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Juventus-Shakhtar, duel d’invincibles
Ce soir, ce sont des équipes qui ne connaissent plus le goût de la défaite depuis bien longtemps qui s’affrontent. La Juve est invaincue en Serie A depuis 45 matches, et le Shakhtar a remporté ses dix matches de championnat depuis le début de saison.
Pour trouver une défaite de la Juventus et du Shakhtar Donetsk, il faut sacrément fouiller. C’est simple. En 2012, ces deux clubs ont disputé, en tout, 60 matches officiels, toutes compétitions confondues. Nombre total de défaites cumulées ? Une seule. Le seul tombeur de ces deux équipes en 2012 se nomme Naples. Les Napolitains ont battu la Juve en finale de la Coupe d’Italie, en mai dernier. Pour le reste, les Bianconeri ont obtenu 33 résultats positifs sur 34, tandis que le Shakhtar a fait encore mieux, en ne concédant pas la moindre défaite lors de ses 26 matches officiels disputés. La dernière défaite en date des Ukrainiens remonte même au 23 novembre 2011, un revers 2-0, à domicile, contre le FC Porto. Alors, quand deux équipes invincibles se rencontrent, que se passe-t-il ? Il se passe que soit l’une des deux invincibilités vacille, soit les deux perdurent avec un match nul. Évidemment, l’objectif de l’une et de l’autre est de faire tomber le rival, et d’envoyer un signal fort. Dans ce groupe E qui compte également dans ses rangs Chelsea, il n’y a que deux places qualificatives pour trois prétendants. Le résultat du match de ce soir donnera déjà des indications sur la suite des évènements.
Asphyxier l’adversaire
Côté turinois, on aborde ce match avec une certaine sérénité. La Juve va disputer son tout premier match de Ligue des Champions au Juventus Stadium, un stade qui n’a toujours pas connu la défaite depuis son inauguration en septembre 2011. Les Turinois ont offert une magnifique prestation, samedi soir, face à l’AS Roma (4-1), balayant d’un revers le match nul concédé sur la pelouse de la Fiorentina (0-0), où la formation juventina était apparue un brin éprouvée. Le match face à la Roma a rassuré tout le monde : cette Juve-là est bien dans la lignée de celle de la saison dernière. Insubmersible. Et d’ailleurs, elle l’a prouvé lors du premier match de Ligue des Champions. Mené 2-0 à Stamford Bridge par Chelsea, le champion d’Italie a puisé dans ses ressources pour aller chercher un 2-2 qui aurait même pu se transformer en triomphe si Quagliarella n’avait pas trouvé la barre à quelques minutes du terme. Mais le nul a déjà des allures de victoire. De quoi aborder le match face au Shakhtar du meilleur pied.
Même si les joueurs de la Vieille Dame se méfient de ce redoutable adversaire, à l’instar de Giorgio Chiellini, qui va devoir faire gaffe face aux Brésiliens venus de l’Est. « C’est un adversaire très fort et sous-estimé. Pour moi, nous n’avons pas du tout été chanceux au tirage. Il faudra la meilleure Juve, notre arme devra être l’agressivité et nous devrons essayer de faire le jeu » a expliqué le défenseur. Des propos appuyés par celui du coach, Massimo Carrera, qui ne sera peut-être bientôt plus l’entraîneur puisque la suspension d’Antonio Conte pourrait être réduite à quatre mois. « Le Shakhtar est une équipe très technique, avec un entraîneur qui connaît parfaitement le football, explique Carrera. Notre force, c’est de pouvoir agresser l’adversaire, ne pas le laisser respirer, comme nous l’avons fait face à la Roma » . Les Ukrainiens sont donc prévenus : c’est une Juve offensive qu’ils vont rencontrer ce soir. Un seul doute : l’attaquant qui sera aligné aux côtés de Vucinic. Matri, Quagliarella ou Giovinco ? Les trois sont candidats. Et les trois ont leurs arguments.
La gâchette arménienne
S’il y en a bien un qui a également des arguments, c’est Mircea Lucescu. L’entraîneur du Shakhtar connaît parfaitement le football italien, lui qui a entraîné Pise, Brescia, la Reggina et l’Inter. Il y a deux ans, Lucescu avait déjà croisé la route d’un club italien, l’AS Roma, en huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Le Shakhtar avait terrassé les Giallorossi, 3-2 à l’aller à Rome, 3-0 au retour en Ukraine. Alors, pour le coach roumain, le lien entre ce passé proche et le présent est tout fait. « J’ai montré à mes joueurs le match de la Juve contre la Roma, et je leur ai dit que, contre une équipe comme la Juve, tu ne peux pas te permettre de jouer comme ça, en laissant une liberté absolue aux adversaires. Il faut faire tout l’inverse » a-t-il affirmé. Zeman aura apprécié. Il faut dire que Lucescu et les siens sont en confiance. Le Shakhtar survole le championnat ukrainien, avec dix victoires en dix journées, des stats folles de 34 buts marqués, et seulement 5 encaissés, et déjà 6 points d’avance sur un Dynamo Kiev qui ne va pas pouvoir tenir le rythme bien longtemps.
Comme le championnat ukrainien est devenu trop étroit pour ce Shakhtar (déjà champion en 2010, 2011 et 2012), le club du président Rinat Akhmetov veut s’affirmer en Ligue des Champions. Éliminé au premier tour la saison dernière, le Shakhtar a à cœur de se racheter, comme il l’a prouvé lors du premier match, remporté 2-0 contre Nordsjælland. En plus de ses traditionnels Brésiliens, les Mineurs peuvent désormais compter sur leur nouvelle pépite, la gâchette arménienne Mhkitaryan, auteur de 15 buts en 14 matches officiels cette saison (alors que le mec est milieu de terrain, hein). La Juve va devoir se méfier. Enfin, ce match va signer de drôles de retrouvailles. Celles entre Mircea Lucescu et Andrea Pirlo. « Andrea, je le connais bien… C’est moi qui lui ai fait faire ses grands débuts à Brescia, alors qu’il n’avait que 15 ans et demi. Je voulais attirer l’attention sur lui et sur son talent. Je suis convaincu qu’il mérite le Ballon d’Or, au vu de son incroyable carrière. Mais attention, la Juve n’est pas seulement Pirlo » met en garde le coach. Ce n’est pas seulement Pirlo, certes, mais si les chiens de garde du Shakhtar (les Srna et autres Rat) ont la bonne idée de bloquer le phare turinois, tout se passera forcément mieux. Enfin, un peu mieux.
Eric Maggiori