- Mondial 2023
- Gr. F
- Panama-France (3-6)
Kadi, y'a tout
Titularisée seule en pointe de l’attaque des Bleues, Kadidiatou Diani n’a fait qu’une bouchée du Panama en s’adjugeant un triplé en moins d’une heure de jeu. De quoi lever quelques doutes et engranger une confiance bienvenue avant d’affronter, sauf surprise, la montagne allemande.
La France n’aura tremblé que 21 minutes. Surprises par un pétard de Marta Cox d’entrée de jeu, les protégées d’Hervé Renard ont d’abord vécu quelques frayeurs face au Panama ce mercredi (3-6), se retrouvant provisoirement éliminées du Mondial pendant que la Jamaïque et le Brésil étaient dos à dos (0-0). Mais dans les secousses, les Bleues n’ont finalement eu qu’à se ranger dans le sillage d’une Kadidiatou Diani déchaînée et libérée. En un peu moins d’une heure sur le pré, la néo-attaquante de l’OL a fait parler la poudre à trois reprises – certes en inscrivant deux penaltys – et a été un danger constant dans une défense panaméenne qui a souvent subi les vagues. Renard, qui a opéré un turnover important sur ce dernier match, avait décidé de laisser Diani titulaire dans son onze, sans doute pour qu’elle puisse retrouver de la confiance, elle qui n’avait pas trouvé le chemin des filets lors de ses six dernières sorties avec la France. Le plan a marché comme sur des roulettes, et il fallait au moins cela, car c’est désormais l’ogre allemand qui devrait a priori se présenter sur le chemin des Bleues.
Blessure, transfert et changement de poste
Malgré une passe décisive pour Eugénie Le Sommer lors du match précédent contre le Brésil (2-1), Diani avait pourtant de quoi être frustrée par son début de Mondial. Mais ce léger manque de réussite n’a pas vraiment affecté sa confiance. Après quelques ratés en début de partie, l’ancienne joueuse du PSG n’a pas hésité à dégainer une première fois, bien mise sur orbite par Vicki Becho, puis à deux reprises sur des penaltys obtenus pour des fautes de main, devenant au passage la première Française de l’histoire à inscrire un triplé en Coupe du monde. « C’est vrai que ça fait beaucoup de bien pour le moral, je suis contente de pouvoir aider l’équipe. Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux au niveau du physique », a soufflé à France 2 celle qui avait manqué toute la fin de saison (presque deux mois d’absence, six matchs au total) en raison d’une fracture de la clavicule subie face à Wolfsburg fin mars. C’est d’ailleurs presque un miracle de la retrouver en pleine possession de ses moyens aujourd’hui, elle qui confiait fin juillet en conférence de presse qu’elle « avait du mal physiquement » au début du rassemblement des Bleues.
Dans le lot, l’attaquante a aussi dû digérer son transfert du PSG vers l’OL qui a monopolisé l’attention ces dernières semaines, mais aussi un changement de poste pas facile à apprivoiser, l’absence longue durée de Marie-Antoinette Katoto ayant contraint Renard à décaler Diani en pointe. « Quand je suis amenée à jouer sur le côté, tout se fait au feeling, selon les actions. Dans l’axe, c’est un jeu vraiment différent. C’est appui-remise, et tu attends le ballon dans la surface pour finir. Mais je suis prête à jouer aux deux postes. Parfois, tu passes vingt minutes sans toucher un ballon. C’est compliqué pour moi, car j’aime l’avoir. Il faut être prête dès qu’il y en a un, savoir où se placer. Une occasion, je ne dois pas la rater, au moins la cadrer », disait à L‘Équipe celle qui est davantage habituée à évoluer sur l’aile.
Diani, acte II
La seconde vie de Diani chez les Bleues pourrait donc avoir commencé pour de bon ce mercredi, elle qui avait décidé début mars de ne plus venir en sélection durant le mandat de Corinne Diacre, qu’elle avait qualifiée comme étant « une personne qui est assez fermée » et évoquant « un point de non-retour ». Depuis l’intronisation de Hervé Renard, on l’a alors entendue exprimer à plusieurs reprises sa satisfaction sur cette évolution. « Il y a eu beaucoup de changements, ça se ressent aux entraînements, même sur les matchs de préparation, je sens beaucoup d’envie de la part des joueuses, qu’elles commencent ou pas. Elles ont envie de montrer qu’elles sont là pour le collectif. C’est bien et c’est peut-être ce qu’on n’avait pas lors des années précédentes », disait-elle à la presse avant le début de la compétition. La compétition a commencé et le ton utilisé par Kadidiatou Diani est encore plus enthousiaste. La preuve avec ses mots dégainés après la victoire face au Brésil : « On a assez discuté entre nous après la Jamaïque, on était vraiment remontées, on s’est mobilisées, on a assez bien réagi. J’ai ressenti des choses que je n’avais jamais ressenties avant en sélection. On était vraiment déterminées. » Rendez-vous mardi prochain pour un nouveau chapitre à ouvrir.
Par Alexandre Lejeune