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Juventus, les cinq raisons d’une crise
Avec sept points engrangés sur les trois dernières journées et une qualification en 8es de Ligue des champions bien engagée, on pensait la saison de la Juve enfin lancée après des débuts délicats. Mais la défaite à Sassuolo a démontré que le mal était plus profond qu'on ne le pensait.
La passivité d’Allegri
Qui dit équipe en crise, dit entraîneur sur la sellette. À deux doigts d’un historique triplé en juin passé, Maxou est désormais la cible numéro un de ses supporters. D’abord, cette indécision tactique initialement confondue avec une ingénieuse polyvalence. 3-5-2, 4-3-3, 4-3-1-2, on ne sait pas encore, alors que la Juve et ses nombreuses recrues auraient besoin de certitudes. Puis, l’incapacité à savoir remobiliser ses troupes. Le technicien bianconero n’a ni le calme charismatique d’Ancelotti, ni la manipulation médiatique de Mourinho, ni les coups de gueule de Conte. Mettez-vous à la place de Lemina ou Sturaro, et imaginez Allegri dans le vestiaire en train de s’énerver à en bouffer les « c » avec son accent toscan prononcé. Maintenant, êtes-vous animé d’un sentiment de revanche ou pensez-vous juste aux hashtags qui accompagneront votre prochain selfie ?
La fracture sociale
« Certains joueurs ne sont pas conscients de la situation, ils ne sont pas responsables. Ils doivent comprendre l’importance du maillot de la Juve. » Des propos signés Tonton Pat’ Évra qui ont fait écho aux interviews de fin de match de son capitaine mercredi soir. Ce n’est pas un hasard si les deux joueurs les plus expérimentés de l’effectif ont tenu ce discours, et cela dénote le manque de cohésion d’un groupe qui a perdu gros cet été d’un point de vue technique, mais surtout mental. N’oublions pas que Pepe et Storari, véritables hommes de vestiaires, ont laissé un vide tout aussi important que le trio Vidal, Tévez, Pirlo. Gigi Buffon et Évra s’attendent à ce que Lemina, Dybala, Zaza et compagnie sortent de la puberté et entrent dans la vie adulte le plus vite possible.
Le 10 de Pogba
Discours également valable pour Paul Pogba, malgré sa présence dans le « roster » depuis maintenant trois ans. Le Français a opté pour le mythique numéro 10, si le coup de marketing est parfaitement réussi, l’investiture est totalement loupée. Incapable de reprendre le flambeau après le triple départ précédemment cité, Paulo a probablement sous-estimé le poids du lourd héritage, puisque ses prestations décevantes sont constamment analysées à travers le prisme de ce chiffre mythique. Et même quand il sort une bonne perf contre l’Atalanta dimanche dernier, on ne parle que du petit 75 maladroitement ajouté au feutre. S’entêtant dans des initiatives personnelles, Paulo donne l’impression de vouloir démontrer à tout prix qu’il mérite son paletot. Du coup, c’est tout le jeu de l’équipe qui en pâtit.
Des recrues surestimées
Il va bien falloir commencer à se poser la question, surtout après les plus de 100 millions d’euros dépensés dont 40 pour le seul Paulo Dybala. L’attaquant argentin pue le talent, rien à redire là-dessus, mais si flamber à Palermo est une chose, s’imposer à la Juve en est une autre. Mandžukić souffre du peu de ballons qui lui arrivent dans la surface, et le Juventus Stadium commence à regretter Llorente. Alex Sandro n’avait pas prévu de tomber sur un Évra aussi opiniâtre. Zaza est orphelin de Renato, Lemina de Bielsa. Khedira cherche sa condition physique. Enfin, le directeur général Marotta a avoué publiquement qu’Hernanes était une solution de repli. Reste Cuadrado, souvent très bon, mais qui se la joue soliste. Un combo de défaillances qui fait mal et qui n’est pas forcément lié à l’inexpérience de ces recrues comme on a souvent pu lire.
Le calendrier
La Vieille Dame a peut-être une bonne excuse, même si elle n’osera sûrement jamais s’y raccrocher. Elle a disputé cinq de ses dix rencontres à l’extérieur. Jusque-là, tout va bien. Mais en y regardant de plus près, on se rend compte qu’elle a déjà rendu visite à la Roma (1re), le Napoli (3e), l’Inter (4e) et Sassuolo (5e). Ça fait beaucoup de voyages importants après seulement un quart du championnat, surtout concernant les trois premiers qui représentent les plus bouillants dans des stades chauffés à blanc. Le calendrier des matchs retours sera nettement plus abordable. Une lueur d’optimisme pour le peuple bianconero en vue d’un retour dans le haut de tableau. Au pire, vu les 35 000 Scudetti déjà remportés, ça vaut peut-être le coup de donner la priorité à la Ligue des champions.
Par Valentin Pauluzzi