- Euro 2020
- Demies
- Angleterre-Danemark (2-1 AP)
Kasper Schmeichel, au plus-que-parfait
Il a enchaîné les parades durant 120 minutes, tenu à bout de bras son équipe en vie et a même repoussé un penalty de Harry Kane. Et pourtant, malgré une performance magistrale, Kasper Schmeichel n’a finalement pu empêcher l’élimination du Danemark en demi-finales de l'Euro 2020, ce mercredi à Wembley face à l’Angleterre (2-1 AP). Un final crève-cœur pour le portier de Leicester qui ne reproduira donc pas l’exploit de son père Peter, champion d'Europe en 1992 avec le pays scandinave.
Évidemment, après cette demi-finale perdue par les Danois qui met un terme à leur rêve de rééditer la performance de 1992, le débat de savoir qui fut le plus grand gardien entre Peter Schmeichel et son fils Kasper paraît plus simple à trancher : sans trophée avec l’équipe nationale, difficile de placer le rejeton au même niveau ou au dessus de son paternel, bien qu’il reste en théorie quelques opportunités à Schmeichel fils pour réaliser cet exploit. Et pourtant, lorsque sa carrière sera terminée, réduire le gardien de Leicester au simple rôle du fiston moins fort que son père pourra être considéré comme un énorme blasphème. Lorsque certaines personnes souhaiteront se faire leur propre avis et découvrir quel gardien était Kasper, il sera difficile de trouver un meilleur exemple de l’étendue de son talent que cette demi-finale de l’Euro 2020 perdue face à l’Angleterre (2-1 AP) en ce mercredi 7 juillet 2021 à Wembley. Car Schmeichel n’a pas été simplement grand, il a été immense.
Kasper, un mur tout sauf invisible
Neuf. Tout au long des 120 minutes de cette demi-finale d’Euro jouée à l’extérieur pour le Danemark, Kasper Schmeichel a lâché neuf arrêts pour sauver son équipe, soit la deuxième meilleure performance de ce championnat d’Europe derrière Yann Sommer, qui avait sorti une parade supplémentaire lors du quart de finale perdu par la Suisse contre l’Espagne (1-1, 1-3 TAB). Pied gauche, pied droit, main gauche, main droite, de l’abdomen, des deux poings ou encore du bout du gant, le portier de la Danish Dynamite s’est transformé en une muraille infranchissable pour les envahisseurs anglais qui ont fait le siège de la surface de réparation danoise pendant la majeure partie de la rencontre (20 tirs au total, contre 6 pour le Danemark).
Mais à chaque fois que le ballon prenait le chemin des filets, un grand gaillard, blond et vêtu de vert, s’interposait sur la trajectoire du cuir pour empêcher les Three Lions d’être délivrés. Impuissant sur l’égalisation anglaise, un but contre son camp malheureux de Kjær qui tentait le tout pour le tout afin d’empêcher Sterling de reprendre victorieusement un centre de Saka, survenue quelques minutes seulement après l’ouverture du score fantastique sur coup franc de la pépite danoise Mikkel Damsgaard, Schmeichel a semblé été habité par une force supérieure, résistant à tous les assauts des Anglais. Ou presque.
Un destin cruel
Emmenés de force en prolongation par une défense danoise héroïque et un Schmeichel irritant aux yeux de Sterling et ses coéquipiers, ces derniers n’ont jamais levé le pied, conscients de la baisse physique générale dans le camp d’en face où la stratégie semblait claire : résister 30 minutes supplémentaires pour atteindre une séance de tirs au but, un exercice dans lequel le dernier rempart des Danois excelle. Mais un léger contact de Mæhle sur Sterling dans la surface de réparation a suffi pour que Danny Makkelie, l’arbitre néerlandais, siffle un penalty en faveur de l’Angleterre. De quoi offrir un duel psychologique entre Harry Kane et Kasper Schmeichel, remporté dans un premier temps par le portier de Leicester qui repoussa la tentative de l’attaquant anglais… dans les pieds de ce dernier, qui n’avait plus qu’à pousser le ballon au fond des filets dans un second temps.
Une fin cruelle pour le gardien de 34 ans, qui comprit à ce moment que la chance de disputer une finale avec son pays, comme le fit son père il y a 29 ans, était passée. Qu’importe, le numéro 1 du Danemark restera fier et intraitable jusqu’au coup de sifflet final, et même après pour réconforter ses coéquipiers en larmes, ainsi que pour remercier les quelques supporters danois présents dans les travées de Wembley. Ce Danemark a été fabuleux de bout en bout durant cet Euro, et il le doit beaucoup à Kasper Schmeichel.
Par Fabien Gelinat