- Ligue des champions
- Groupe E
- Juventus/Nordsjælland
Juventus, le match d’après
Samedi, pour la première fois depuis 49 matchs, la Juve s’est inclinée en championnat contre l’Inter. Ce soir, elle affronte Nordsjælland en Ligue des champions. L’occasion de tout de suite tourner la page. Ou de plonger dans le doute.
« Si tu perds une fois tous les 50 matchs, ça va, il y a pire. » « Ce n’est pas un drame. » « Cela n’enlève en rien les magnifiques choses que nous avons accomplies. » Côté turinois, l’heure est à la dédramatisation. Qu’ils s’appellent Buffon, Alessio ou Marchisio, les représentants du clan turinois tentent tant bien que mal de faire passer la pilule. Quoi qu’ils en disent, la défaite face à l’Inter fait mal, pour plusieurs raisons. Déjà, elle a ramené la Juve sur terre. Les Turinois avaient pris l’habitude de ne jamais perdre, et avaient fini par se croire littéralement imbattables. Ensuite, la défaite intervient face à l’Inter, qui est le rival par excellence. Enfin, ce revers a des conséquences au classement. Avec une victoire, la Juve aurait pris sept points d’avance sur son premier poursuivant. Autant dire que le Scudetto aurait quasiment été une affaire réglée. Mais là, pas du tout. En s’imposant à Turin, l’Inter revient à un point de l’armada turinoise et relance tout. Dans ce contexte, le match de ce soir, face à Nordsjælland, prend une saveur toute particulière. La Juve n’a pas encore gagné le moindre match en Ligue des champions. Trois matchs, trois nuls. Elle est actuellement troisième du groupe (3 points), et doit impérativement s’imposer pour se rapprocher du Shakhtar (7) et de Chelsea (4), qui s’affrontent justement ce soir.
Attaque cherche buteur
Dans le camp piémontais, on essaie évidemment de ne plus penser au match de l’Inter et de se concentrer sur la confrontation de ce soir. « C’est un match décisif dans l’optique de la qualification au tour suivant. Nous voulons nous ressaisir immédiatement » , a martelé Claudio Marchisio, qui garde sur la conscience cette énorme occasion ratée dans les premières minutes de jeu face à l’Inter, et qui aurait pu permettre à la Juve de mener 2-0. Néanmoins, gare à ne pas faire comme si le match de l’Inter n’avait jamais existé. Cette rencontre doit servir de leçon à la Juve, qui a été battue sur de nombreux aspects : athlétique, mental et tactique. Antonio Conte en est bien conscient. Dès la reprise des entraînements, le coach fantôme a décidé d’axer les exercices sur la tactique. Il a notamment passé un long moment à étudier avec son groupe le schéma tactique des Danois, et a également tenté de comprendre pourquoi son équipe marquait moins de buts ces derniers temps.
En conférence de presse d’avant-match, c’est Angelo Alessio, son adjoint, qui a dû s’expliquer. « Un problème de buts ? Lorsque l’on construit de nombreuses actions d’attaque, il arrive aussi que l’on rate devant le but. Ce n’est pas ça le problème. » Alors, c’est quoi le problème ? Bien que personne ne veuille vraiment l’admettre, le problème, c’est que la Juve manque d’un vrai killer en attaque. La preuve : le meilleur buteur turinois, cette saison, c’est… Arturo Vidal, qui est milieu de terrain. Devant, aucun joueur entre Giovinco, Matri, Bendtner et Quagliarella ne convainc vraiment à 100%. Voilà peut-être pourquoi, en sous-marin, les dirigeants turinois entretiennent les contacts avec l’Athletic Bilbao pour l’éventuelle venue de Fernando Llorente en janvier. Autant prévoir… Coup dur supplémentaire : pour le match de ce soir, Mirko Vučinić est indisponible, à cause d’une blessure à la cuisse. Une absence qui va pousser Alessio à titulariser Alessandro Matri, qui n’a marqué qu’un seul but cette saison, contre la Roma, le 29 septembre dernier. C’est sûr que cela fait moins trembler que les stats d’un Cavani ou même d’un El Shaarawy.
Derrière Copenhague
Le match contre Nordsjælland n’a évidemment pas comme unique fonction de tourner la page Inter. Il y a un véritable enjeu dans ce groupe E, où le Shakhtar et Chelsea ne vont pas se faire prier pour aller chercher la qualification. Lors de la dernière journée, la Juve n’a pas réussi à faire mieux qu’un nul sur la pelouse des Danois, alors que ces derniers avaient perdu leurs deux premières rencontres. La défaite de Chelsea sur la pelouse du Shakhtar a lancé les Ukrainiens en tête du groupe, ces derniers faisant désormais figure de favoris. La Juve va donc devoir cravacher pour accrocher au moins la deuxième place. Et comme les deux actuels leaders du groupe s’affrontent ce soir à Stamford Bridge, une victoire turinoise devient impérative pour recoller. Selon le score de l’autre rencontre, la Vieille Dame pourrait soit passer devant Chelsea, soit rester troisième, mais en revenant à un point du duo de tête.
En revanche, une défaite (ou même un nouveau match nul) compromettrait très sérieusement les chances de qualification des champions d’Italie. « Ne pas gagner contre Nordsjælland voudrait dire retomber en Europa League ou, pire, être totalement exclu. C’est pour cela qu’il faut uniquement s’imposer. Sortir de la Ligue des champions dès les phases de poules pourrait peser sur la suite de la saison » assure Angelo Alessio. Or, gagner un match de Coupe d’Europe semble devenu un mirage pour les Bianconeri, qui n’ont plus connu le goût de la victoire en Europe depuis un tour préliminaire d’Europa League en août 2010 contre Sturm Graz. Depuis, 9 matchs, 9 nuls… Le Juventus Stadium, qui a tant chaviré depuis son inauguration, aimerait bien oublier immédiatement l’amertume du rendez-vous de samedi, et fêter la première victoire européenne de l’histoire du stade. D’autant qu’en face, ce n’est pas non plus le Real Madrid ou le Barça, hein. C’est Nordsjælland quoi. Une équipe qui est derrière Copenhague au classement du championnat danois. Si ça, cela ne suffit pas à motiver les Bianconeri.
Eric Maggiori