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Kalu, la bonne aventure
Virevoltant, mais un peu brouillon en ce début de saison, Samuel Kalu a rendez-vous ce jeudi soir avec son ancien club de La Gantoise pour définitivement lancer son aventure avec Bordeaux.
Le « coup de poignard » est une expression en rapport avec l’assassinat de Jules César, entre autres par son fils adoptif Brutus. Elle fait référence à la trahison de quelqu’un de proche et de la surprise désagréable que provoque ce genre de révélation. Aujourd’hui, elle désigne plus une douleur à l’intensité variable qu’un événement extrêmement fâcheux. Et ce jeudi soir, Samuel Kalu a bel et bien l’occasion de faire du mal à un club dont il est proche. Le nouvel ailier bordelais affronte son ancien club La Gantoise, qu’il a quitté il y a moins d’un mois, pour une qualification en phase de groupes de Ligue Europa. Et au regard de la motivation qu’il a laissé entrevoir lors de ses premières sorties, il a tout du type qui n’attend que la venue de son ex pour débloquer son compteur sous ses nouvelles couleurs.
Encore un peu brouillon
La saison dernière, les Girondins n’ont dû leur salut qu’à un seul homme. Un joueur largement au-dessus de la moyenne, capable de débloquer des situations à lui tout seul. Mais la pépite Malcom a quitté le nid pour rejoindre le grand FC Barcelone, quitte à briser le cœur de la belle Roma. Alors forcément, avant de se lancer dans leur interminable quête d’un nouveau coach, les Bordelais ont d’abord cherché un remplaçant à leur artiste brésilien. Et assez rapidement, le choix s’est porté sur le Nigérian Samuel Kalu, qui a fêté son 21e anniversaire dimanche dernier face à Monaco. En guise de cadeau, il s’est offert un rush complètement fou qui s’est terminé par une frappe écrasée sur le poteau, et un penalty capital manqué en fin de match.
« Il a voulu tirer, c’était son anniversaire, alors c’est peut-être ça » , soupirait Eric Bedouet en conférence de presse d’après-match. Comme un symbole de ce qui manque à Kalu pour combler le vide laissé par Malcom : davantage de maturité dans le jeu. Il manque encore à Kalu la lucidité qu’avait Malcom, qui a le même âge que lui. À la demi-heure de jeu contre Monaco, il doit ajuster tranquillement Benaglio après avoir dupé Samuel Grandsir. Et à la 85e minute, il doit laisser le penalty à François Kamano, alors en pleine confiance (c’est d’ailleurs lui qui donnera la victoire aux Girondins dans les arrêts de jeu).
Il s’adapte vite
Mais au-delà de ses logiques imperfections, ce sont ses qualités que Samuel Kalu a déjà eu le temps d’exposer lors de ses premiers matchs sous les couleurs girondines. Une rapidité d’adaptation dont il s’est fait une spécialité. Arrivé en Europe dès ses 18 ans en débarquant à Trençin en Slovaquie, il participe au doublé Coupe-championnat décroché six mois après son arrivée. Il fait alors ses valises, à l’hiver 2017, pour La Gantoise, où il est l’auteur de onze buts et seize passes décisives en un an et demi. Discret, mais déterminé, c’est avec le numéro 10 sur le dos que Samuel Kalu veut évoluer à Bordeaux, après son transfert de huit millions d’euros.
« Kalu est un joueur de débordement, un joueur qui va très vite, qui peut jouer des deux côtés. Je pense que ça va leur apporter de la pénétration, de la verticalité, car Kalu aime bien prendre la profondeur. Avec les blocs défensifs en face de soi, des joueurs comme Kalu peuvent permettre de trouver des solutions » , expliquait Gernot Rohr, sélectionneur du Nigeria (et accessoirement ex-coach de Bordeaux) et donc fin observateur des performances de Kalu. Même s’il peut jouer à gauche, le Nigérian devrait laisser ce rôle-là à François Kamano. Lui se contentera du couloir droit pour déborder et centrer. Encore une différence avec le gaucher Malcom, qui préférait souvent la solution individuelle. De toute manière, Samuel est venu pour écrire sa propre histoire, pas pour tenter de copier son prédécesseur.
Par Kevin Charnay