titulaire de l’équipe du Danemark. « C’est de pire en pire chaque mois. » Outre le fait que le jeu des comparaisons lui rappelle qu’il ne sera jamais l’équivalent de son paternel, une légende du poste, Kasper Schmeichel se souvient surtout que sa condition lui a pris sa jeunesse. « Je ne suis probablement pas très accessible parce que durant toute ma vie, depuis mes huit ans, j’avais des gens qui campaient derrière mon but et je les entendais murmurer :« C’est le fils de Peter Schmeichel. » » Dans les cas les plus bénins.
« Tu assures mec, mais tu n’égaleras jamais ton père »
Pour Kasper Schmeichel, la vie ressemble à une éternelle comparaison en sa défaveur. Même quand on vient lui demander un autographe ou une photo : « Tu assures mec, même si tu n’égaleras jamais ton père. » Le gardien de Leicester a toujours essayé de vivre avec, comme avec les sollicitations permanentes « que beaucoup de joueurs ne connaissent qu’à partir du moment où ils passent pro » . Et donc, contrairement à lui, vivent une vie relativement normale jusqu’à 18 ans. Kasper Schmeichel, lui, a vu toute son existence influencée par la présence envahissante de l’aura paternelle. Avec quelques aspects positifs comme une éducation anglophone qui le fait parler aujourd’hui dans la langue de Shakespeare sans l’ombre d’un accent danois.
Pour Schmeichel senior, le parcours actuel de Kasper est une fierté. « Je suis fier, je pense qu’il a vraiment fait de bonnes choses. » Mais l’ancien portier fétiche de Sir Alex Ferguson se défend d’avoir poussé son fils sur ses pas : « J’aurais été fier, quoi qu’il fasse. » Si fier que, contrairement à son fils, quand on lui fait remarquer qu’il a fait une meilleure carrière, il rentre dans le tas. « Il déteste ces blagues, il est rude. » Parce qu’il sait probablement la teneur des efforts consentis par son fils et la difficulté à vivre dans l’ombre. D’ailleurs, quand la presse le questionne sur la bonne forme de Leicester, Peter Schmeichel botte en touche pour laisser le soin à son fils de s’exprimer lui-même.
Joueur clé de Leicester
Une posture volontairement en retrait pour que l’on cesse d’évaluer les performances de Kasper Schmeichel à la lumière de la carrière de Peter. Et ainsi mettre en avant les qualités d’un gardien de 29 ans désormais titulaire en sélection et dans le club surprise de la saison en Premier League. Formé à Manchester City, qu’il a rejoint en 2002, le fils Schmeichel a fait ses classes dans les divisions inférieures et en Écosse avant de gratter quelques apparitions avec les Citizens lors de la saison 2007-2008. Le temps de sortir quelques belles prestations et un penalty de Robin van Persie, au point que la Football Association aurait cherché à savoir s’il était sélectionnable avec les Three Lions. Mais ce démarrage canon est un trompe-l’œil : il n’y a pas de place de titulaire pour Schmeichel à City.
Et c’est à Notts County, en 2009, qu’il lance réellement sa carrière en D4 anglaise avant de faire une saison deux étages au-dessus, avec Leeds. C’est là que Leicester est allé le chercher en 2011. Depuis, les Renards et leur Danois ont vécu trois saisons de Championship et une et demie en Premier League. Dans la bonne forme actuelle des hommes de Claudio Ranieri, Schmeichel n’est pas aussi clinquant que Mahrez ou Vardy, mais son importance n’en est pas moins capitale. Et quant à la question de savoir s’il arrivera un jour à tuer son père sur le plan sportif, Kasper Schmeichel aurait tort de se montrer pessimiste. Il est champion de Premier League à 29 ans, quand sa légende de paternel avait gagné son premier titre national avec Manchester United à presque trente. Et si le meilleur était à venir ?
Par Nicolas Jucha
Propos de Kasper Schmeichel tirés du Daily Mail, ceux de Peter Schmeichel du Daily Mirror