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Kaboré : « Ne pas avoir de regrets »
Samedi à Johannesburg, le Burkina Faso, en tête du groupe D de la zone Afrique, sait qu’il devra faire un résultat s’il veut conserver ses chances d’aller en Russie dans un an. Mais les Étalons savent qu’ils ne sont plus maîtres de leur destin depuis que la FIFA a décidé de faire rejouer Afrique du Sud-Sénégal. Charles Kaboré, le capitaine burkinabé, a encaissé le coup sans broncher. En sachant que le niveau de la mission qualification a grimpé d’un cran...
Comment avez-vous vécu la décision de la FIFA de faire rejouer le 10 novembre le match Afrique du Sud-Sénégal, perdu (2-1) en novembre 2016 par les Lions de la Téranga à la suite d’un penalty imaginaire sifflé par l’arbitre ghanéen ?J’ai été très surpris, évidemment… Je crois que c’est une première. Ce qui est étonnant, c’est que cette décision tombe près d’un an après le match, alors qu’il ne reste que deux journées à disputer. Avant cette annonce de la FIFA, le Burkina Faso avait de réelles chances de se qualifier pour la Coupe du monde, car il avait son destin entre ses mains. Aujourd’hui, c’est différent : même si nous gagnons nos deux derniers matchs, cela pourrait ne pas être suffisant si le Sénégal remporte ses trois rencontres.
Votre Fédération a fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Cela laisse un espoir…
On verra. La Fédération a fait ce qu’il fallait au niveau administratif. Elle a eu raison de le faire. Attendons la décision du TAS. On ne sait jamais. Mais nous, les joueurs, on ne doit pas s’occuper de ça, mais du terrain. Il nous reste deux matchs à jouer. On va tout faire pour les gagner. Il ne faudra pas avoir de regrets. Et puis, le Sénégal n’a pas encore remporté ses trois rencontres ! Il va au Cap-Vert samedi, affronter une équipe qui compte six points et qui a encore ses chances d’aller en Russie. Et l’Afrique du Sud, que nous allons affronter, a encore une petite chance de se qualifier, même si, avec un point, ce sera plus difficile pour elle.
Les Bafana-bafana restent sur deux défaites consécutives face au Cap-Vert (1-2, 1-2), et on a tout de suite envie de faire du Burkina Faso le favori du match de samedi…L’Afrique du Sud reste une bonne équipe. Elle n’est pas éliminée, et si elle veut conserver une chance de se qualifier, elle devra nous battre. Elle jouera chez elle, devant son public, et c’est forcément un avantage. Il faut la respecter. Ce ne sera pas un match facile. C’est vrai que depuis quelques mois, nous sommes sur une bonne dynamique. On est capables de faire un résultat.
Cela fait quelques années que le Burkina Faso rivalise avec les meilleurs. Comment expliquez-vous cette progression ?C’est un travail de fond qui a été fait. Déjà, nous possédons de bons joueurs. Il y a une ossature qui est là depuis plusieurs années déjà. Jonathan Pitroipa, Alain Traoré, Bakary Koné et moi-même, nous jouons pour la sélection depuis 2006. Il y a aussi Aristide Bancé, qui était là avant (2003), ou Daouda Diakité (2005). On se connaît parfaitement. Et d’autres joueurs sont arrivés, plus jeunes. Les choses se font naturellement. Entre l’ancienne génération et la nouvelle, cela se passe très bien. La preuve, ce sont nos résultats. Nous avons disputé cinq phases finales de CAN consécutivement, on a atteint la finale en 2013, et on a terminé à la troisième place en janvier dernier.
En pratiquant un football offensif…Oui, je pense que nous avons laissé une bonne image au Gabon. Nous avons depuis quelques années la volonté de bien jouer, de proposer quelque chose.
Nous prenons beaucoup de plaisir sur le terrain. Nous avons un sélectionneur, Paulo Duarte, qui est revenu en 2016 après un premier passage (2007-2012). Il connaît bien le pays, les joueurs, leur mentalité. Avec Paul Put et Gernot Rohr, nous avons bien travaillé, bien progressé. Il y a une volonté de bien jouer. Il y a également des choses intéressantes qui sont faites au Burkina Faso, pour améliorer le niveau. Le championnat s’améliore en qualité, il se déroule de manière très régulière. Il y a également des efforts importants qui sont faits sur la formation des jeunes joueurs. Il y a, au Burkina Faso, pas mal d’académies. Je suis d’ailleurs à la tête de celle de Matourkou de Bobo-Dioulasso, ma ville natale. Il faut investir dans la formation. Il y a de bons jeunes ici, et pour l’avenir de notre football, il faut penser à eux.
Vous dites souvent qu’il n’y a pas de star au sein de la sélection. Bertrand Traoré, qui a signé à Lyon l’été dernier, pourrait-il en devenir une ?C’est une très bonne chose pour lui d’avoir signé dans un club de la dimension de Lyon. Il va beaucoup progresser là-bas, même s’il a fait de très bonnes choses lors de son prêt à l’Ajax Amsterdam la saison dernière. Il faut lui laisser le temps de s’adapter à sa nouvelle équipe, à la Ligue 1 française. Bertrand a beaucoup de qualités, et c’est un gros travailleur, qui a envie de s’améliorer. Il est jeune (22 ans), il incarne avec quelques autres l’avenir de notre football, de notre sélection. C’est évidemment positif pour nous d’avoir des internationaux qui évoluent dans les meilleurs championnats européens.
Et vous ? Il était question d’une retraite internationale après la CAN au Gabon, et finalement, vous êtes toujours là…Oui… Je n’ai plus trop envie de parler de tout ça. Je suis là, avec un objectif, celui de disputer la Coupe du monde en Russie. Il y a aussi la CAN 2019 au Cameroun. Sincèrement, en ce moment, il n’y a qu’une priorité : le match en Afrique du Sud…
Propos recueillis par Alexis Billebault