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Juventus/Napoli, plus qu’une deuxième place
Ce soir, toute l’Italie sera devant son téléviseur ou son ordinateur pour assister à la rencontre entre la Juventus et le Napoli. Car, que l’on ne s’y trompe pas : si les deux équipes se disputent ce soir la deuxième place, ce sont bien les deux favoris pour le Scudetto qui s’affrontent sur la pelouse du Juventus Stadium.
Rarement, dans l’histoire récente de la Serie A, deux parcours auront été si similaires. Après onze journées de championnat, c’est peu dire que la Juventus et le Napoli sont au coude à coude. Les deux formations affichent le même nombre de points, 28, pratiquement le même nombre de buts marqués, 24 pour Naples, 23 pour la Juve, et se sont même payées le luxe de concéder leur seule et unique défaite lors de la même journée. De vraies jumelles. Pourtant, ce soir, il va falloir se départager. Le match du Juventus Stadium vaut cher, très cher. Déjà, parce que la Roma, actuel leader du classement, reçoit cet après-midi Sassuolo. A priori, si les Giallorossi ne font pas les cons, ce sont trois points assurés. Conséquence immédiate : au coup d’envoi, la Juve et le Napoli devraient avoir six points de retard sur la formation de Rudi Garcia. S’imposer voudrait dire rester à trois longueurs. S’incliner, et la première place du classement s’éloignerait sensiblement. Mais au-delà de l’enjeu immédiat, c’est également une confrontation essentielle pour la suite de la saison. Même si la Roma de Rudi Garcia fait des miracles, la Juve et le Napoli sont toujours considérés comme les deux favoris au titre. Ce soir, il s’agit donc, tout simplement, d’un match-Scudetto. Le genre de rencontre qui peut vous marquer le reste d’une saison. Dans le bon, comme dans le mauvais sens.
Callejón en feu, Inler affuté
Si c’est la Juve qui reçoit et qui devrait donc avoir l’avantage psychologique, force est de constater que le moral est à bloc côté napolitain. Depuis le revers 2-0 sur la pelouse de la Roma, le 18 octobre dernier, la formation de Benítez a enchaîné cinq succès toutes compétitions confondues, le plus important étant sans nul doute celui obtenu sur la pelouse de la Fiorentina il y a dix jours. Cette semaine, les Partenopei ont décroché un succès très important en Ligue des champions, face à l’OM, même si leur prestation a été plus poussive que d’habitude. Il faut dire aussi que Benítez avait laissé sur le banc Hamšík, Behrami et Insigne au coup d’envoi, histoire de garder des forces fraîches pour le match de ce soir. L’essentiel a été assuré, à savoir trois points qui mettent le Napoli en position favorable pour une éventuelle qualification en huitièmes de finale (un nul à Dortmund, lors de la prochaine journée, et la qualif est assurée). Ceci fait, Naples peut désormais avoir l’esprit rivé sur le match de ce soir.
Benítez ne se fait pas d’illusions. Il sait que c’est l’enfer qui l’attend ce soir, dans un stade où la Juve a obtenu cinq victoires en cinq matchs cette saison. Mais il en a vu d’autres. Alors, en conférence de presse d’avant-match, il commence par dédramatiser l’enjeu. « Nous devons faire notre travail. Si nous gagnons, tant mieux, mais il y aura encore 26 matchs à jouer. Et si nous perdons, nous travaillerons encore plus » , a-t-il affirmé. Un discours qu’il avait déjà utilisé avant le match face à la Roma, et qui ne lui avait pas forcément porté chance (défaite 2-0). Mais le coach espagnol sait également trouver les mots pour motiver ses troupes. « Face à un tel adversaire, il nous faudra du caractère, et beaucoup d’intensité. Nous devons penser à nous avant de penser à eux » , a-t-il précisé. Enfin, l’ancien entraîneur de Chelsea utilise la fameuse stratégie qui consiste à dire que son adversaire est plus fort : « L’effectif de la Juve est le plus fort du championnat. Même Conte connaît la valeur de son équipe, ils sont les favoris pour le Scudetto. » Pas faux, mais avec un Higuaín en forme, un Callejón en feu, un Hamšík inspiré, un Maggio à bloc, un Inler affuté et un Reina en mode rempart, Rafa n’a pas franchement à se plaindre non plus.
Défense à quatre, défense à trois
Dans l’autre camp, Conte, lui, préfère faire dans la provocation. Récemment, Benítez a affirmé que son Napoli n’était qu’à « 75% de ses capacités » . Du coup, Conte rebondit ironiquement sur ces propos. « Benítez dit que le Napoli est à 75%, et cela me préoccupe, car ils sont à égalité de points avec nous. Je me demande donc de quoi le Napoli sera capable quand il sera à 100%. Il n’y aura plus de championnat » , a-t-il lâché. Une belle provoc’, qui montre également que, quelque part, Conte craint son adversaire du soir. Un adversaire qu’il devra affronter sans Chiellini, pas encore remis d’une légère blessure. Pas forcément une bonne nouvelle, puisque le robuste défenseur était déjà absent mardi contre le Real Madrid (il était suspendu), ce qui a contraint Conte à redessiner une défense à quatre plutôt qu’une défense à trois, plaçant Bonucci et Barzagli dans l’axe, avec Caceres à droite (Lichtsteiner toujours out). Résultat : les deux buts encaissés sont arrivés de deux bourdes de Caceres (une passe en retrait foirée et un marquage catastrophique sur CR7), ce qui n’est pas très rassurant en vue du match face aux Napolitains.
D’un point de vue plus général, on sent la Juve moins sereine que les deux années précédentes. Certes, cela peut paraître déplacé de lancer une telle affirmation pour une équipe qui affiche un bilan de 9 victoires, un nul et une défaite en Serie A. Mais c’est un sentiment global, partagé par la plupart des tifosi. Pirlo est moins décisif dans le jeu, Buffon commet quelques erreurs inhabituelles, Tévez est bon, mais pas encore extraordinaire. Quelques détails, mais qui donnent l’impression que cette Juve-là est parfois prenable, à l’inverse des années précédentes où, même lors des rares fois où elle s’inclinait, elle était toujours supérieure à son adversaire. La défaite face à la Fiorentina, notamment, a été une vraie gifle pour les Bianconeri. Depuis, ils n’ont plus perdu le moindre match en championnat, et semblent déterminés à continuer sur cette lancée, pour vite reprendre cette première place à laquelle elle est habituée, mais que la Roma ne veut pour le moment pas lâcher. La rencontre de ce soir pourrait bien nous en dire beaucoup sur la suite de cette passionnante Serie A. Quant à Rudi Garcia, soyez-en convaincus : il a déjà coché la case « N » sur sa grille Parions Sport…
Eric Maggiori