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Kanté : « Même le président, il débarque en claquettes, short, débardeur »

Propos recueillis par Gaspard Manet
Kanté : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Même le président, il débarque en claquettes, short, débardeur<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Manu Kanté a 26 berges, mais il a vécu dans plus de pays que toi et tous tes potes Erasmus réunis. Celui qui a commencé au Red Star est, en effet, déjà passé par l’Écosse, l’Angleterre, la Croatie, le Portugal, la Suisse, la Grèce et les États-Unis. Actuellement en deuxième division chypriote, à l’APEP Pitsilia, le mec y découvre son neuvième championnat. En bord de mer, interview short-claquettes, pour un polyglotte du football, en somme.

Écosse, Portugal, Grèce, Croatie, Angleterre, États-Unis, Suisse et enfin Chypre. En fait, toi, tu kiffes surtout voyager ?C’est vrai que j’aime bien voyager, j’ai eu l’occasion de voir pas mal de clubs et de pays. Ça m’a permis de voir différents championnats et différents coachs. Grâce à ça, j’ai pu m’améliorer sur certains points, découvrir d’autres langues, d’autres cultures. Je pense que tout ça a été bénéfique pour moi, tout ce que j’ai pu apprendre dans ces pays-là, aujourd’hui je m’en sers et ce n’est que du plaisir.

Tu as dû en squatter des aéroports ? Tiens, d’ailleurs, c’est lequel ton préféré ?Mon préféré, honnêtement, je dirais l’aéroport d’Athènes. Il est vraiment pas mal, là-bas tu as tout pour passer le temps. Notamment un réseau internet gratuit, ça permet de t’occuper quand ton avion est en retard. Il y a plein de restaurants et de grands magasins Duty Free, non franchement, c’est cool, pour tuer le temps. Pour moi, cet aéroport, c’est le number one.

Comment se fait-il que tu sois parti si jeune à l’étranger ?A l’époque je jouais à Beauvais, et le club venait de descendre en National. Les dirigeants nous ont fait comprendre à moi et plusieurs joueurs qu’il fallait partir. Puis mon agent m’a envoyé faire des essais à Sedan et à Istres. Ils m’ont fait galérer en me disant « attends, on va voir » , mais ça ne s’est jamais fait. Ensuite j’ai eu des contacts en deuxième division écossaise à Falkirk, et là en deux jours, je les ai convaincus et tout est parti comme ça.

Ça a dû être difficile au début, non ?C’est vrai que quand je suis arrivé là-bas, je n’avais que 18 ans. J’étais dans une famille d’accueil, formidable d’ailleurs, mais ça a été difficile surtout par rapport à la langue. Quand je suis arrivé, je ne parlais pas un seul mot. Après le club m’a payé des cours, j’allais dans un collège tous les mercredis pour apprendre la langue. Je me suis acheté un dictionnaire, je m’y suis bien mis et en six mois, ça a été bon.

Du coup, au début, tu as fait comme tous ceux qui ne comprennent pas la langue et qui disent « oui » à tout ?Ah bah forcément, ouais. Au début quand je ne parlais pas un mot, le coach donnait des consignes et moi je disais : « Yes, yes… » mais je ne comprenais rien, en fait. Aujourd’hui quand j’y repense, je me dis que c’était dur, mais ça reste une bonne expérience. Ça a été le départ de ma carrière, car après, quand on parle anglais, ça ouvre des portes dans tous les pays. Je dirais que ça m’a aidé à me construire moi-même.

Bon, dis nous, l’ambiance au sein de ton club actuel, c’est comment ?Franchement, en ce moment, ça se passe super bien, on joue la montée, on est troisièmes au classement, donc l’ambiance est super bonne. Bon et puis, en plus, il y a un autre Français qui joue avec moi, Alain Logombe, donc ça facilite encore plus le truc.

Concernant l’adaptation à la vie là-bas, tu t’y es fait rapidement ?Ouais, je m’y suis fait rapidement. Les gens ici sont super cool de toute façon, c’est plus ambiance short, t-shirt. Même le président, quand il vient nous voir, il débarque en claquettes, short, débardeur. Le vrai problème ici, en fait, c’est de ne pas trop se lâcher, vu qu’il y a la mer, le soleil. Tu vois, même à cette période, tu peux encore te baigner. Donc le truc, c’est de ne pas croire que tu es en vacances, il faut arriver à garder un minimum de sérieux.

Niveau bouffe, ça va, c’est correct ?Ouais, niveau bouffe, ça va. Je mange beaucoup dans des restaurants grecs, car ici, la gastronomie grecque est énormément présente. Mais, ouais, en gros, ça va, il y a de très bons poulets, poissons, barbecues, tout ça.

Bon, et niveau meufs, c’est comment ? Ça va, elles sont plutôt belles. Mais elles sont plus difficiles à aborder au premier regard…

Elles sont moins ouvertes que les Anglaises ?Ouais mais les Anglaises, elles sont un peu trop ouvertes quand même (rires). Non, les Chypriotes, elles sont un peu plus méfiantes, elles regardent avant qui tu es, ce que tu fais. Quand il y a des Anglaises qui viennent ici, tu sens qu’elles aiment plus faire la fête.

On continue dans les questions existentielles, niveau teufs, ça va ?Ouais, c’est vrai que ça fait beaucoup la fête, en plus, il y a vraiment tout ici. Par exemple, il y a Napa, c’est un petit village où ça fait la fête non stop, 24/24. Après, chez moi, à Limassol, c’est vrai que ça bouge bien aussi. Mais moi, je ne fais pas trop la fête, je reste pas mal chez moi. En plus ici, c’est petit, donc ça parle beaucoup…

Tu veux dire qu’il faut faire gaffe de ne pas se faire griller ?Non, ça va, ici ils sont souples par rapport à ça, tu peux sortir en boîte, tu peux faire la fête, tant que c’est avec modération. Après voila, si tu sors tout le temps, les gens vont le savoir, ils vont dire : « Tiens on a vu Kanté en train de boire » , donc voila, pour l’image, il vaut mieux éviter. Moins on t’entend, mieux c’est, et moi je préfère qu’on m’entende sur un terrain plutôt qu’en boîte de nuit en train de faire n’importe quoi. Après je ne dis pas non plus que je ne sors pas du tout !

« Tu vas dans un restaurant, si le mec te reconnaît, il va dire : « Vas-y, c’est bon, paie pas » »

Ta journée type, c’est quoi ?Bah ça dépend, mais en gros, je me lève vers 10h, après je vais à la gym jusqu’à 12h. Le temps de prendre ma douche, je rentre chez moi vers 12h30 – 13h. Après je fais une petite sieste. Ensuite, vers 16h30 – 17h je pars à l’entraînement. On s’entraîne de 18h à 20h. Du coup, en gros, j’arrive chez moi vers 21h, puis voilà, je reste tranquille, je me repose. Sinon le mercredi, on a une journée libre, donc j’essaie d’aller à la mer pour me détendre, ou alors je reste avec mes amis et on va se balader en ville, tranquille.

Et d’ailleurs tes potes, c’est qui ? Tu restes essentiellement avec le Français de ton équipe ?Bah ça dépend. J’ai deux amis français ici, Alain qui joue avec moi, et un autre qui joue à l’Apollon Limassol, donc, ouais, c’est vrai que je suis souvent avec eux. Après j’ai d’autres amis anglais, ou d’ici. Mais c’est vrai que les étrangers restent surtout entre eux, car on va dire qu’il y a un peu plus d’affinités. Mais sinon, de temps en temps, on se fait un petit dîner entre collègues et on se rassemble tous avec les Chypriotes pour passer du bon temps.

Sinon, le niveau du championnat, c’est comment ? Ben, honnêtement, en arrivant ici, j’ai été très surpris par le niveau, et par la qualité de certains joueurs. En plus, il y a pas mal d’étrangers, surtout des Brésiliens, des Portugais, ou des joueurs qui viennent d’Europe de l’Est. Tous ces gars apportent un plus au football d’ici, et on peut voir les résultats. Notamment l’année dernière avec l’APOEL qui est allé jusqu’en quarts de finale de la Ligue des champions. Je pense que l’OL a sous-estimé l’APOEL, alors que quand tu entres sur le terrain, tous tes titres, tout ça, ça ne veut plus rien dire, il faut juste se donner à fond. Le parcours de l’APOEL, ça a permis de donner une autre vision du championnat chypriote et maintenant les gens le regardent différemment.

Et les supporters, ils sont comment, il y a de grosses ambiances dans les stades ?Ah, les supporters, ils sont vraiment chauds ! C’est vraiment des fanatiques, il y en a qui ont le logo du club tatoué sur le corps, c’est vraiment l’engouement. Tu vas dans un restaurant, si le mec te reconnaît et qu’il est fan de ton club il va dire « Vas-y, c’est bon, paie pas » . Quand tu en croises dans la rue, ils te demandent un autographe, ou une petite photo. Ils aiment bien aussi avoir une petite discussion, ils te demandent « Pourquoi untel ne joue pas, pourquoi un autre joue comme ça ? » Après on en rigole, c’est vraiment bon enfant. Ici, c’est plus le contact humain que les fans qui adulent les joueurs.

C’est-à-dire ?En fait quand je suis arrivé à Chypre, je ne savais pas trop où c’était, du coup je ne savais pas trop quel genre de climat il y avait. Je suis arrivé de nuit, et quand je me suis réveillé, le matin il faisait 40°, il faisait vraiment trop chaud. Du coup, à l’entraînement, j’ai dit au coach : « Comment on fait pour jouer au football, avec cette chaleur ? » Et là, il me répond : « Tu sais quoi, ici c’est Chypre, il fait toujours chaud. Donc si ça ne te va pas, tu peux prendre tes affaires et aller dans un pays où il fait plus froid. » Mais, en fait, il voulait me faire comprendre qu’il fallait juste que je profite de tout ça, et après, ça s’est bien passé.

C’est quoi qui t’a le plus marqué depuis ton arrivée là-bas ?C’est vraiment l’engouement des gens pour le football. Je ne m’y attendais pas du tout. Et surtout, même les femmes ou les jeunes filles vont au stade. C’est un truc de fou, je n’ai jamais vu autant de femmes aller au stade.

Pour continuer avec les comparaisons sur les Anglaises, elles sont plus nombreuses qu’en Angleterre ?Ouais, mais en Angleterre, les femmes, elles viennent en talons, avec leur lunettes de soleil, et tout. Alors qu’ici elles sont en jean-baskets, avec l’écharpe du club, et elles crient comme tout le monde, autant que les hommes.

En regardant ta carrière, tu as des regrets ?Je n’ai qu’un petit regret, on va dire, c’est quand j’étais aux États-Unis. J’étais parti là-bas pour rejoindre Claude Anelka (frère de, Ndlr) et Francisco Filho qui m’avaient recruté. On a eu une première année difficile, puis le coach, Claude, s’est fait virer et celui qui l’a remplacé m’a fait comprendre qu’il ne me ferait pas jouer. Et donc, voila, ça m’a fait mal, surtout que j’aurais bien aimé rester aux États-Unis. Donc, ouais, pour l’instant, ça reste mon plus gros regret.

A 26 piges, il te reste pas mal d’années devant toi, et revenir en France, ça te brancherait ? J’ai eu quelques touches pour revenir. Mais bon, en France, les joueurs comme moi, on les met dans une catégorie. Par exemple, une fois, j’étais venu faire un essai au Red Star, et bon voila, on a vu mon C.V., on m’a dit : « Toi, tu es un voyageur » . Les joueurs comme moi, qui sont partis jeunes à l’étranger, on est catalogués, et je trouve ça dommage. Car nous, si on est partis à l’étranger, c’est aussi parce qu’on nous a pas donné notre chance en France. Et quand on revient, on passe pour les mecs qui ont échoué à l’étranger. Alors que ce n’est pas ça, si on veut revenir en France, c’est aussi parce qu’on est français et qu’on aime notre pays. Mais bon, les clubs se disent ça doit être un voyageur, un clubbeur, alors que non, et ça, c’est vraiment dommage. Après moi, ce serait mon rêve de revenir en France.

Propos recueillis par Gaspard Manet

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