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Karim Bellarabi, le tube de l’été du Bayer
Un but face à Dortmund au bout de neuf secondes de jeu (nouveau record en Bundesliga), une jolie volée face au Hertha, et une multitude de kilomètres avalés au cours des deux premières journées : ça roule en ce moment pour Karim Bellarabi, qui s'impose comme étant la plus grande satisfaction du début de saison pour le Bayer Leverkusen. À voir si cela va continuer au cours des prochaines journées. En tout cas, « Schnellarabi », qui revient de loin, n'a pas envie de s'arrêter en si bon chemin.
Il y a quelques semaines, le Bayer Leverkusen est allé taper le Borussia Dortmund 2-0 chez lui dès la première journée de Bundesliga. Tout comme il y a quatre ans. À l’époque, le héros du match était un certain Arturo Vidal. Cette année, il s’appelle Karim Bellarabi. Une prestation de haute volée : un but au bout de 9 secondes de jeu suite au coup d’envoi donné par le Bayer – un peu comme s’il s’agissait d’une dernière possession au basket –, une passe décisive pour Stefan Kießling quelques instants avant le coup de sifflet final, et voilà les Schwarzgelben qui chutent d’entrée. Dans les deux situations, Bellarabi a fait parler ses qualités : sa technique et sa vitesse. D’où la création d’un nouveau surnom à l’issue de la rencontre : « Schnellarabi » . Au final, c’est une belle entrée en matière pour le Bayer, un joli come-back du natif de Berlin.
Des allers et des retours
Car bien qu’il soit rapide, Bellarabi n’a pas toujours eu le vent en poupe. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il porte la tenue du club de la banlieue de Cologne : entre 2011 et 2013 déjà, il avait joué pour la « Werkself » . Seulement, « Kimo » n’avait jamais réussi à s’imposer. Alors oui, il y a eu ce but du 2-0 face au Bayern le 3 mars 2012 (son premier en Bundesliga), oui, il y a eu ce but quelques jours plus tard au Camp Nou qui a permis au Bayer de sauver l’honneur face au FC Barcelone (défaite 7-1), mais la concurrence était trop forte pour lui. Sam, Castro, Renato Augusto (voire Ballack) au milieu de terrain, Schürrle, Kießling (voire Derdiyok) devant : impossible pour Karim d’exister. Alors, au début de la saison 13/14, il fait le choix de retourner en prêt à Brunswick et à l’Eintracht, son premier amour, qui vient de retrouver l’élite après 28 ans d’absence.
En Basse-Saxe, Bellarabi régale. Le bleu et le jaune lui vont comme un gant. En 09/10 déjà, l’ailier avait permis aux Löwen (les Lions) de remonter en 2e division. 8 buts et 16 passes décisives (en 35 matchs) qui font de lui le 3e meilleur buteur du club cette saison-là, derrière Domi Kumbela et Dennis Kruppke. Alors, quand il revient « à la maison » , c’est la magie. Non seulement parce qu’il retrouve ses gars, mais aussi parce qu’il est accueilli par Torsten Lieberknecht, l’entraîneur qui l’a révélé. La saison est compliquée pour Brunswick, qui passe sa saison dans les profondeurs du classement, mais grâce à Bellarabi, Kumbela ou Bičakčić, les Lions font preuve de courage et ratent les barrages d’un cheveu. Karim retourne à Leverkusen avec un œil humide – ses copains et lui n’ayant pu se maintenir – mais aussi avec un œil joyeux, car il a désormais mûri, et se sent capable de faire de grandes choses.
Bel Arabe, donc… beau Marocain ?
Roger Schmidt ne s’y trompe pas, d’ailleurs : cet été, le Bayer a dépensé 30 millions en transferts costauds et cohérents (Çalhanoğlu, Drmić, Wendell…), mais le coach autrichien sait que ce retour de prêt est peut-être ce qui sera de plus rentable cette saison. « Après seulement une semaine d’entraînement, Schmidt a décidé que Karim n’irait nulle part » , a déclaré Rudi Völler, directeur sportif du Bayer, il y a peu. D’une part, il y a cette place vacante laissée par Sidney Sam (parti à Schalke). D’autre part, Schmidt a compris que Bellarabi était le joueur qui lui fallait dans son schéma de jeu : un mec non seulement rapide, capable d’effectuer un pressing très haut, mais aussi capable d’avaler les kilomètres. Face à Dortmund, « Schnellarabi » a couru 12,76 km. Le match suivant, lors de la réception du Hertha Berlin, il en a parcouru 11,45. En prime, il a eu la lucidité nécessaire pour placer une superbe volée pour le quatrième et dernier but du Bayer.
Bref, en ce moment, rien ne semble l’arrêter. Et le voilà qui attire désormais les convoitises au niveau international. Karim Bellarabi pourrait jouer pour trois sélections : l’Allemagne (où il est né), le Ghana (pays de son beau-père) et le Maroc (pays de son père). Il semblerait qu’il ait opté pour la dernière solution, c’est du moins ce qu’on peut en croire d’après son rendez-vous avec Badou Zaki, le sélectionneur des Lions de l’Atlas. En tout cas, s’il compte jouer la CAN, Bellarabi doit savoir que le record du but le plus rapide est détenu par Ayman Mansour, lors de la victoire 4-0 de l’Égypte face au Gabon, en 1994. Un but au bout de 23 secondes. Autrement dit, Karim Bellarabi a le temps. Beaucoup de temps.
Par Ali Farhat