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Kasper, le gentil fantôme de l’Ajax
Ce dimanche, le PSV s'avance à l'Amsterdam Arena en leader incontesté (huit points d'avance sur le second AZ) dans un Topper déjà décisif pour la suite de la saison d'Eredivisie. Pour renverser la vapeur, l'Ajax aurait pu compter sur sa pépite danoise, Kasper Dolberg, mais ce dernier est aux abonnés absents. À moins que l'attaquant ne prépare sa revanche...
Une seconde place en Eredivisie, une place de finaliste de Ligue Europa, un compteur buts à 23 unités et un trophée de meilleur jeune d’Eredivisie, le tout pour une première véritable saison en professionnel à seulement 19 ans. En matière de statistiques, difficile de faire mieux que Kasper Dolberg lors de la saison 2016-2017. En août dernier, la pointe danoise de l’Ajax aurait pu continuer sur sa lancée avec un nombre rond, vertigineux : cinquante millions. La somme en euros que l’AS Monaco était prête à débourser pour accueillir le gaillard (1,87m) blond sur le Rocher dans les dernières jours du mercato après le départ de Kylian Mbappé. Mais Kasper a voulu rester à Amsterdam. Parce qu’il s’y sent bien, qu’il veut encore progresser, qu’il a le temps. L’ASM est donc repartie bredouille comme Chelsea, Liverpool et Manchester United, venus aux renseignements avant elle.
Trois petits buts en quatorze journées de championnat
Un peu moins de quatre mois plus tard, Leonardo Jardim ne doit aucunement regretter cet ajournement de la part de l’international danois (4 sélections). Depuis la reprise du championnat, Dolberg n’est que l’ombre du joueur révélé par Peter Bosz qu’il était, capable de marquer uniquement à trois reprises en quatorze matchs d’Eredivisie. Muet lors des quatre matchs (échecs ?) de compétitions européennes estivales puis lors des premières rencontres de championnat, Kasper a dû attendre le 22 octobre pour ouvrir son compteur buts d’un doublé face au Feyenoord. Dans le même temps, son nouveau rival, Klaas-Jan Huntelaar, a fait ce qu’il a fait toute sa vie : envoyer la gonfle au fond des filets avec régularité. Marcel Keizer avait pourtant placé toute sa confiance en son attaquant de vingt ans, installé dans la peau d’un titulaire, préférant faire entrer Huntelaar à plusieurs reprises en lieu et place d’un milieu plutôt que de sortir Dolberg. Un temps, le technicien batave a même essayé de faire cohabiter les deux pointes dans un schéma peu orthodoxe au pays du sacro-saint 4-3-3. Mais non, Kasper a fini par laisser sa place à l’ancien joueur de Schalke.
Un Traoré vous manque et tout est dépeuplé
De fait, on peut se demander quel est le véritable niveau de l’attaquant danois : celui de la saison 2016-2017 ou celui des mois derniers ? Probablement le premier. Dolberg n’est absolument pas un joueur de profondeur, préférant recevoir le ballon dans les pieds pour ensuite faire parler sa puissance et son explosivité. Dans la structure mise en place par Peter Bosz, Amin Younès et surtout Bertrand Traoré se chargeaient d’attirer les défenseurs adverses en tricotant sur leurs ailes pour libérer l’espace nécessaire au Danois afin qu’il puisse s’exprimer pleinement. Traoré parti à l’Olympique lyonnais et remplacé par un David Neres plus accélérateur, la hype Younès retombée, Kasper n’a plus de repères sur les ailes. Sans mentionner le fait que des joueurs comme Justin Kluivert, David Neres (encore) voire Lasse Schöne ont plus souvent tendance à tenter leur chance au but qu’à rouler inévitablement pour l’ange blond d’à côté.
Kasper galère ? Une bonne nouvelle
Mais à dire vrai, voir Kasper Dolberg souffrir, tâtonner, perdre sa place, a tout de la bonne nouvelle. Après tout, il n’a que vingt ans, une seule saison pleine dans les jambes et une marge de progression phénoménale. Cette mise en danger dynamite complètement les fondamentaux qui lui ont été inculqués jusqu’ici à l’Ajax et l’aidera probablement à compléter sa palette d’attaquant parfois trop schématique, voire limitée – ouverture confirmée par un essai convaincant sur l’aile gauche face à Willem II. De surcroît, laisser Klaas-Jan Huntelaar, l’un des derniers grands attaquants néerlandais, même âgé de 34 ans, souffler sur la nuque de Dolberg est une excellente chose : s’il semble opposé à lui sur le papier, KJH9 est en réalité à ses côtés pour le faire grandir. Plus meneur d’hommes que fin tacticien, Marcel Keizer n’avait d’ailleurs pas hésité à mettre Dolberg sur le banc pendant plus d’un mois, devant se satisfaire de matchs de Coupe des Pays-Bas pour ronger son frein. Un choix judicieux : Kasper est de retour à la pointe de l’attaque ajacide depuis le mois de novembre. S’il n’a marqué qu’un seul but pour le moment, peut-être sera-t-il plus en verve face au PSV lors de ce Topper décisif ? C’est le moment ou jamais : il paraîtrait que Manchester United serait prêt à remettre une offre sur la table dès le mercato de janvier.
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam