- Ligue des champions
- Groupe E
- Juventus/Shakhtar Donetsk (1-1)
Juve et Shakhtar, intouchables
Entre la Juve et le Shakhtar, l’une des deux séries d’invincibilité pouvait prendre fin ce soir. Évidemment, il n’en fut rien. Dans un match de très haut niveau, les deux équipes se sont renvoyées dos à dos (1-1).
Juventus Turin – Shakhtar Donetsk : 1-1Buts : Bonucci (25e) pour la Juve. Teixeira (23e) pour le Chaktior
Premier match de Ligue des champions dans le nouveau Juventus Stadium ; les locaux ne perdent pas pour autant leurs bonnes habitudes. Toujours ce pressing de la Juve en défense, ce milieu bien regroupé, et cette sérénité qui lui permet d’assouvir son petit plaisir : laisser la balle à l’adversaire et observer ce qu’il va bien pouvoir en faire. Sauf que le Shakhtar est loin d’être le premier venu, et il s’en faut de peu pour que Mkhitaryan, au second poteau, n’ouvre le score dès le début du match.
Willian, les tiffs font la diff’
Organisé en 4-2-3-1 (Pyatov dans les cages, Kucher et Rakitskiy en défense centrale, Srna et Rat en latéraux, Hübschman et Fernandinho au milieu, Mkhitaryan en meneur, Alex Teixeira et Willian sur les flancs, et Luis Adriano en guise de cerise sur la gâteau), le Shakhtar exploite bien sa possession de balle, autour d’un milieu de terrain aussi technique que précis. Willian, toujours aussi virevoltant, dispose en plus d’un espace exploitable entre Barzagli et Lichtsteiner côté gauche. La Juve commence donc à faire reculer ses deux latéraux, défendre à cinq et, à l’image de tout le stade, retenir un peu sa respiration. La mécanique orange est bien huilée : une frappe croisée de Fernandinho flirte avec le poteau droit de Buffon, puis c’est Willian, retenu par Lichtsteiner, qui aurait pu bénéficier d’un pénalty. La Juve est mal. Elle rend le ballon trop vite, rate ses rares occasions (cette ouverture depuis le rond central de Pirlo pour Marchisio parti dans le dos de la défense…) et laisse son adversaire se montrer bien trop menaçant. Ce qui devait finir par arriver arrive à la 22e minute de jeu, avec ce bon décalage de Willian pour Alex Teixeira qui ouvre le score pour le Shakhtar sur le terrain de la Juve. Mérité.
La Juve réplique aussi sec
La Vieille Dame ne commence pas pour autant à douter, au contraire, puisqu’elle met moins de trois minutes à réagir : corner tiré à terre par Pirlo pour Bonucci qui, depuis l’entrée de la surface, fracasse les filets de Pyatov. Un partout balle au centre, mais léger avantage mental, comme souvent dans ces cas-là, pour les joueurs qui viennent de revenir au score. Donc pour les rayés de noir et blanc. La Juve est bien revenue dans ce match. Et si ce n’est peut-être pas son équipe type, puisque la Vieille Dame aime les rotations, on n’en est pas très loin (quelque chose comme les 164 cm de Giovinco). Buffon est dans les bois, Chiellini, Bonucci et Barzagli sont en défense, Pirlo, Marchisio et Vidal au milieu, Lichtsteiner et Asamoah sur les ailes, Vučinić et Matri devant. Et si le Shakhtar a toujours la balle, on a maintenant l’impression que c’est aussi un peu parce que la Juve le veut bien, histoire de mieux la lui faire à l’envers. Car si les Ukrainiens continuent à avoir la maîtrise de la balle (60% de possession en cette première mi-temps), on sent les Ukrainiens plus méfiants quant à la possibilité d’encaisser un contre. Au point que c’est la Juve qui finit la mi-temps dans le camp adverse. Même tout près des buts du Shakhtar, qui peut limite s’en vouloir de ne pas avoir su doubler la marque lors de sa domination initiale…
Le combat continue
Car c’est une Juventus armée de meilleures intentions qui revient sur le terrain après la pause. Plus déterminée. Plus tranchante. Plus haute aussi. Au point que ce sont maintenant les hommes de Lucescu qui tentent de jouer le contre. Car maintenant, au cœur de cette seconde mi-temps, c’est tout ce que la Juve leur laisse. Et c’est à deux doigts de suffire sur une frappe croisée de Willian, encore lui. En face, Vučinić, qui perdait ballon sur ballon, laisse sa place à la fourmi atomique. Qui, sur son premier ballon, frôle la passe décisive pour Matri. Le niveau de jeu commence à atteindre des sommets. Les enchaînements sont fluides, les contrôles précis, les mouvements plus que cohérents. Le motif de la rencontre est clair : la Juve attaque, le Shakhtar contre. Sauf que la qualité technique des joueurs du Shakhtar leur permet même un peu plus, d’autant que la Juve est moyennement chaude pour trop se livrer. Matri, auteur d’un match moyen mais volontaire, laisse sa place à Quagliarella. Le joker. Avec ce nouveau duo d’attaque, la Juve cherche plus que jamais à jouer rapidement. Un peu trop même, à l’image de Giovinco qui oublie un peu Quagliarella après avoir effacé deux défenseurs. Ou, à la 70e, ce centre mal dosé de Lichtsteiner, après un superbe rush en appui avec Vidal. Un gros coup franc de Srna refroidit le stade avant qu’une frappe de Mkhitaryan manque d’un poil de nain de tromper Buffon. Il ne reste plus qu’un quart d’heure aux deux équipes pour faire la différence. On voit surtout Willian d’un côté, Andrea Pirlo de l’autre. Barzagli y va, lui, de son fameux raid de fin de match. En vain. Une nouvelle frappe de Willian, bien enroulée, manque de tromper Buffon. Le match se durcit. Lucescu opère son premier changement : Ilsinho pour Alex Teixeira ; Carrera (enfin Conte, enfin non Carrera) son premier : Vidal laisse sa place à Paul Pogba, pour sa première en Champions. Cinq minutes. Avec sa barbe, Pirlo ressemble à Chuck Norris, tout sauf un hasard, mais même lui ne peut rien contre le destin. Celui de ce match était de finir sur un nul. La transversale touchée par Willian en toute toute fin est là pour en témoigner ; les deux séries d’invincibilité peuvent continuer. Chuck Norris peut bien attendre.
Par Simon Capelli-Welter