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Juventus : comment préparer un match quand on est déjà qualifié ?
Ce soir, la Juventus reçoit le Celtic, en huitièmes de finale retour de la Ligue des Champions. Même si le stade va être plein, personne n’est dupe : après sa victoire 3-0 en Écosse, la Juve est déjà qualifiée. Risque de déconcentration ?
L’essentiel a été fait. Au match aller, la Juve a donné la leçon au Celtic. Peut-être pas sur le plan athlétique et de l’engagement, mais du moins sur celui du réalisme et du cynisme. Dans une ambiance complètement dingue au Celtic Park, le champion d’Italie a rapidement ouvert la marque, profitant d’une erreur d’alignement de la défense écossaise. Après avoir subi le jeu des Hoops pendant près d’une heure, mais sans pour autant concéder d’occasions vraiment dangereuses, l’équipe de Conte a doublé la mise, puis a terminé le travail par un dernier but de Vucinic. 3-0, propre, net, plié. Le fervent public du Celtic, écœuré, en a quitté le stade avant la fin de la rencontre. Ce score ne laisse en effet que peu de place au doute : la Juve est en quarts de finale. Oui, même les supporters écossais les plus optimistes n’osent imaginer un succès 4-0 ou 4-1 en terres italiennes. Pourtant, ce match, pour l’une comme pour l’autre équipe, il a bien fallu le préparer. Et le préparer intelligemment. Car Antonio Conte : il ne faut jamais sous-estimer un match, ou le prendre par-dessus la jambe, même si l’on connaît déjà l’issue de la double confrontation.
Remember Istanbul
Première technique pour bien préparer un match où l’essentiel a été assuré dès le match aller : rappeler à tous un match où une situation folle a été renversée. C’est la technique employée par Andrea Pirlo qui, au cours de ses dix années milanaises, a vécu deux retournements de situation invraisemblables en Ligue des Champions. Et visiblement, il en rêve encore la nuit. « Je n’oublierai jamais le match du Milan AC à Istanbul contre Liverpool » affirme-t-il dans une interview au Scottish Sun. Pour ceux qui auraient habité sur la Lune lors des dix dernières années, Milan, qui menait 3-0 à la mi-temps d’une finale de C1 contre Liverpool, s’était fait rattraper 3-3, avant de s’incliner aux tirs au but. Autre mauvais souvenir pour Pirlo : le quart de finale retour disputé au Riazor face à La Corogne (2003/04). Vainqueur 4-1 au match aller, le Milan AC avait vécu l’un des pires matches de la décennie au retour, s’inclinant lourdement 4-0. Voilà pourquoi, depuis cela, l’ancien milieu de terrain milanais préfère jouer la prudence pour préparer un match retour, indépendamment du résultat du match aller. « Après le résultat de Glasgow, nous sommes dans une bonne position mais nous ne pouvons pas penser que tout est déjà joué. Nous sommes toutefois conscients du fait que s’écrouler contre le Celtic à Turin serait l’un des plus grands désastres de l’histoire de la Juventus » a-t-il affirmé.
Déclarer qu’il y a encore de l’enjeu : voilà un bon moyen de maintenir le concentration de tous. Antonio Conte, le coach turinois, se souvient également de retournements de situation qui ont frappé le club bianconero. Le dernier en date, c’était lors de l’Europa Legaue 2009/10. Tranquille vainqueur 3-1 de Fulham au match aller, la Juve avait ouvert le score dès la 2e minute au match retour, avant d’encaisser quatre buts, synonymes d’élimination. Certes, ce n’est plus la même Juve. Certes, la Vieille Dame aura derrière elle le soutien de son public (match à guichets fermés malgré des places en virage à 45 euros). Certes, le Celtic demeure une équipe très modeste. Mais un match de Ligue des Champions reste un match de Ligue des Champions. Un match à honorer, donc.
Du temps de jeu pour les remplaçants
Forcément, Conte n’est pas non plus maso. Vendredi, son équipe a disputé un match au sommet face au Napoli, et ce week-end, elle remet ça contre Catane, révélation de la saison en Italie. Il faut donc garder des forces en vue de cette confrontation. Du coup, grâce au résultat acquis au match aller, le technicien bianconero va pouvoir faire tourner et faire souffler quelques uns de ses cadres. Une équipe-bis ? Quasiment, oui. Peluso, Marrone, Pogba, Padoin et Isla devraient tous être titulaires, pour permettre à Chiellini, Barzagli, Pirlo, Marchisio et Lichtsteiner de rester au repos. On pourrait même voir Storari dans les cages, tiens. C’est aussi cela, préparer un match où l’on est déjà qualifié d’avance : c’est savoir donner un peu de temps de jeu à ceux qui, le reste du temps, sont contraints de ronger leur frein. Or, Conte attend des réponses de la part de ses deuxièmes lignes. La dernière fois qu’il a aligné une équipe composée en partie de remplaçants, c’était en demi-finale de Coupe d’Italie. Résultat : son équipe s’est fait sortir par la Lazio (au finish), malgré les entrées tardives de Pirlo et autres Marchisio.
Ce soir, l’enjeu est évidemment moindre, puisque la Juve part avec trois buts d’avance. Ce petit pactole empoché au Celtic Park va également permettre à Conte de préserver les joueurs sous le coup d’une suspension. En cas de carton jaune, Lichtsteiner, Vidal et Marchisio manqueraient le quart de finale aller. Avec un résultat serré au match aller, le coach aurait été obligé de les aligner, prenant le risque d’en perdre un ou plusieurs pour le tour suivant. Là, il va tranquillement pouvoir les laisser sur le banc, étant ainsi certain d’avoir son meilleur onze pour le quart de finale aller. Prudence, concentration, responsabilisation des remplaçants, et spectacle pour les tifosi : voilà les recettes préconisées par Antonio Conte au cours de la semaine, pour préparer le match face au Celtic. Avec cela, tout devrait bien se passer. A 99,9%.
Eric Maggiori