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Karim Benzema, une histoire sans F1
En Hongrie, Karim Benzema a vu sa période d'essai d'un mois prendre fin avec le rendu de sa première mauvaise copie depuis son retour en équipe de France. Ni inspiré techniquement dans les trente derniers mètres ni en phase avec ses compères de l'attaque, KB19 n'a également toujours pas retrouvé les chemins des filets en sélection. Et cela pourrait finir par devenir un problème.
L’histoire de Karim Benzema avec l’équipe de France n’a jamais été un long fleuve tranquille. Un mois après l’annonce de son retour en Bleu après plus de cinq ans d’absence, vécu comme une libération par les nombreux amoureux du joueur de 33 ans et du jeu tout court, l’attaquant devrait avoir le droit aux premières critiques après une courte période d’indulgence. Si KB19 était à un bout de genou de Kylian Mbappé de rallumer son compteur en sélection en marquant un pion signalé hors jeu contre l’Allemagne mardi soir, il a rendu sa première véritable mauvaise copie depuis ses retrouvailles avec le groupe France sur la pelouse du bouillant stade Ferenc-Puskás ce samedi après-midi. Pas à son niveau habituel techniquement et physiquement, le buteur du Real Madrid a traîné sa souffrance comme ses partenaires à Budapest, ne parvenant pas à porter son équipe pour la sortir du piège tendu par la Hongrie. La situation est-elle inquiétante ? Non, mais les premières interrogations et les premiers doutes peuvent en revanche pointer le bout de leur nez.
30 tirs à l’Euro, zéro but
En choisissant de ne pas filmer le remplacement de Benzema par Olivier Giroud à la 76e minute — les téléspectateurs ont seulement pu voir le temps d’une seconde le visage fermé du premier —, le réalisateur de ce Hongrie-France a refusé de donner du grain à moudre à l’éternel et insupportable débat qui oppose les deux attaquants. À Budapest, la légende du Real Madrid (oui, légende, ne pesons pas nos mots) a malencontreusement remis le sujet sur la table tout seul en passant à côté de sa partie. Pourtant habitué à se retrouver face à des blocs bas et compacts avec les Merengues, l’ancien Lyonnais a souvent semblé perdu sur le terrain, naviguant de gauche à droite, décrochant énormément, et croquant quelques opportunités. La faute à la chaleur ? À la fatigue ? Possible, mais la faute aussi à des difficultés à jouer avec ses compères Mbappé et Antoine Griezmann, alors que le trio avait été prometteur contre le pays de Galles et lors de la première demi-heure face à la Bulgarie pendant la préparation. « Ce n’est que le quatrième match qu’on joue ensemble, a immédiatement évacué un Grizou en sueur au micro de beIN Sports. Il faut qu’on continue à travailler, mais j’ai confiance. Je sais qu’on va y arriver. » La preuve que même les meilleurs ont besoin de temps, même si Benzema n’a cessé de répéter que « les joueurs talentueux peuvent s’adapter à n’importe quelle situation ».
Des automatismes à travailler, une relation collective à entretenir, mais aussi un cas individuel. Depuis plus d’une décennie au Real Madrid, Benzema a prouvé qu’il était plus un joueur d’équipe qu’un soliste. Sauf que le métier d’un numéro 9 — sur le papier ça en est un, sur le terrain un peu moins — reste de faire trembler les filets. « Un attaquant, quand il marque, il est souvent très content, souriait Didier Deschamps en conférence de presse au début du mois. Ils sont là pour concrétiser. Karim revient après une longue période, mais il veut être important dans cette animation offensive. Un but, ce serait la cerise sur le gâteau. Lui comme Olivier et Kylian ont besoin de ça. »
Loin du feuilleton des 1222 minutes sans planter avec les Bleus en 2013, Benzema n’a toujours pas pu célébrer un pion depuis son retour, avec notamment un penalty stoppé par le portier du pays de Galles. Et surtout une énorme occasion cet après-midi face à la Hongrie, quand à la 31e minute, Benzema a envoyé sa reprise à côté après un bon service de Mbappé. La réplique du sélectionneur ? Pas d’inquiétude : « Je ne pense pas qu’il y ait de doute vu son vécu et son expérience. Il fait de très bonnes choses, mais il lui manque de concrétiser. Il sait qu’il est attendu sur cet aspect-là, même si je lui ai dit : ce n’est pas que ça. L’essentiel est qu’il garde confiance. Et qu’il garde ma confiance. » Un zéro pointé en 295 minutes, et une statistique brandie par Opta après la rencontre : en frappant trois fois depuis le début de l’Euro, KB19 a désormais tenté 30 tirs sans marquer dans le tournoi (Euro 2008 et Euro 2012 compris). Après tout, l’équipe de France a déjà prouvé qu’elle n’avait pas besoin d’un numéro 9 clinique pour soulever un trophée.
Par Clément Gavard