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Juventus 1997: à l’école du professeur Lippi

Par Adrien Candau
Juventus 1997: à l’école du professeur Lippi

À l'issue de l'exercice 1997-1998, la Juventus de Zidane, Deschamps, Conte, Ferrara et Inzaghi s'inclinait en finale de C1 face au Real Madrid. Près de dix ans plus tard, les voilà devenus entraîneurs, avec des réussites diverses. Mais forts d'un modèle commun, dont ils se réclament tous : Marcello Lippi.

« Personne, action ou activité, proposée comme modèle à imiter. » La définition du terme exemple n’a pas été inventée pour Marcello Lippi, mais pour ses héritiers spirituels, c’est tout comme. De 1994 à 1999, le technicien italien n’a pas seulement fait de la Juventus une impitoyable machine à gagner. Il a aussi formé humainement et tactiquement toute une génération de joueurs, qui ont réussi leur reconversion sur les bancs de touche. Lippi, ou comment le génie d’un Mister en a inspiré d’autres.

ZZ Top, Didier Super et le Conte bon

Ce samedi, c’est l’un des fils spirituels du technicien italien qui va tenter de conquérir sa deuxième Ligue des champions depuis qu’il officie sur le banc de touche du Real Madrid. À 44 ans, Zinédine Zidane n’a pas l’expérience de son illustre aîné, mais il en fait l’une de ses références quand il s’agit de parler de coaching. Le Z admire notamment la gestion humaine de Lippi qui lui avait permis d’exploiter son plein potentiel de joueur dans le Piémont, après des débuts hésitants : « Oui, c’est une personne qui a compté pour moi. Au début, je n’étais pas bon et le seul, je dis bien le seul, qui m’a fait confiance, c’est Lippi. Il se projetait vers l’avenir. » Un Mister suffisamment visionnaire pour construire une équipe qui s’est maintenue des années durant dans les plus hautes sphères du football européen, tout en éveillant les vocations d’entraîneurs qui sommeillaient en plusieurs de ses ouailles. Ciro Ferrara, Pippo Inzaghi ou Fabio Pecchia, tous membres de la promo 1997-1998 de la Juve, sont ainsi passés du terrain au banc de touche. Néanmoins, outre Zidane, les deux autres enfants prodiges de l’ex-gourou juventinosont bien sûr Didier Deschamps – « Si j’avais un entraîneur à retenir, c’est Marcello Lippi… Exigence vis-à-vis du groupe, gestion du collectif, faculté d’adaptation aux joueurs… il avait tout. » – et Antonio Conte, pour qui Lippi a été l’un des « maîtres, dans la vie, comme dans le football » .

La voie du pragmatisme

À travers ces trois-là, le style Lippi s’incarne d’abord par leur refus de se plier à un quelconque dogmatisme tactique. Dans la plus pure tradition de l’école italienne, ils adaptent leur dispositifs aux qualités de leurs joueurs, voire aux faiblesses de leurs adversaires. Deschamps le revendique d’ailleurs clairement : « Lippi m’a dit un jour qu’il n’y avait pas une méthode universelle pour entraîner, mais qu’il fallait tenir compte de l’environnement dans lequel tu es. Il a raison, je pense… Sur le plan technique, c’est l’entraîneur qui m’a le plus inspiré. » Même son de cloche du côté de ZZ, qui, selon Lippi lui-même, était fasciné par son approche tactique : « Je m’adapte à mes joueurs, je ne leur demande pas de s’adapter à moi. » Même Conte, qui a fait du 3-5-2 puis du 3-4-3 sa marque de fabrique, explique avoir opté pour une défense à trois à la Juventus pour optimiser les qualités de milieu box to box d’Arturo Vidal : « Au début, j’avais en tête de jouer en 4-2-4. Mais après avoir vu Vidal, qui a des qualités physiques et techniques incroyables, j’ai opté pour un 4-3-3 que j’ai transformé en 3-5-2. »

L’héritage de Lippi est également perceptible au travers de leur gestion des rôles et de la liberté d’action attribuée aux hommes du milieu de terrain et à ceux de l’attaque. Lippi, convaincu que « le jeu dépend des attaquants » veillait à la mise en place d’une organisation quasi militaire dans l’entrejeu, là où les joueurs travailleurs type Conte, Deschamps, Di Livio ou Tacchinardi se sacrifiaient pour leurs fuoriclasse. A contrario, il laissait une certaine liberté à ses duos voire trios offensifs, libres de faire parler leur créativité. Dans le même ordre d’idées, le Z et Conte aiment s’appuyer sur un porteur d’eau cinq étoiles – Casemiro, N’Golo Kanté –, tandis que Deschamps, à l’image du duo Pogba-Matuidi à l’Euro 2016, est plutôt du genre à muscler son milieu, tout en assumant de « laisser une grande liberté d’expression aux attaquants sur la ligne offensive » .

Obsession collective

Dans la gestion humaine, les années Juve de Lippi étaient aussi caractérisées par sa volonté d’appliquer un traitement égalitaire à tous ses joueurs, écartant sans compromis les intérêts individuels en faveur de «   l’esprit de groupe » . Ainsi, lors de la saison 1994-1995, il avait rétrogradé Roberto Baggio, relégué au rang de joker de luxe au bénéfice du jeune Del Piero. Une sacralisation du collectif qui habite aussi les équipes de Conte, dont la réussite n’a jamais été incarnée par un seul joueur, mais par le groupe, que ce soit à la Juve, Chelsea ou encore pendant son mandat à la tête de la Nazionale. Deschamps, lui, n’a pas hésité à se passer de Karim Benzema quand il a estimé que les soucis judiciaires de l’attaquant du Real Madrid étaient de nature à polluer l’ambiance de son vestiaire. Et ZZ est tout simplement le premier des coachs de Cristiano Ronaldo à avoir convaincu le Portugais qu’il n’y avait pas de mal à s’asseoir de temps à autre sur le banc, pour souffler un bon coup, dans l’intérêt du collectif. Zidane, dont Lippi avait loué la reconversion en mars 2016, tout en avouant qu’il « ne le voyait pas du tout être entraîneur » quand il était joueur. Comme quoi, même les meilleurs des professeurs ne sont pas infaillibles.

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