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Kaka, la résurrection du Christ
En bon chrétien qu'il est, Ricardo Izecson dod Santons Leite, dit Kaka a traversé une période noire en gardant la tête haute. Comme si, conscient de son statut d'enfant gâté du football mondial, il trouvait normal que Dieu le mette à l'épreuve. Après une traversée du désert de plus d'un an, le Ballon d'or 2007 semble de retour à son meilleur niveau. Ses prières ont été entendues.
La gourmandise, l’envie, l’orgueil. Florentino Perez n’en a que faire des sept pêchés capitaux. Kaka, le génie du Milan A.C, est un joyaux sur lequel il lorgne systématiquement lorsque se fait sentir la douce période du mercato estival. Après des tentatives peu concluantes et en dépit d’offres astronomiques en 2007 et 2008, le vil Perez arrivera à ses fins le 7 juin 2009, à Recife, au Brésil, alors que le joueur est en rassemblement avec son équipe nationale en vue des éliminatoires de la Coupe du Monde. Le corps sain(t) du joueur du Milan A.C répondant parfaitement aux attentes du médecin du Real Madrid lors de cette visite médicale improvisée, le père des Galactiques peut officiellement se délester de ses 67 millions d’euros pour s’attacher les services de l’athlète du Christ. Un transfert qui filera la banane à tous les socios madrilènes, même les plus hérétiques, tant le niveau de jeu affiché par le Brésilien à l’époque était impressionnant. Tellement impressionnant qu’en responsable marketing de luxe, Florentino Perez proposera à Kaka de succéder à Zidane et d’enfiler le numéro 5.
Aux sept pêchés capitaux, Kaka préfère les sept vertus. La modestie lui fera refuser le flocage du magicien français. Pour lui, ça sera le numéro 8. Après une première saison en dents de scie, le Brésilien espère une Coupe du Monde salvatrice. Sa foi en ce pèlerinage est telle, que pour la première fois de sa brillante carrière, Kaka n’écoute pas son corps, défiant ainsi l’une des sept vertus qu’est la tempérance, selon laquelle l’homme doit maîtriser son corps. La punition arrive vite, la sanction est sans appel. Malgré quelques bouts de matches convaincants, Kaka rentre de la Coupe du Monde comme de la guerre. Un véritable mutilé. Une pubalgie estivale, l’éloignant des terrains pendant deux mois l’empêchera de préparer sa saison correctement, tandis qu’une lésion du ménisque au genou gauche lui en fera baver jusqu’à la fin de l’année 2010. C’est presque logiquement que les socios s’impatientent. L’homme qui valait 67 millions d’euros ne vaut même plus 100 pesetas. Pendant que José Mourinho s’impatiente et que les rumeurs de départ prématurées se font de plus en plus nombreuses, le quotidien AS y va de son pronostic: »Son rendement trop faible ces deux dernières saisons a été déterminant dans le changement de politique du club vis-à-vis de lui. Il a été absent 85 jours l’année dernière« . Un constat auquel semble adhérer le Mou, « fatigué et déçu par le joueur« , qui souligne constamment son manque d’implication. Comme pour réveiller un joueur sur lequel le sort semble s’acharner.
Papa pour la deuxième fois
Mais Kaka croit en sa bonne étoile. Imperméable aux critiques dont il fait l’objet, il pense avant tout à retrouver ce qu’il aime: le terrain. S’il commence l’année 2011 sur un rythme mesuré, ses prestations vont crescendo. Les bouts de matches deviennent des mi-temps, et les mi-temps des parties pleines. Les petits sprints laissent place aux belles accélérations, et le fantôme de la Maison Blanche redevient petit à petit l’ex-milieu de terrain du Milan A.C. Décrié, annoncé partant, Kaka n’a jamais voulu fuir devant cette épreuve. Pour lui, il a une créance envers le club et les supporters. Un fardeau insupportable : »Certaines personnes ont tiré profit de ma blessure pour dire que j’avais envie de partir, mais ce n’est pas vrai. Je veux réussir et triompher au Real Madrid. Je pense avoir une dette envers ce club et le fait que je n’ai pas répondu aux attentes que j’avais suscitées. Je comprends les supporters. Je veux gagner le cœur des fans à terme en jouant des matches importants. Je ne demande que du temps« .
Aussi improbable que cela puisse paraître, Kaka, en dépit de quelques critiques ponctuelles, bénéficie de temps de jeu. Le simple fait d’obtenir un peu de répit de Santiago Bernabeu témoigne d’une certaine classe. Et ce que le Brésilien a longtemps espéré s’est produit. Du jour au lendemain, le nuage noir a quitté le sommet de son crâne. Et s’il y a une personne qui se délecte du doux soleil d’avril, c’est bien lui. Le 9 avril, dans la cathédrale de San Mames, face à l’Atletic Bilbao, la renaissance du Christ Kaka prend tout son sens. Le Brésilien, qui n’a jamais joué à Madrid comme il jouait en Italie, retrouve son football. Celui qui a fait de lui le meilleur joueur du monde en 2007. Il court à nouveau aussi vite avec le ballon que les autres joueurs sans, la vista et le dribble fin font de nouveau le bonheur des réalisateurs TV. Son doublé sur pénalty n’en devient que plus anecdotique. La fin du mois d’avril n’est qu’une succession de bonnes nouvelles pour le joueur de 29 ans. Le genre d’enchaînement qui n’arrive qu’après tant de déboires. Le 22, Kaka fête son 29ème anniversaire. Le 23, il est papa pour la deuxième fois d’une petite Isabella née à Sao Paulo. Le 24, il redevient lui même sur la pelouse de Mestalla, où il claque un doublé et deux passes décisives lors de la victoire 6-3 des Madrilènes à Valence. Pas de doute, Kaka est de retour. Et le mois d’avril ne fait que commencer…
Par Swann Borsellino.
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