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Karius/Mignolet, combat d’infirmes ?
Pas franchement convaincants depuis le début de la saison, les deux portiers de Liverpool se disputent une place de titulaire qui vaut cher. Avec un avantage précieux pour l’Allemand, qui semble davantage correspondre aux exigences de jeu de Jürgen Klopp.
« Il a vraiment bien démarré, nous l’avons observé lors des deux dernières saisons en Bundesliga. Il était extraordinaire. Il est toujours jeune, particulièrement pour un gardien de but. Il a gagné en expérience, c’est différent de jouer ici en Premier League. Ce n’est pas parfait, certes. Mais il peut s’améliorer. » Alors que quelques critiques s’étaient abattues sur Loris Karius après le nul contre Manchester United (0-0), un match qui a pourtant vu le gardien obtenir son premier clean-sheet en Premier League, Jürgen Klopp ne se pose pas de questions au moment de défendre son gardien numéro un. Mais si l’entraîneur de Liverpool est contraint de s’exprimer là-dessus, ce n’est pas par hasard. Car en Angleterre, le poste de gardien de but à Liverpool fait actuellement débat.
Après trois saisons passées dans la peau du titulaire indiscutable chez les Reds, Simon Mignolet doit en effet se résoudre désormais à celle, moins confortable, de remplaçant. Un coup dur et inattendu pour celui qui avait toujours joui de la confiance de Klopp. Surtout que rien ne laissait présager cette mauvaise nouvelle pour le Belge, puisque c’est bien lui qui avait commencé l’année dans les cages. Sauf que si leNormal Onea longtemps répété qu’il n’y avait pas de hiérarchie de gardien, son choix était visiblement fait depuis longtemps. En réalité, le technicien a seulement attendu que Karius se remette de sa main cassée pour l’installer bien solidement dans les cages. Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui : Mignolet a disputé les cinq premières journées de PL et le premier tour de League Cup, Karius les quatre journées suivantes et le deuxième tour. Si cela ne s’appelle pas un passage de flambeau…
Ni décisif sur sa ligne ni énorme dans les airs…
Alors, comment expliquer ce choix fort de Jürgen ? Après tout, malgré les moqueries, Mignolet n’a jamais réellement démérité. Non pas qu’il se soit hissé au niveau des meilleurs. Mais actuellement, son concurrent ne semble pas réellement supérieur. En apparence seulement ? Acheté un peu plus de six millions d’euros à Mayence, où il constituait le dernier rempart de l’équipe durant les trois dernières saisons, Karius fait partie de cette nouvelle génération de gardiens allemands à la mode (Manuel Neuer, Marc-André ter Stegen, Kevin Trapp…). Sauf qu’en quatre rencontres de championnat avec Liverpool, il a concédé trois buts sur des actions où il n’est pas exempt de tout reproche.
À chaque fois, il s’agit de corners où le portier n’ose pas sortir. Et à chaque fois, il se fait allumer de près sans pouvoir réaliser l’arrêt réflexe décisif. Rien de grave, puisqu’à chaque fois, Liverpool finit par l’emporter. N’empêche que l’ancien de Manchester City ne se distingue pas non plus pour ses exploits sur sa ligne : pour le moment, en tout et pour tout, il n’a réalisé que trois arrêts… Le domaine qui le sauve, et qui plaît énormément à Klopp, c’est sa faculté à jouer avec ses pieds. Quand Mignolet réussit 70% de ses passes, l’Allemand hausse ce pourcentage à 80 pour le même nombre de passes (environ trente par match).
À quand la première boulette qui compte ?
Problème : Karius se foire quelques fois dans les grandes largeurs. Comme en amical contre Wigan, ou contre United, ce qui aurait pu profiter à Zlatan Ibrahimović. Sans conséquence, pour le moment. Là aussi, Klopp ne s’inquiète pas : « En tant que gardien, tu dois parfois prendre des risques. Ce n’était pas parfait contre United. Il y a eu une situation de passe délicate avec Dejan(Lovren), mais cela arrive. Des choses comme cela arrivent aux gardiens les plus expérimentés. Si tu veux un gardien qui joue au football, tu dois prendre le risque que la balle ne rebondisse pas dans le bon sens. C’est tout. Mais il n’y aucun problème. Il n’y pas de quoi se lamenter. » Voilà donc l’idée : le coach à lunettes veut un goal qui participe au jeu. Et non seulement Karius applique les consignes, mais n’ayant que vingt-trois ans, il a en plus le temps de progresser là-dessus.
Ce qui est moins le cas de Simon Mignolet, vingt-huit printemps au compteur et élevé aux rudes batailles anglaises, loin des centres de formation reconnus pour considérer le gardien comme un onzième joueur de champ. Les dernières prestations du Belge ne plaident pas non plus en sa faveur : un gardien qui mange huit pions en cinq parties de championnat et qui ne parvient pas à garder sa cage inviolée, ce n’est jamais bon signe. Même s’il a stoppé un penalty contre Arsenal, ses performances n’ont pas impressionné. Peut-être aura-t-il l’occasion de montrer qu’il vaut mieux qu’une vulgaire chasuble en League Cup face à Tottenham, ce mardi soir. En attendant, il ne perd pas espoir. « Certains disent que je chauffe le banc, je dirais plutôt que je chauffe le banc de musculation. » Pas sûr que ce soit ce que Klopp attende.
Some say bench warming, I say bench pressing! 💪🏻🏋💥 #NoGivingUp pic.twitter.com/pSzyjEtPqU
— Simon Mignolet (@SMignolet) 21 octobre 2016
Par Florian Cadu