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Juventus: le champion d’Italie inquiète en défense
Hyper friable en défense actuellement (neuf buts encaissés en trois matchs) et sujette à des sautes de concentration alors que son titre de champion ne fait plus guère de doutes, la Juventus ne semble pas aussi sereine qu'habituellement. Des doutes simplement passagers, ou solidement ancrés ?
La statistique est difficile à déceler, mais elle dit quelque chose de la Juventus d’aujourd’hui. La dernière fois que la Vieille Dame avait encaissé neuf buts sur trois matchs consécutifs toutes compétitions confondues, c’était il y a plus d’une décennie. À l’époque, les Turinois ne roulaient pas sur la Serie A comme ces dernières années (elle était alors plutôt la propriété de l’Inter), et Ciro Ferrara se trouvait aux manettes d’un bolide trop gros pour lui. David Trezeguet faisait encore kiffer la Botte, le duo de Fabio Grosso-Cannavaro composait la gauche de l’arrière-garde, et Diego devait devenir le nouveau frisson du football mondial. C’était fin 2009, et la Vieille Dame se faisait pulvériser par le Bayern Munich (4-1, en phase de poules de Ligue des champions), par Bari (3-1, à l’extérieur) et par Catane (2-1, à domicile) en l’espace de douze jours.
Depuis, la Juve n’avait plus connu une telle déconvenue chiffrée. Jusqu’à ce mois de juillet 2020, avec une défaite à Milan (4-2) et deux nuls riches en tremblements de filets (2-2 contre l’Atalanta, 3-3 à Sassuolo) en une semaine. Alors, faut-il s’inquiéter pour elle ? Trop tôt, beaucoup trop pour flipper. Après tout, le leader d’Italie conserve un bon bilan comptable global (35 réalisations concédées sur l’exercice 2019-2020, soit le deuxième meilleur du pays derrière l’Inter à 34) et les circonstances exceptionnelles engendrées par la pandémie de coronavirus (enchaînement des rencontres après une longue pause forcée, fatigue des organismes…) peuvent être brandies comme des arguments de défense. N’empêche que s’interroger sur les problèmes entrevus derrière, chez le champion en titre, n’est pas interdit.
Empruntés, éreintés
Car c’est un fait : depuis quelques semaines (voire quelques mois), la Juventus est moins souveraine en défense. La faute, notamment, aux jambes cassées ou cramées des hommes de la ligne incriminée. Matthijs de Ligt n’a pas encore convaincu et avait même perdu sa place de titulaire avant la blessure de Merih Demiral, Giorgio Chiellini passe son temps à l’infirmerie et a été sorti dès la mi-temps contre Sassuolo pour son retour, Daniele Rugani a contracté le Covid et n’a pas retrouvé sa forme, Danilo passe régulièrement à côté, Alex Sandro vient tout juste de soigner ses pépins physiques, Juan Cuadrado commence sérieusement à fatiguer, et Leonardo Bonucci pourrait se faire plus rassurant. Sans compter que devant eux, Miralem Pjanić semble déjà avoir la tête à Barcelone où il a été transféré.
Pas loin d’être exténuée, la Vieille Dame subit donc beaucoup plus qu’auparavant. D’autant que le schéma tactique, imposé par le têtu Maurizio Sarri, réclame un certain investissement physique. Face à une équipe en pleine bourre comme l’Atalanta, ça ne passe donc pas : c’est ainsi qu’on a vu les Turinois bloqués, au sein de leur propre moitié de terrain, pendant plus de… huit minutes. Une éternité, presque un choc psychologique pour une formation au règne national hégémonique qui s’apprête à être sacrée pour la neuvième fois d’affilée.
Bouton concentration désactivée
Le domaine psychologique, justement. Ayant habitué les amateurs de ballon rond à défendre à l’expérience et à maîtriser les choses par pragmatisme sans trop (se) faire peur, la Juve montre actuellement une fébrilité défensive qui ne lui ressemble pas à des moments où elle n’a pas à être effrayée. Peut-être par déconcentration et relâchement, ses dauphins (comme la Lazio, qu’elle reçoit ce lundi pour une confrontation qui n’aura pas l’allure d’une finale autrefois espérée) ne lui infligeant d’ailleurs pas une grosse pression, la Vieille Dame s’égare alors. À Milan, cela s’est traduit par trois pions mangés en cinq minutes alors qu’elle menait de deux longueurs.
Idem devant Sassuolo, qui en a mis trois aux Bianconeri (dont deux entre la 51e et la 54e minute) après avoir vu le score afficher 2-0 en sa défaveur avant même le quart d’heure de jeu. Les Turinois seraient donc devenus des hommes à réaction, comme leur trois égalisations (deux contre Bergame, une face aux Neroverdi) le laissent imaginer, ayant besoin d’un véritable enjeu pour ne pas craquer ? Si tel est le cas, l’Olympique lyonnais n’aura pas de passe-droit. Mais si le souci est plus profond…
Par Florian Cadu