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Kalidou Koulibaly, nouvelle coqueluche du Napoli
Son entraîneur l'adore, et il le lui rend bien. Méconnu en France et pourtant pétri de talent, le défenseur phare du Napoli brûle les étapes sous ses nouvelles couleurs et pourrait prochainement être appelé par Didier Deschamps. Eliaquim qui ?
Si son nom est aussi répandu sur les terrains de football que la mozzarella en Italie, son talent, en revanche, ne court pas les rues. À 23 ans et six mois, Kalidou Koulibaly prouve chaque week-end que Rafael Benítez a vu juste en lui passant ce coup de téléphone un soir de décembre 2013, alors que le Franco-Sénégalais évolue dans l’Est de la Belgique sous les couleurs du KRC Genk. Le coup de fil enchanteur marque un déclic dans la carrière d’un joueur que rien ne prédestinait au très haut niveau il y encore quelques années. Aujourd’hui à Naples, où Benítez l’a donc convaincu de poser bagages cet été, le Vosgien se révèle match après match comme la sensation d’une équipe napolitaine en perte de vitesse. Aligné dès la première journée de championnat le 31 août dernier face au Genoa, Kalidou Koulibaly a rapidement montré aux tifosi que sa titularisation en défense centrale n’a rien d’usurpée. Quatre mois et quinze journées de Serie A plus tard, le Français est le défenseur le plus utilisé du club avec Raúl Albiol, et zone sans conteste parmi les tout meilleurs centraux du Calcio. Si l’Euro semble encore loin, Kalidou a pourtant toutes les raisons d’y penser.
Faux départ
Avant la Ligue Europa, les maillots Lete et le San Paolo plein à craquer, le jeune Koulibaly a connu les quiches lorraines, la « Plaine de Jeux » et le stade Saint-Symphorien. Formé au Football Club de Metz qu’il intègre dès ses treize ans, le club lorrain lui claque la porte au nez deux ans après et le renvoie jouer à la baballe à 140km de là, à Saint-Dié-des-Vosges, là où tout a commencé. Jugeant son niveau insuffisant, Metz préfère alors s’en séparer avant de le rappeler trois ans plus tard, conscient qu’il y a là un spécimen à surveiller. L’apprentissage se poursuit en Moselle, jusqu’à ce vendredi 20 août 2010 où Dominique Bijotat lui fait signe d’enlever son survêt’ pour fouler la verte pelouse de Saint-Symphorien. Le baptême chez les pros consommé, Kalidou n’a plus qu’une idée en tête : rejouer, afin de prouver à ses pairs qu’ils ont eu tort de l’avoir mis dehors en 2006. Sur le banc messin de 2010 à 2012 (année de la descente en National), Bijotat se souvient d’un gamin timide, mais déjà très doué : « Quand je suis arrivé, j’ai tout de suite vu qu’il avait des arguments intéressants pour le haut niveau. On était dans un cycle particulier, car il y avait eu beaucoup de départs au sein du club, donc il a fallu repartir et restructurer autour des jeunes. Mais c’est vrai que c’est pas lui qui est arrivé en première ligne. »
Pendant que le club lutte pour se maintenir parmi l’élite, Kalidou bosse dans son coin et monte en puissance. Sans faire de bruit, comme toujours. « Ce n’est pas quelqu’un qui va se répandre et s’exprimer. Par contre, il a beaucoup de convictions, c’est un garçon qui a une vraie réflexion sur sa vie et son jeu » , poursuit son ancien coach. Si le Français écœure aujourd’hui les plus grands attaquants du Calcio au point d’en étonner ses coéquipiers (Higuaín en tête), Koulibaly n’a pas toujours été ce colosse d’1m86, droit dans ses bottes et sûr de sa force. Bijotat relance : « Si j’avais une réserve, ce serait parfois cette timidité qui peut être confondue avec un manque de confiance. À Metz, il s’était intégré d’une manière un peu timide, mais il avait aussi quelques copains pour l’aider. Au fur et à mesure, il a senti que le staff lui faisait confiance, ce qui l’a amené naturellement à s’imposer. D’ailleurs, en peu de temps, il est devenu un leader, au moins défensif. Un vrai leader de jeunes. Mais à ce moment-là, il n’était qu’aux prémices de sa carrière. »
Décollage imminent
Si la France n’est pas encore familière avec le style et le tempérament du double K, c’est sans doute parce que son éclosion s’est faite bien au-delà du massif des Vosges. Arrivé en Campanie cet été en provenance de Genk, le défenseur a livré une première partie de saison totale et exemplaire. Un an après le fameux coup de téléphone de Benítez, Kalidou Koulibaly est incrusté dans la défense du Napoli comme une bernique sur un rocher de Perros-Guirec. Sur les 23 matchs disputés cette saison par son équipe, le Français n’en a loupé que deux, le premier face à Empoli où il purgeait une suspension et le second à Berne, en Ligue Europa, où Benítez a préféré le faire souffler. Une omniprésence qui fait de lui le joueur le plus utilisé de l’effectif napolitain, derrière le gardien Rafael Cabral.
Puissant défensivement, adroit dans ses relances, Koulibaly est aussi capable de rushs endiablés comme ce contre fou face à la Roma où il a remonté tout le terrain avant de servir Callejón en novembre dernier. « Il a une bonne souplesse et il va assez vite. Il est très coordonné et a vraiment une bonne agressivité de défenseur. Et puis, surtout, il a cette réflexion sur le jeu » , détaille Dominique Bijotat. Élevé au football lorrain, puis belge où il s’est imposé en patron de la défense lors de ses deux saisons au KRC Genk, Kalidou Koulibaly voit sa cote de popularité grimper en flèche à l’approche du marché de Noël. Sous contrat jusqu’au 30 juin 2019 avec Naples, il n’est pas exclu que l’ancien mondialiste U20 quitte le navire azzurro plus tôt que prévu si ses prestations se maintiennent à ce niveau. Mais pour ça, il faudra encore combler quelques petites lacunes : « Il a des qualités athlétiques, même si techniquement il peut encore mûrir pour avoir encore plus de sécurité dans son jeu. » Mûrir, et surtout grandir, afin, par exemple, d’éviter ce genre de bévue le dimanche soir.
Par Morgan Henry