- Euro 2020
- 8es
- Galles-Danemark (0-4)
Kasper Dolberg, la réapparition fortuite
Le Danemark continue de diffuser un vent de bonheur sur cet Euro. Après une qualification épique face à la Russie, la Danish Dynamite a fait exploser le pays de Galles en huitièmes de finale pour rouler vers le Final 8 du tournoi. Avec dans le rôle de l'étincelle qui fait tout péter, un certain Kasper Dolberg, particulièrement inspiré avec un doublé après n'avoir presque pas eu sa chance jusque-là.
Les supporters danois ont peut-être esquissé une grimace au moment de découvrir la composition de leur équipe ce samedi, face au pays de Galles. Et comment leur en vouloir au vu de l’identité de l’avant-centre du jour ? Pas de Yussuf Poulsen, blessé lundi face à la Russie, mais un Kasper Dolberg pas encore véritablement entré dans son Euro. Il n’aura pourtant pas fallu une demi-heure à l’attaquant niçois pour faire basculer dans l’ivresse les milliers de fans venus ambiancer les rues d’Amsterdam et une Johan Cruyff Arena qu’il connaît comme sa poche. Une belle célébration, 29 ans tout pile après la finale de l’Euro 1992, remporté un 26 juin face à l’Allemagne par Brian Laudrup et compagnie.
Un doublé pas déridé
Resté relativement invisible lors de son entrée face à la Russie, Kasper Dolberg ne s’est cette fois pas fait prier pour porter les siens. Ballottés dans tous les sens depuis 27 minutes, ces derniers sont en effet tout heureux de voir leur buteur trouver la faille d’une frappe limpide des 18 mètres, pour leur première tentative cadrée de la rencontre. Un but fêté les bras grands ouverts, sans émotion apparente sur le visage. Personne ne le sait encore, mais les Gallois ne ressortiront plus jamais la tête de l’eau, coulant même dans une fin de match à sens unique.
Car entre-temps, Dolberg, presque toujours aussi stoïque, était passé par là pour tuer dans l’œuf toute révolte. Une action sur laquelle l’ancien de l’Ajax aura su bien se planquer de Neco Williams pour mieux le surprendre sur une relance foirée, dès l’entame du second acte. Assuré du titre d’homme du match, le bonhomme pouvait bien céder sa place dès la 70e minute à Cornelius, venu garantir le quota de joueurs passés par la Ligue 1. Le point final d’une prestation particulièrement aboutie pour celui qui n’avait jusqu’alors inscrit que deux buts depuis près de deux saisons avec sa sélection (9 au total en 28 capes) : un doublé en mars contre la modeste Moldavie dans une très large victoire (8-0). Quatre frappes, trois cadrées, un bel arrêt près de son poteau de Danny Ward après avoir coupé un centre de Damsgaard, qui s’était amusé côté droit… La copie – presque – parfaite.
Danger multiple
C’est ensuite depuis le banc qu’il a assisté à la fin de la démonstration de ses partenaires, célébrant finalement avec vigueur le quatrième but du soir, signé Martin Braithwaite. Une entrée dans l’Euro par la grande porte pour un joueur qui n’avait pas les faveurs de son homonyme de sélectionneur, Kasper Hjulmand, au coup d’envoi de la compétition. Aucune minute face à la Finlande puis la Belgique, malgré la nécessité de renverser des scénarios défavorables. Apparu pour la première fois à l’heure de jeu contre la Russie après le pépin de Poulsen, il était resté plutôt discret, laissant ses copains prendre la lumière. 90 minutes plus tard, le voilà co-meilleur réalisateur de son équipe avec deux caramels, comme Poulsen et ce diable de Joakim Mæhle.
« C’est fou de se tenir ici. C’est insensé, pouvait-il savourer après coup au micro de la TV danoise DR. Pour moi, tout a commencé ici, dans ce stade. Jouer ici à nouveau devant cette atmosphère était fou, et marquer dans un match comme celui-ci est quelque chose de spécial. » Une corde offensive de plus à l’arc de Hjulmand. Le boss danois est à la tête d’une armada offensive très diversifiée, qui vient d’inscrire huit buts sur ses deux dernières sorties, avec pas moins de six buteurs différents (Poulsen, Damsgaard, Christensen, Mæhle, Braithwaite et donc Dolberg). Le danger viendra donc de partout samedi en quarts, pour celui qui sortira vivant de l’affrontement entre les Pays-Bas et la Tchéquie. Attention, ce ne sera pas l’anniversaire de 1992 tous les jours, mais Kasper Dolberg et les siens ont bien l’intention d’écrire leur propre histoire.
Par Tom Binet