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Kaká et le Real : Comment te dire adieu ?
Ça ne fait guère de doute : Ricardo Kaká ne sera plus un joueur du Real Madrid en juillet prochain. Ou même dès janvier, si les LA Galaxy se montrent persuasifs. La fin d’un long calvaire et surtout d’un gâchis.
Personne n’y croyait vraiment. Mardi soir, installé en tribune de presse, les feuilles de match sont distribuées : pas de Casillas, ni de Sergio Ramos ou encore de Xabi Alonso, tous laissés au repos. Cristiano Ronaldo, dans sa course contre la montre face à Messi, et Karim Benzema, en quête de buts, sont eux bien là. Kaká aussi. Dans cette ultime rencontre sans aucun intérêt sportif entre un Ajax Amsterdam déjà en Europa League et un Real Madrid certain de terminer deuxième de poule, le Brésilien est donc dans le onze de départ merengue. Comme lors du match aller. Histoire de faire dans l’original, José Mourinho offre le brassard à Ricardo Izecson Dos Santos Leite. Le Special One adresse par là même un joli pied de nez à ses détracteurs, le paternel de Kaká en tête. Dans un rôle de numéro 10, le Ballon d’or 2007 joue juste, perd peu de ballons et y va même de son but. À la 49e minute, il caresse un cuir qui finit sa course dans les filets : ovation du Bernabéu. Un Santiago Bernabéu qui, à la 72e, aura l’occasion de lui offrir une deuxième salve d’applaudissements pour sa sortie. Un remplacement prématuré en forme de paradoxe, puisque le Brésilien réussissait l’une de ses performances les plus abouties. À l’image de son parcours chaotique au Real.
« Vous voulez seulement que j’aille dans le tiers-monde du football »
Acheté pour près de 67 millions d’euros au Milan AC en 2009, le Brésilien n’a jamais réussi à s’imposer au sein de la Maison Blanche. La faute à des pépins physiques récurrents qui, lors de sa première saison, ne lui ont permis de jouer que 20 petites rencontres. Le physique remis à jour, on pense au renouveau de Kaká. Et quoi de mieux qu’un José Mourinho sur le banc de touche pour retrouver ses sensations ? Avec un entraîneur revanchard, le Kaká 2.0 ne trouve pas confiance à son pied. Il n’arrive pas à soutenir la comparaison à côté de la machine à statistiques Ronaldo. Car oui, avec la disparition à petit feu de Kaká, le ballon rond est en train de perdre son dernier Ballon d’or humain face aux deux cyborgs Cristiano et Messi. Pourtant, niveau stats, l’ancien de Milanello n’a pas totalement foiré son dernier exercice. Avec 40 matchs – ou bouts de match – au compteur, son millésime 2011-2012 est son plus prolifique en matière de passes décisives (12). Il termine même meilleur livreur de caviars de la Ligue des champions avec cinq offrandes. Pas assez pour un Mourinho qui a trouvé son numéro 10 en la personne du Némo teuton, Mesut Özil.
Pas en odeur de sainteté à Valdebebas, désiré par son ex du Milan AC, cette trêve estivale devait donc être celle du grand départ, du retour à la source milanaise. Bah non… Sans trop comprendre le pourquoi du comment, José Mourinho ne veut pas laisser filer le gendre idéal do Brazil. Un refus pas digéré par son père et également conseiller particulier, qui conduit à une engueulade monumentale dans les bureaux de sa seigneurie portugaise. Rappel des faits par El Pais. Mourinho, première : « Tu ne comprends pas que je ne compte pas sur toi ? Tu ne veux rien faire pour relancer ta carrière ? » Réplique du père : « Si tu veux que mon fils s’en aille, paie-lui ce que tu lui dois. » Mourinho, deuxième : « S’il reste, il bloque mon projet. » Du tac au tac, Bosco lui jette un joli « Votre projet… et le projet de Jorge Mendes » . Bien que présent mais muet lors de ces tirades, Kaká ne lâche que quelques mots : « Vous voulez seulement que j’aille dans le tiers-monde du football. » À la clôture du mercato, Kaká et Mourinho sont pourtant toujours à Madrid. Une aberration, tant les deux protagonistes sont en froid, qui devrait bientôt changer.
Le rêve américain ?
Le problème de Kaká est qu’il n’arrive pas à élever la voix. Trop bien élevé, trop poli, le garçon ne lâche pas un mot plus haut que l’autre. Pour preuve, après sa belle sortie européenne face à l’Ajax, il se ramène en zone mixte, sourire aux lèvres : « Actuellement, je ne suis pas du tout préoccupé par mon futur. Je continue à faire mon travail pour aider le Real Madrid et après, nous verrons ce qui se passe. Ne pas jouer n’est pas une situation habituelle pour moi, mais je parlerai avec mes dirigeants quand le moment sera venu. Je respecte les décisions de l’entraîneur, je ne les conteste pas, et je reste à disposition du club et de l’équipe. » En coulisse, l’ambiance est différente. Le board madrilène envisagerait de plus en plus un départ pour la MLS et des Los Angeles Galaxy prêts à casser leur tirelire pour trouver un remplaçant à David Beckham. D’ici là, Kaká continuera avec parcimonie de fêter ses trop rares apparitions comme un jubilé. À commencer par Valladolid ce samedi.
Par Robin Delorme, à Madrid