- Supercoupe d'Italie 2019
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Juventus-Lazio, à couteaux tirés
Pour la deuxième année consécutive, la Juventus retourne en Arabie saoudite disputer la Supercoupe d’Italie. Fort d’une victoire face au Milan l’an passé (1-0), la Vieille Dame devra, cette fois, faire face à la seule équipe qui l’a vaincue cette saison toutes compétitions confondues : la Lazio. Un duel au sommet, dans un cadre qui ne fait pas l'unanimité en Italie comme ailleurs.
Non, ce Juventus-Lazio qui se dispute ce dimanche à 17h45 ne ravit pas tout le monde. Pour le vérifier, il n’y a qu’à écouter ce qu’en pense Hatice Cengiz. Invitée par une ONG et présente à Rome ces derniers jours, la fiancée de Jamal Khashoggi – ce journaliste saoudien assassiné par le régime dans le consulat de son pays à Istanbul – n’y est pas allée de main morte pour critiquer la tenue de la rencontre dans la capitale saoudienne au cours d’une conférence de presse : « L’Italie fait partie des pays du G20 et occupe une position importante. La Juventus et une autre équipe italienne ont reçu une invitation des autorités saoudiennes pour jouer un match à Riyad, et elles vont jouer ce match. Est-il juste, selon vous, que la politique se mélange au sport ? Sans rien dire à ce sujet, le gouvernement italien soutient également l’Arabie saoudite. Qu’est-ce que vous en pensez ? » Une question qui restera sans réponse, et qui apparaît surtout comme réellement secondaire aujourd’hui, tant les enjeux financiers semblent plus importants que le reste.
Money, money, money
Dans l’enceinte de 25 000 places, ce Juventus-Lazio pourrait être la dernière finale du format actuel de la Supercoupe d’Italie. Pourquoi ? Tout simplement car le contrat entre la Lega Serie A et la Fédération saoudienne (qui oblige la Serie A à délocaliser la Supercoupe en Arabie saoudite pour au moins trois éditions sur la période 2018-2022) rapporte aujourd’hui 7,5 millions d’euros par édition. Un passage à un mode de fonctionnement basé sur un Final Four – comme fait l’Espagne qui enverra Valence, Barcelone, le Real et l’Atlético s’affronter à Djeddah du 8 au 12 janvier prochain dans le cadre de l’édition espagnole – est à l’étude, notamment car il offrirait près de 30 millions d’euros selon le Corriere dello Sport.
Ce dimanche, d’ailleurs, la Vieille Dame arborera une tunique inédite avec les noms des joueurs floqués en arabe. Une opération dont elle profite aussi sur le plan économique : 500 exemplaires de ces maillots sont d’ores et déjà en vente sur le site de la Juventus au prix exorbitant de 250 euros. Oui, à ce petit jeu, l’Italie fait comme tout le monde tout compte fait. Et on en oublierait presque alors que ce Juventus-Lazio revêt un enjeu sportif majeur. Foutu pognon.
À qui la belle ?
Car mine de rien, cette petite sauterie saoudienne a tout d’un duel au sommet. D’un côté, Maurizio Sarri pourrait décrocher son premier titre chez les Bianconeri et boucler une première partie de saison moins souveraine pour la Juventus qu’à l’accoutumée. Pour cela, la Juve va devoir disposer de la Lazio, la seule équipe à l’avoir fait chavirer cette saison. C’était il y a quelques semaines seulement, à Rome, et ce n’est pas la première fois que les Biancocelesti sont le poil à gratter des Turinois. En 2017, c’était déjà eux qui avaient renversé la bande à Chiellini en finale de la Supercoupe (3-2) avec un pion victorieux dans les dernières secondes d’Alessandro Murgia.
Devant les journalistes, à la veille de l’affiche, Sarri n’a pas manqué de souligner la force d’une Lazio qui, à mi-saison, est encore à ses côtés dans la lutte pour le Scudetto : « C’est un match sec, une finale qui ne s’applique qu’à cette Supercoppa. Et dans un match sec, la Lazio est encore plus dangereuse. Elle est forte physiquement et techniquement, en fait je trouve incroyable que l’année dernière, elle ne se soit pas qualifiée pour la Ligue des champions. Elle possède l’un des meilleurs milieux de terrain d’Italie et un attaquant qui a marqué 17 buts en 16 matchs (Ciro Immobile). Ce sera un match très difficile. » Dans l’histoire de cette compétition, les deux équipes ont triomphé l’une de l’autre par deux fois chacune : en 2013 et 2015 à la faveur de la Juventus, en 1998 et donc en 2017 pour la Lazio. Alors, prêts pour la belle messieurs ?
Par Andrea Chazy