- Serie A
- 2e journée
- Juventus/Lazio
Juventus-Lazio, comme on se retrouve…
Deux semaines après la finale de Supercoupe d’Italie, la Juventus et la Lazio se retrouvent, cette fois-ci au Juventus Stadium. Après la raclée reçue à l’Olimpico, les Laziali auront à cœur de se racheter. Mais pas sûr que la Juve ait très envie de décevoir ses tifosi, pour sa première de la saison à domicile.
Antonio Conte n’est pas le genre de coach qui a la langue dans sa poche. Son équipe vient de remporter la Supercoupe d’Italie, 4-0, et a gagné son premier match de championnat, en allant s’imposer sur la pelouse de la Sampdoria (1-0). Alors, lorsque le technicien se présente en conférence de presse d’avant-match, on s’attend à tout… sauf à ce qu’il passe un énorme coup de gueule. « C’est bien, la Juve s’est affaiblie, et nous avons renforcé le Milan AC » , martèle-t-il. Le sujet de la discorde ? Le départ d’Alessandro Matri au Milan AC, officialisé hier par le club rossonero. Et Conte en remet une couche. « Techniquement, son départ n’était pas prévu, tout comme celui de Giaccherini. Nous perdons un joueur qui, en deux ans, a marqué plus de buts que tout le monde ici à Turin, et qui a été l’un des plus fidèles. Avec ces deux départs, nous nous sommes affaiblis. J’entends dire que l’écart avec nos concurrents a augmenté. Moi, je réponds que nous avons dû nous priver d’un joueur qui évolue en équipe nationale, et d’un joueur qui a marqué plus de 50 buts lors des 4 dernières saisons en Serie A. Cela fait comprendre à tous le moment difficile que nous vivons actuellement en Italie, au niveau économique. » Un vrai coup de gueule. Mais pour quoi ? Peut-être parce que Conte a peur que, d’un point de vue médiatique, les victoires de la Juve deviennent trop habituelles. Alors que pour lui, chaque succès est une vraie bataille fièrement remportée, avec les armes qu’il a à disposition. Et ça, il aime le rappeler à tous, une fois de temps en temps.
Pogba et Tévez, les compères
Heureusement, lors de sa conférence de presse, Conte n’a pas parlé que de ça. Le thème de la journée, en effet, c’est cette deuxième journée de Serie A, et ce second choc en l’espace de 15 jours face à la Lazio. Le premier a été remporté haut la main, avec brio. Or, Conte garde les pieds sur terre. Il sait bien que le fait d’avoir gagné 4-0 il y a deux semaines ne change rien dans sa façon de préparer la rencontre. « Il faudra miser sur le mental et le cœur, encore plus que sur les jambes, affirme le mister. Entre nous et la Lazio, il n’y a pas la différence que le large score a laissé entendre. La Lazio est armée pour lutter avec nous pour les premières positions, elle nous a toujours fait souffrir, et elle le fera encore demain. Nous allons rencontrer des difficultés, mais nous voulons leur en créer, à eux aussi. » Le message est clair : l’adversaire du soir aura son mot à dire, et la Juve le sait. D’ailleurs, les statistiques confirment les dires de Conte. La saison dernière, la Lazio est venue deux fois au Juventus Stadium. La rencontre de championnat s’est soldée sur un score nul et vierge, 0-0, tandis que la demi-finale aller de Coupe d’Italie s’était terminée sur le score de 1-1. Et l’année précédente, toujours au Juventus Stadium, la Vieille Dame n’avait dû son salut qu’à un coup franc libérateur de Del Piero, inscrit à quelques minutes du coup de sifflet final.
Alors, certes, aujourd’hui, la Juve semble largement au-dessus de son adversaire, au niveau du jeu. Si Conte affirme que la Juve s’est affaiblie, il oublie de dire qu’elle s’est renforcée avec les arrivées de Tévez, Llorente et Ogbonna. L’Apache, d’ailleurs, n’a pas mis bien longtemps à trouver ses marques. Buteur lors de la Supercoupe d’Italie, il a récidivé dès sa première apparition en Serie A, inscrivant le seul but du match face à la Samp. Les deux fois, le passeur décisif répondait au nom de Paul Pogba. « C’est un plaisir de jouer avec un joueur comme lui, toujours bien placé. On s’entend bien à l’entraînement, ça m’a fait plaisir de lui offrir ces buts » , déclarait le Français il y a quelques jours, dans une interview télévisée. Pogba aura, lui aussi, l’occasion d’imprimer sa patte sur ce « big match » . La blessure de Marchisio lui offre une place de titulaire assurée pendant tout le mois de septembre. Or, pour le moment, tout le monde s’accorde à dire que l’ancien du Havre est monstrueux depuis le début de la saison. La preuve : depuis deux semaines, à Turin, on parle plus de lui que de Pirlo ou Vidal. C’est dire.
Les dinosaures, dehors
En face, la Lazio aura évidemment à cœur de se racheter. La défaite en Supercoupe d’Italie a fait du mal aux joueurs de Petković qui, avant la rencontre, avaient rêvé de rééditer l’exploit de 2009, lorsqu’ils avaient battu l’Inter de Mourinho, Eto’o et Sneijder en finale de Supercoupe. Un mal pour un bien ? Peut-être. Car le large revers subi contre la Juve a permis à l’entraîneur bosnien, qui entame là sa deuxième saison au club, de rectifier le tir pour le début de la Serie A. Ainsi, pour l’ouverture du championnat, face à l’Udinese, il a modifié son schéma tactique, et a osé ce qu’il n’avait jamais osé la saison dernière : mettre sur le banc les dinosaures de l’équipe : André Dias, Biava et Ledesma (moyenne d’âge des trois larrons : 33,3 ans). À leur place, Petko a titularisé deux nouvelles recrues, Novaretti et Biglia (élu homme du match), et a accordé sa confiance en défense centrale à Lorik Cana. Résultat, l’électrochoc a bien eu lieu, puisque la Lazio s’est imposée 2-1 face à un rival direct pour l’Europe. Et encore, le but a été encaissé après que Cana s’est blessé, et qu’il a dû céder sa place à un André Dias complètement à côté de la plaque.
Petković a donc obtenu une réponse forte de ses joueurs, et veut désormais prouver à tous que le score encaissé en Supercoupe d’Italie ne reflète en rien le véritable potentiel de son équipe. Même si, évidemment, la Juve reste favorite. « Chaque match a sa propre histoire, explique le technicien. Lors de la Supercoupe, nous avons fait mauvaise figure et, en 20 minutes, nous avons perdu toute confiance, mais nous avons également montré de belles choses face à un adversaire extrêmement fort. L’objectif, c’est de réaliser au Juventus Stadium pendant 90 minutes ce que nous avons fait lors de la première période face à l’Udinese. Sacrifice, humilité et orgueil. » Parole de Bosnien. Pour cette rencontre, Petković va à nouveau s’appuyer sur ses hommes forts : Hernanes (quel but face à l’Udinese !), Candreva, Marchetti et Miro Klose, dont la Juve est la véritable bête noire. En attendant, peut-être, un renfort de poids en la personne de Burak Yılmaz. La Lazio et Galatasaray sont en effet en pleines tractations. « S’ils offrent ce que l’on réclame(18 millions d’euros, ndlr), Yılmaz ira à la Lazio » , a affirmé le directeur sportif du club turc. Sauf que la Lazio en propose 12. Il reste trois jours pour trouver un compromis. Presque aussi compliqué que d’aller s’imposer à Turin, où la Lazio n’a plus gagné en Serie A depuis la saison 2002-03. Tu parles d’un défi.
Eric Maggiori